Allergie croisée entre pollens et aliments : quelle salade ! !

jeudi 29 mai 2003 par Dr Stéphane Guez15607 visites

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Allergie croisée entre pollens et aliments : quelle salade ! !

Allergie croisée entre pollens et aliments : quelle salade ! !

jeudi 29 mai 2003, par Dr Stéphane Guez

L’allergie à la salade existe t’elle et si oui, quel est la nature de l’allergène et existe t’il des réactions croisées en particulier à des pollens et lesquels ?

Anaphylaxie à la salade : identification d’une protéine de transfert lipidique qui serait l’allergène majeur. : M. San Miguel-Moncín1, M. Krail2, S. Scheurer2, E. Enrique1, R. Alonso1, A. Conti3, A. Cisteró-Bahíma1, S. Vieths2 1Allergy Department, Institut Universitari Dexeus, Barcelona, Spain ; 2Department of Allergology, Paul-Ehrlich-Institut, Langen, Germany ; 3Consiglio Nazionale delle Ricerche (CNR) - Institute of Science of Food Production, Colleretto Giacosa, Turin, Italy dans Allergy 58 (6), 511-517

L’allergie alimentaire aux aliments qui dérivent des plantes est associée à l’allergie aux pollens de bouleau en Europe Centrale et du Nord.

Les symptômes sont le plus souvent limités à la sphère oropharyngée.

Par contre au niveau du bassin méditerranéen, l’allergie aux mêmes aliments se manifestent plus souvent par des réactions systémiques liées à des protéines de transfert lipidique non spécifique (PTL), de façon indépendante à une pollinose.

 Objectif de l’étude :
* Des patients vus de façon consécutive et ayant une allergie à la salade ont été inclus.
* Le dosage des IgE spécifiques a été réalisé, de même que des études d’inhibition afin de déterminer le motif antigénique de liaison aux protéines et le potentiel de réactivité croisée avec les pollens.
* Les études d’inhibition avec des allergènes recombinants ont été réalisées pour identifier les allergènes de la salade.
* Les allergènes majeurs ont été pressentis au niveau de la séquence aminé N terminale.

 Résultats :
* 14 patients avaient une allergie à la salade.
* Tous étaient sensibilisés aux pollens de platane.
* 10 d’entre eux avaient des IgE spécifiques à une protéine de la salade de 9 kDa.
* Les IgE se liant à cette protéine ont eu une fixation totalement inhibée par les LPT de cerises et des extraits allergéniques de poire.
* La séquence N terminale de la protéine de 9 kDa montre un degré important d’homologie pour les autres LTP non spécifiques.
* Une réactivité croisée partielle a été observé entre le PTL de salade et les extraits d’allergènes de platane.

 Conclusions : Une PTL a été mise en évidence et est vraisemblablement l’allergène majeur chez les patients présentant une allergie à la salade.


Les auteurs ont démontré que l’allergène de la salade, responsable d’une allergie croisée avec des pollens, responsable de manifestations systémiques sur le pourtour de la méditerranée est liée à une protéine de transfert lipidique non spécifique des plantes.

Ce travail est intéressant à 2 titres.

D’abord, il expose une allergie peu fréquente mais sans doute sous estimée, l’allergie à la salade. Dans une société qui prône un retour à la nature comme une source de naturel et de bienfaisance, être allergique à la salade paraît pour le moins stupéfiant, cet aliment pouvant sembler le plus naturel et le moins allergisant. Il faut donc savoir y penser devant des manifestations évocatrices d’allergie alimentaire.

D’autre part ce travail souligne des différences de réactions allergiques selon le patrimoine génétique, ce qui est en accord avec les données fondamentales récentes.

En effet ce sont ceux dont les cellules dendritiques et les macrophages vont orienter la réponse immunitaire en combinaison avec des molécules HLA. Un même allergène aura donc des résultats différents en fonction des caractéristiques génétiques de ce système HLA.

Lors de réactions sévères à la salade, les auteurs démontrent que l’allergène est une protéine de transfert lipidique, molécule déjà impliquée dans de nombreuses allergies croisées entre aliments et pollens. Cela explique donc la possibilité de réactions croisées chez les polliniques.

L’identification précise de ces molécules devraient permettre de proposer dans quelques années des désensibilisations spécifiques qui pourront guérir de l’allergie croisées pollens / aliments.

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