Allergie et anesthésie : des histoires à dormir debout qui vous tiennent éveillés...

jeudi 18 septembre 2003 par Dr Stéphane Guez8721 visites

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Allergie et anesthésie : des histoires à dormir debout qui vous tiennent éveillés...

Allergie et anesthésie : des histoires à dormir debout qui vous tiennent éveillés...

jeudi 18 septembre 2003, par Dr Stéphane Guez

L’allergie au cours d’une anesthésie est un problème qui peut-être dramatique pour le patient, angoissant pour l’anesthésiste et difficile pour l’allergologue. Quelle est la fréquence de l’anaphylaxie ? Quels sont les allergènes en cause ? Le rôle de l’atopie ? L’intérêt de la biologie ?…vous saurez tout ou presque en lisant ce travail.

Réactions anaphylactiques et anaphylactoïdes per-anesthésiques en France de 1999 à 2000. : Mertes PM, Laxenaire MC, Alla F ; Groupe d’Etudes des Reactions Anaphylactoides Peranesthesiques. Department of Anesthesiology, Hopital Central, Centre Hospitalier Universitaire de Nancy, France. pm.mertes@chu-nancy.fr dans Anesthesiology. 2003 Sep ;99(3):536-45.

Les réactions anaphylactiques et anaphylactoïdes per anesthésiques restent un problème majeur pour les anesthésistes. Les auteurs rapportent les résultats d’une enquête sur 2 ans des réactions observées lors d’anesthésies en France.

 Méthodologie :
* Entre le 1° janvier 1999 et le 31 décembre 2000, 789 patients qui ont eu une réaction immune (anaphylaxie) ou non immune (anaphylactoïde) ont été adressés à l’un des 40 centres participant à ce travail.
* L’anaphylaxie a été confirmée par l’histoire clinique, des tests cutanés et/ou un dosage des IgE spécifiques.

 Résultats :
* Les réactions anaphylactiques et anaphylactoïdes ont été diagnostiquées respectivement dans 518 cas (66%) et dans 271 cas (34%).
* La cause la plus fréquente d’anaphylaxie est l’allergie aux curares (n=306, 58,2%), le latex (n=88, 16,7%) et les antibiotiques (n=79, 15,1%).
* Le rocuronium (n=132, 43.1%) et la succinylcholine (n=60, 22.6%) sont les curares les plus souvent en cause.
* Une réaction croisée entre curares est observée dans 75.1% des cas d’anaphylaxie aux curares.
* Aucune différence n’a été observée entre réactions anaphylactiques et anaphylactoïdes en ce qui concerne l’atopie, l’asthme et l’intolérance aux médicaments.
* Cependant, l’atopie, l’asthme et l’allergie alimentaire sont significativement plus fréquents dans les cas d’allergie au latex par rapport à l’allergie aux curares. Les manifestations cliniques sont plus sévères en cas d’anaphylaxie.
* La valeur prédictive de la tryptasémie pour le diagnostic d’anaphylaxie est de 92.6% ; la valeur prédictive négative est de 54.3%. La valeur diagnostique des IgE spécifiques aux curares est confirmée.

 Conclusion : Ces résultats confirment la nécessité de faire une exploration systématique en cas de réaction anaphylactoïde au cours d’une anesthésie, et de constituer des centres d’allergo-anesthésies.


Dans ce travail multicentrique, les auteurs font le bilan de 789 accidents per anesthésiques explorés dans 40 centres, qui permettent de dire qu’il y a environ 2 accidents anaphylactiques pour une réaction anaphylactoïde.

Les curares et le latex sont les 2 allergènes majeurs, l’atopie n’étant un facteur de risque que pour l’allergie au latex.

C’est toujours avec beaucoup d’impatience que l’on attend les résultats réguliers de ces enquêtes allergologiques des accidents survenus au cours d’une anesthésie.

Depuis quelques années ont voit des modifications sensibles avec par exemple l’importance croissante de l’allergie au latex, qui représente la deuxième cause d’anaphylaxie. L’intérêt est que le dépistage et l’exploration allergologique de cette allergie est simple et un accident per opératoire peut donc être facilement évité.

La place des antibiotiques est également un phénomène nouveau en raison de l’utilisation de plus en plus systématique de ces molécules, en particulier en chirurgie orthopédique. Il est important de mémoriser l’importance de cette allergie qui doit rendre vigilant sur le recueil exact de toutes les molécules administrées au patient lors de l’intervention.

Les réactions anaphylactiques sont plus sévères que les réactions anaphylactoïdes ce qui est logique sur le plan physiopathologique.

Enfin les données biologiques sont importantes. En effet la tryptasémie témoigne seulement de l’activation des basophiles, mais il semble qu’une élévation de son taux se voit essentiellement dans les réactions anaphylactiques, donc à IgE. Le dosage des IgE spécifiques vis-à-vis des curares doit continuer à être demandé car lorsque le résultat est positif il a une bonne valeur diagnostic.

Bref, l’article est à lire en entier et dans le détail par toutes celles et ceux qui s’intéressent aux réactions allergiques lors d’une anesthésie.

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