Théorie hygiéniste : les bons et les mauvais germes.

lundi 5 mai 2003 par Dr Alain Thillay4021 visites

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Théorie hygiéniste : les bons et les mauvais germes.

Théorie hygiéniste : les bons et les mauvais germes.

lundi 5 mai 2003, par Dr Alain Thillay

Etude concernant la théorie hygiéniste, cette fois, le distinguo est fait entre les micro-organismes marqueurs d’une mauvaise hygiène de vie et les bactéries intestinales pathogènes. Ce travail permet d’avancer dans l’explication du passage d’un génotype atopique à son phénotype.

IgG anti-micro-organismes dans la pathologie atopique chez des adultes danois : l’Étude sur les Allergies de Copenhague (the Copenhagen Allergy Study). : Linneberg A, Ostergaard C, Tvede M, Andersen LP, Nielsen NH, Madsen F, Frolund L, Dirksen A, Jorgensen T. Centre for Preventive Medicine, Glostrup University Hospital, Denmark dans J Allergy Clin Immunol 2003 Apr ;111(4):847-53

 INTRODUCTION.
* La séropositivité aux micro-organismes des aliments et oro-fécaux (virus de l’hépatite A, Helicobacter pylori et toxoplasme gondii), qui est considérée comme un marqueur d’une mauvaise hygiène, a été retrouvée associée à une faible prévalence de l’atopie.
* A l’inverse, la colonisation du tube digestif par Clostridium difficile, bactérie au potentiel intestinal pathogène, chez le petit enfant pourrait être associée à une haute prévalence de l’atopie.

 OBJECTIF. L’objectif de cette étude était de rechercher l’association entre l’atopie et l’exposition à 2 groupes de micro-organismes alimentaires et orofécaux :
* 1) marqueurs d’une mauvaise hygiène et
* 2) bactéries intestinale pathogènes.

 MÉTHODES.
* Il s’agissait d’une étude de population en section croisée, d’individus vivant à Copenhague, Danemark, âgés de 15 à 69 ans, qui a été pratiquée de 1990 à 1991.
* L’atopie était définie par un résultat positif au moins pour des IgE spécifiques de 6 aéroallergènes.
* L’exposition aux micro-organismes était évaluée par la présence d’IgG anti-micro-organismes.

 RESULTATS.
* La séropositivité à 2 ou 3 marqueurs d’une mauvaise hygiène (virus de l’hépatite A, H. pylori et T. gondii) était associée à une faible prévalence de l’atopie.
* Alors que la séropositivité à 2 ou 3 bactéries intestinales pathogènes (C. difficile, Camphylobacter jejuni et Yersinia enterocolitica) était associée à une haute prévalence de l’atopie.

 CONCLUSION.
* L’exposition aux marqueurs d’une mauvaise hygiène était associée à une prévalence faible de l’atopie, alors que l’exposition à des bactéries intestinales pathogènes était associée à une prévalence haute de l’atopie.
* Ces constatations vont dans le sens de l’hypothèse qui suggère que différents groupes de micro-organismes alimentaires et orofécaux puissent avoir des effets différents sur le risque atopique.


Les études s’enchaînent sur la théorie hygiéniste.

Nous l’avons déjà écrit ici, même si cette théorie n’est pas totalement vraie, elle a l’immense avantage de nous pousser à réfléchir sur un élément fondamental : pourquoi devient-on allergique ? Et cela est vraiment passionnant.

Ici, c’est clair, il y a un lien entre marqueurs d’une mauvaise hygiène de vie pour ne pas exprimer l’atopie, et un lien inverse négatif lorsqu’il s’agit de germes pathogènes intestinaux. Il y a donc les bons micro-organismes, ceux qui aident à la maturation du système immunitaire, et des mauvais, ceux qui déséquilibre ce système immunitaire.

Nous, Allergologues, avons fait vraiment un grand progrès lorsque nous avons compris qu’il fallait prendre en charge le malade allergique dans sa globalité, en laissant de côté l’organisation médicale traditionnelle, organe par organe. Il faut le répéter, l’Allergie est une maladie dans laquelle un dysfonctionnement immunitaire unitaire préside à l’expression de la maladie au niveau de toutes les interfaces avec son environnement (peau, muqueuses respiratoires, muqueuses digestives).

Je crois avec ferveur que lorsque nous aurons admis qu’il faut situer le patient allergique en tant que partie intégrante du milieu dans lequel il vit, nous aurons encore progressé.

L’Homme n’est pas une entité propre plongée dans un milieu environnant, il « Est » de ce milieu environnant. Bien sûr, l’Homme interagit sur ce milieu et le modifie, c’est là tout le problème, c’est là la pierre d’achoppement.

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