Faut-il se faire souffler dans les bronches une bonne fois ou à plusieurs reprises ?

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Faut-il se faire souffler dans les bronches une bonne fois ou à plusieurs reprises ?

Faut-il se faire souffler dans les bronches une bonne fois ou à plusieurs reprises ?

mercredi 7 mai 2003, par Dr Alain Thillay

Le test de provocation allergénique bronchique constitue à la fois un modèle d’étude de l’inflammation allergique mais aussi un moyen diagnostic. Les protocoles diffèrent souvent. L’ administration d’une dose unique d’allergène ou de plusieurs petites doses équivalentes, explorent-t-elles les mêmes facteurs de la réaction allergique ?

Comparaison des effets sur l’inflammation des voies respiratoires d’un test de provocation allergénique pratiqué soit avec des petites doses répétées soit avec une dose unique. : Liu LY, Swenson CA, Kelly EA, Kita H, Jarjour NN, Busse WW. Allergy and Immunology and Pulmonary and Critical Care Sections of the Department of Medicine, University of Wisconsin Hospital, Madison, and the Department of Internal Medicine, Mayo Clinic and Mayo Foundation, Rochester dans J Allergy Clin Immunol 2003 Apr ;111(4):818-25

 INTRODUCTION. La provocation allergénique au niveau des voies respiratoires constitue un modèle d’étude de l’inflammation allergique dans le cadre de la physiologie pulmonaire. La provocation allergénique souvent pratiquée en ayant recours à une seule dose importante ne reflète pas l’exposition naturelle aux allergènes des voies respiratoires.

 OBJECTIF. Nous avons comparé l’importance , les caractéristiques, et la cinétique de l’inflammation des voies respiratoires induite au moyen de doses faibles répétées d’allergènes ou au moyen d’une seule dose équivalente, dans l’asthme.

 METHODES.
* Il s’agissait d’une étude en deux périodes croisées.
* Durant des phases séparées, chaque sujet recevaient soit une seule dose prédéterminée ou soit 25% de cette dose chaque jour sur quatre jours consécutifs.
* La réponse des voies respiratoires lors du test de provocation allergénique étaient déterminée au moyen d’une exploration fonctionnelle respiratoire et des éléments de mesure de l’inflammation dans l’expectoration comprenant : éosinophile, neurotoxines dérivées des éosinophiles et le taux de fribronectine.

 RESULTATS.
* Les 2 modèles de provocation allergènique entraînaient un taux équivalent et significatif d’éosinophiles dans les expectorations.
* La diminution immédiate du VEMS et de VEMS/CVF, l’augmentation des éosinophiles, des neurotoxines dérivés de l’éosinophile et de la fibronectine apparaissaient après les 3 doses faibles pour atteindre un plateau ou tendaient à diminuer avec la quatrième dose allergènique.

 CONCLUSION.
* Nos données suggèrent que, bien que les 2 modèles de provocation aient des effets quantitatifs similaires sur la fonction pulmonaire et les éosinophiles de l’expectoration, les réponses qualitatives et cinétiques de ces modifications étaient distinctes.
* Les doses faibles répétées d’allergène, ce qui mime l’exposition allergénique naturelle, produisaient une réponse inflammatoire équivalente à la dose importante unique mais avec une petite quantité d’allergènes, suggérant que les effets primaires et cumulatifs puissent intervenir.
* Cependant nos données, même limitées, permettent de concevoir que la tolérance immunologique pourrait être induite par la répétition des tests de provocation.


Dans la démarche diagnostic de tous les jours, les Allergologues ont du mal à intégrer le recours au test de provocation allergénique particulièrement au niveau des muqueuses respiratoires, hautes avec le test de provocation nasale, basses avec le test de provocation bronchique. Je crois qu’ils ont bien raison car l’affaire est très complexe.

Ici, cette étude est vraiment passionnante. Ainsi, si la dose unique relativement importante est fractionnée en quatre doses, dont la somme lui est équivalente, et administrée sur quatre jours (1/4 de dose par jour), on n’obtient pas la même cinétique. Et, au troisième jour l’inflammation allergique n’augmente plus, ce qui ressemble fort à un phénomène de tolérance.

Les auteurs de cette étude qui avaient conçu ce test de provocation allergénique fractionné afin de mieux coller à la réalité et, sans doute, de rendre ce moyen diagnostic plus performant et donc plus pertinent, voient leur travail ne pas confirmer leur hypothèse de départ et aboutir à un autre aspect celui de l’effet de tolérance de l’administration de doses répétées d’allergènes.

Alors de nombreuses interrogations viennent à l’esprit.

A priori, dans ma pratique personnelle, pour ce qui concerne le test de provocation nasale spécifique, je vais être extrêmement vigilant quant à la cinétique de la réponse clinique en fonction de la dose. Je m’interroge aussi sur la dose cumulée à administrer, dose standard jusqu’alors. Ne faut-il pas trouver un moyen d’évaluer la dose maximale de provocation en fonction du degré de sensibilisation du patient et du taux d’allergène dans son milieu environnant ?

On voit ainsi que le test de provocation allergénique reste un outil extrêmement difficile à manipuler, qu’il existe de nombreux facteurs à intégrer pour le rendre pertinent et que, de plus, tous ces facteurs ne sont pas connus.

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