Les médecines alternatives, c’est comme le courant du même nom, attention aux châtaignes ?

samedi 3 mai 2003 par Dr Alain Thillay3005 visites

Accueil du site > Maladies > Traitements > Les médecines alternatives, c’est comme le courant du même nom, attention (...)

Les médecines alternatives, c’est comme le courant du même nom, attention aux châtaignes ?

Les médecines alternatives, c’est comme le courant du même nom, attention aux châtaignes ?

samedi 3 mai 2003, par Dr Alain Thillay

L’Allergologue est souvent interpellé par certains patients, le plus souvent, par les parents d’enfants allergiques, à propos de la place des médecines alternatives. Il répond alors qu’il n’existe pas d’étude sérieuse sur l’intérêt de ces pratiques médicales dans l’allergie. Justement, cette étude apporte un éclairage sur ce sujet.

Recours aux médecines alternatives ou complémentaires chez l’enfant. : Madsen H, Andersen S, Nielsen RG, Dolmer BS, Host A, Damkier A. Department of Paediatrics and Oncological Research Centre, Odense University Hospital, Odense, Denmark, h.madsen@dadlnet.dk dans Eur J Pediatr 2003 May ;162(5):334-41

 INTRODUCTION. L’usage des médecines alternatives ou complémentaires (MAC) est en augmentation.

 OBJECTIF.
* Le but était de caractériser l’usage des MAC dans un service de pédiatrie.
* Tous les patients âgés de 0 à 18 ans, vus en externe ou dans le cadre d’une hospitalisation, dans le service de pédiatrie de l’hôpital universitaire d’Odense, durant une période de 2 semaines en automne 2001, ont été sollicités pour participer à l’étude.

 METHODE.
* Un total de 622 patients a participé, soit 92%.
* Les données étaient collectées par questionnaire lors d’un entretien court et orienté avec le patient et ses parents.
* Les MAC étaient divisées en médecine par les plantes (MP), thérapie alternative (TA) ici l’acupuncture et la chiropraxie (CHP).

 RESULTATS.
* Parmi ces patients, 53% avaient essayé une MAC au moins une fois et 23% l’avaient essayé dans le dernier mois (MP=15%, TA= 7% et CHP=2%).
* Il n’existait pas de corrélation entre le recours à une MAC et le sexe, l’âge ou le fait que le patient ait été vu en ambulatoire ou lors d’une hospitalisation.
* Les usagers de ces MAC étaient des enfants pré-scolaires.
* La MP était tout spécialement utilisée pour stimuler le système immunitaire.
* Parmi les patients usant de TA, la réflexologie était la technique la plus populaire.
* Ceux qui avaient le plus recours à ces MAC étaient asthmatiques, eczémateux ou souffraient d’allergie, plus les patients atteints de manifestations gastro-intestinales ou hospitalisés pour observation.
* Plus de 50% de ces usagers exprimaient des effets positifs et 6% des effets collatéraux.
* Parmi les patients ayant recours aux MAC, soit 11%, ce qui correspond à 2% de la population pédiatrique totale, utilisaient ces médecines alternatives à la place de la médecine conventionnelle.

 CONCLUSIONS.
* 53% des patients de pédiatrie ont essayé les médecines alternatives ou complémentaires, qu’ils utilisaient en plus de la médecine conventionnelle sans savoir sur combien de temps.
* Les enfants devraient être interrogés pour ce qui concerne le recours aux MAC, à la recherche des effets collatéraux, des interactions ou du manque de compliance à la médecine conventionnelle.


Il faut retenir de cette étude le fait que les patients qui ont recours le plus fréquemment aux médecines alternatives ont des manifestations d’atopie. On remarque aussi que le plus souvent, ils sont satisfaits de cette démarche thérapeutique. Enfin, il faut noter que 2% de la population pédiatrique générale se soigne uniquement au moyen de ces médecines parallèles.

On peut être étonné que les parents d’enfants allergiques aient tant recours aux médecines parallèles.

Est-ce du fait d’un déni de la maladie allergique ? Est-ce une mauvaise communication entre le médecin généraliste et ces parents ? Généralistes qui ne connaîtraient pas très bien les indications d’une consultation allergologique et qui laisserait « filer » leurs jeunes malades du côté de la médecine obscure ?

Globalement, il y a encore beaucoup à faire dans la communication.

Le motif le plus fréquent du recours à la médecine alternative est la stimulation du système immunitaire. Là aussi, il faut savoir expliquer aux parents qu’il existe une période de la vie de l’enfant, de 6 mois à 4 ou 5 ans, durant laquelle l’enfant mature son système immunitaire et qu’il est logique qu’il subisse de nombreuses infectieux ORL et bronchiques le plus souvent virale.

Bien sûr, le médecin se réclamant de ce type de médecines, voyant l’enfant souvent vers l’âge de 5 ans, s’octroie alors un succès thérapeutique qui n’est pas le sien.

Ces médecines alternatives surfent sur la vague de l’effet placebo et s’approprient des victoires qu’elles n’ont pas gagnées.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel