Allergie à tous les médicaments : même en retardé.

samedi 10 mai 2003 par Dr Philippe Carré5220 visites

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Allergie à tous les médicaments : même en retardé.

Allergie à tous les médicaments : même en retardé.

samedi 10 mai 2003, par Dr Philippe Carré

Certains patients présentent des réactions allergiques immédiates à de nombreux médicaments structurellement différents, correspondant au syndrome d’allergie médicamenteuse multiple. Ce syndrome peut-il s’appliquer aussi aux réactions retardées ? Les auteurs en apportent la preuve à partir d’un cas clinique.

Réponse retardée lymphocytaire T distincte à la Bêta-méthasone et à la pénicilline-G chez le même patient. : E. Scala1, M. Giani1, S. Pastore2, S. Pallotta1, E. C. Guerra1, L. Pirrotta1, M. L. Locanto1, A. Frezzolini1, O. De Pità1, P. Puddu1 1Istituto Dermopatico dell’Immacolata - IDI, IRCCS, Department of Onco-Immuno-Dermatology ; 2Laboratory of Immunology, Rome, Italy dans Allergy 58 (5), 439-444.

 Contexte. Le syndrome d’allergie médicamenteuse multiple est une entité clinique caractérisée par des réactions vis à vis de plus d’une classe de médicaments différents, à la fois au plan pharmacologique et structurel. Peu de données sont disponibles actuellement concernant un syndrome d’hypersensibilité multiple médicamenteuse, retardé.

 But. Rapporter le cas d’une réaction retardée à la fois à la Bêta-méthasone (BM) et à la pénicilline-G (PG) chez le même patient, et l’analyse des clones cellulaires T spécifiques (CCT) de la BM et de la PG eu égard à leur spécificité, leur phénotype et leur profil en cytokines.

 Méthode. Génération de deux CCT médicamenteux spécifiques à partir de biopsies réalisées sur le site d’IDR positives, et analyse de leur immunophénotypage, des domaines d’expression du récepteur cellulaire T V (RCT) et du profil cytokinique.

 Résultats.
* Il est démontré la spécificité des lymphocytes T isolés des IDR positives à la PG et la BM, par la prolifération dose-dépendante en réponse à des cellules autologues présentatrices d’antigène stimulées par les médicaments.
* L’analyse des cellules activées en fluorescence montre la prédominance de CD4 dans l’infiltrat cellulaire inflammatoire des IDR à la BM, alors qu’il existe une prédominance de CD8 au site de la réaction retardée à la PG.
* Les cellules CD4 et CD8 médicamenteuses spécifiques étaient hétérogènes pour ce qui est des RCT.
* Les CCT CD8 de la PG avaient un profil préférentiel TH2, alors qu’une production cytokinique hétérogène caractérisait les CCT spécifiques de la BM.

 Conclusion. Cette étude montre la coexistence chez le même patient d’une hypersensibilité retardée à la PG et à la BM, induite respectivement par des cellules CD8 de type TH2 spécifiques de la PG et des cellules CD4 de type TH0 spécifiques de la BM. Ce cas est en accord avec l’existence d’un syndrome d’allergie médicamenteuse multiple intéressant aussi l’hypersensibilité retardée.


Les réactions allergiques médicamenteuses sont des phénomènes souvent complexes pour lesquels de multiples mécanismes sont possibles.

Ceci rend souvent difficile la mise en place de bilans standardisés et l’interprétation des résultats, la certitude diagnostique ne pouvant alors être confirmée que par un test réaliste de réintroduction.

Le cas clinique ici présenté est une bonne illustration de ce phénomène ; certains patients présentent des réactions médicamenteuses immédiates multiples ; dans cette étude, les auteurs confirment que des réactions retardées multiples peuvent aussi coexister chez un même patient, et passer par des mécanismes lymphocytaires différents spécifiques de chacun des médicaments.

Ce qui n’est pas fait pour simplifier l’interprétation des réactions cliniques.

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