Arrête de t’ marrer : ça t’excite les bronches !

mercredi 6 août 2003 par Dr Philippe Carré6045 visites

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Arrête de t’ marrer : ça t’excite les bronches !

Arrête de t’ marrer : ça t’excite les bronches !

mercredi 6 août 2003, par Dr Philippe Carré

L’asthme est associé à une hyperréactivité bronchique non spécifique, induite par de nombreux facteurs : l’exercice, l’inhalation d’air froid, les infections…Les auteurs se sont intéressés au rôle déclenchant du rire et des situations d’hilarité chez les enfants : quels en sont la prévalence et les facteurs déclenchants ?

L’asthme déclenché par la gaîté : le rire est-il réellement le meilleur traitement ? : Georgios Liangas, BSc (Med) Hons 1, John R. Morton, MBBS, FRACP 1 2, Richard L. Henry, MD, FRACP 1 * 1School of Women’s and Children’s Health, University of New South Wales, New South Wales, Australia
2Department of Respiratory Medicine, Sydney Children’s Hospital, Randwick, New South Wales, Australia
dans Pediatric Pulmonology
Volume 36, Issue 2, 2003. Pages : 107-112

 Contexte. Les émotions liées à la gaîté, telles que le rire et l’excitation, sont méconnues mais peuvent être des facteurs déclenchants importants de l’asthme.

 But. Cette étude vise à explorer la prévalence, les mécanismes et les facteurs associés à l’asthme déclenché par la gaîté (ADG) chez les enfants.

 Méthode.
* Un questionnaire de prévalence de l’ADG a été distribué à 285 enfants qui se présentaient au département d’urgence de l’hôpital pour enfants de Sydney pour un épisode aigu d’asthme.
* L’étude de profil avec le questionnaire ADG était une étude transversale de 541 enfants asthmatiques.
* Les parents complétaient un questionnaire concernant l’asthme de leur enfant.
* Dans cette étude journalière sur le rire, des cartes de recueil quotidiennes ont été données aux parents de 21 enfants asthmatiques.
* Le recueil concernait les détails sur le stimulus hilarant, les symptômes de l’asthme, et les mesures du débit expiratoire de pointe (DEP).

 Résultats.
* Parmi la cohorte, 31.9% avaient un ADG.
* Dans l’étude transversale, l’ADG était plus fréquent :
** à un âge plus avancé (p=0.02) ;
** chez ceux qui avaient pris dans les 3 derniers mois plus de salbutamol (p=0.005) ;
** chez ceux qui avaient plus de sifflements, de symptômes nocturnes et de symptômes au petit matin (p<0.0005) ;
** et chez ceux avec asthme induit à l’exercice (p<0.0005).
* Le rire était plus fréquemment déclencheur que l’excitation ; la toux était le symptôme le plus fréquent ; et les symptômes survenaient le plus souvent dans les 2 minutes suivant le stimulus hilarant.
* Dans l’étude sur le rire quotidien, 59 des 130 événements rapportés étaient des symptômes d’asthme.
* L’hilarité en regardant un film s’accompagnait d’un DEP à 73% de la prédite, comparé à 81% au cours du jeu à l’effort et 95% pendant un jeu sans effort (p=0.01).

 Conclusion. L’asthme déclenché par la gaîté est fréquent, et représente un indicateur du contrôle sous-optimal de la maladie asthmatique.


Cette étude confirme une impression souvent retrouvée en clinique, et par ailleurs confirmée par de nombreux patients asthmatiques : les situations de gaîté qui s’accompagnent d’épisodes d’hilarité ou de rire sont souvent l’occasion de symptômes d’asthme ou de toux incoercible jusqu’à l’arrêt du rire.

Près de 32 % des patients de la cohorte présentaient des symptômes liés au rire ; l’analyse des sous-groupes montre que ces symptômes sont plus fréquents chez ceux qui ont besoin de plus de salbutamol, qui ont plus de symptômes nocturnes et matinaux, et qui ont plus d’asthme induit par l’exercice. Toutes situations liées à l’existence d’une hyper-réactivité bronchique (HRB) importante sous-jacente.

Si l’HRB reste présente chez ces patients, c’est que le contrôle de leur asthme n’est pas optimal, et les auteurs concluent donc à juste titre que des symptômes directement liés aux situations d’hilarité sont un bon témoin d’un contrôle insuffisant de l’asthme et de la persistance d’un haut niveau d’HRB, qui doit faire revoir la prise en charge thérapeutique de fond.

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