Soigner la conjonctivite en mettant les gouttes sous la langue !!

mardi 29 avril 2003 par Dr Stéphane Guez7307 visites

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Soigner la conjonctivite en mettant les gouttes sous la langue !!

Soigner la conjonctivite en mettant les gouttes sous la langue !!

mardi 29 avril 2003, par Dr Stéphane Guez

La conjonctivite perannuelle par allergie aux acariens est une affection très invalidante. Les antihistaminiques sont généralement moyennement efficaces et obligent à un traitement permanent. La désensibilisation par voie sublinguale est-elle efficace dans cette indication ?

Immunothérapie par voie sublinguale vis-à-vis des acariens dans la conjonctivite perannuelle : Un étude contrôlée en double aveugle contre placebo. : Mortemousque B, Bertel F, De Casamayor J, Verin P, Colin J. Department of Ophthalmology, University Hospital of Bordeaux (Hopital Pellegrin), Bordeaux, France dans Clin Exp Allergy 2003 Apr ;33(4):464-9

L’innocuité et l’efficacité de la désensibilisation par voie sublinguale dans la conjonctivite perannuelle secondaire à une allergie aux acariens de la poussière de maison ont été évaluées en double aveugle contre placebo dans une étude contrôlée incluant 60 patients pendant 24 mois.

 Méthode :
* Les patients ont reçu soit un placebo soit une désensibilisation par des extraits standardisés de D pteronyssinus et D farinae 50/50.
* L’évaluation de l’efficacité de la désensibilisation a été appréciée par un test de provocation conjonctival (TPC) utilisant les extraits allergéniques.
* Le TPC spécifique, la sensibilité cutanée et le dosage des IgE spécifiques ont été faits avant le traitement et à 6, 12, 18 et 24 mois.

 Résultats :
* Sur les 60 patients inclus, 45 ont terminé l’étude (26 dans le groupe actif et 19 dans le groupe placebo, p<0.05).
* 2 patients parmi les 30 (6.6%) dans le groupe actif ont interrompu le traitement en raison d’une absence d’efficacité, contre 8 parmi les 30 dans le groupe placebo (26.6%) (p<0.05).
* Il y a une augmentation significative du seuil de concentration en allergènes nécessaire pour entraîner une positivité du TPC : 8.2 IR (IC95% : 5.9-11.4) à l’état de base à 21.7 IR (IC95% : 15.4-30.4) après 2 ans de traitement dans le groupe actif, contre 8.1 IR (IC95% : 5.4-12.1) à l’état de base à 8.1 IR (IC95% : 5.1-12.4) à 24 mois dans le groupe placebo. (p<0.04 pour toutes les mesures, p<10-7 pour les interaction au cours du temps avec des mesures répétées).
* Les différences entre les groupes étaient significatives à 18 mois de traitement.
* Malgré l’augmentation de la concentration en antigènes, les score de TPC étaient plus bas dans le groupe actif par rapport au groupe placebo (p<0.001).
* Aucun effet indésirable sérieux n’a été noté.

 Conclusions :
* La désensibilisation par voie sublinguale vis-à-vis des acariens dans la conjonctivite perannuelle, augmente de façon significative le seuil de déclenchement du TPC. La tolérance et l’absence d’effet indésirable sont identiques à celles déjà mentionnées dans des études antérieures.
* Ces résultats justifient de recommander la mise en place d’une désensibilisation spécifique pour traiter la conjonctivite perannuelle secondaire à une allergie aux acariens de la poussière de maison.


Les auteurs démontrent que la désensibilisation par voie sublinguale vis-à-vis des acariens chez les patients allergiques modifie de façon significative par rapport au placebo le seuil de déclenchement du test de provocation conjonctival, avec un seuil beaucoup plus élevé.

Cette étude est très intéressante et très importante.

Tout d’abord elle porte sur la désensibilisation avec une étude rigoureuse sur le plan méthodologique puisque en double aveugle contre placebo.

Les auteurs ont choisi d’évaluer l’effet de la désensibilisation par un test objectif qui est le test de provocation conjonctival. Le fait que la dose nécessaire pour déclencher la réaction soit 3 fois plus élevée dans le groupe qui a été désensibilisé par rapport au groupe qui a reçu le placebo confirme la protection induite par l’immunothérapie.

La désensibilisation par voie sublinguale a donc un effet objectif évaluable de façon très claire. Il ne s’agit pas d’un effet placebo et le résultat est obtenu après 18 mois de traitement et se maintient ensuite.

Il est donc logique de préconiser ce traitement dans la prise en charge de la conjonctivite allergique aux acariens.

Enfin, un peu de chauvinisme ne peut pas faire de mal : nous sommes heureux de voir que l’école bordelaise d’ophtalmologie s’intéresse à l’allergologie et contribue à l’amélioration de la prise en charge de la conjonctivite perannuelle qui est une affection très invalidante pour ceux qui en sont atteints.

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