La chasse aux champignons est ouverte toute l’année.

mardi 23 septembre 2003 par Dr Philippe Carré6187 visites

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La chasse aux champignons est ouverte toute l’année.

La chasse aux champignons est ouverte toute l’année.

mardi 23 septembre 2003, par Dr Philippe Carré

L’aspergillose broncho-pulmonaire allergique est une pathologie rare mais qui doit être bien connue des allergologues car elle se voit chez des patients asthmatiques. Considérée en règle comme une pathologie univoque reposant sur des critères précis, elle associe, sur un tableau de fond commun, plusieurs formes cliniques.

Formes mineures, modérées et sévères de l’aspergillose broncho-pulmonaire allergique : évaluation clinique et sérologique. : Kumar R. Department of Respiratory Medicine, Vallabhbhai Patel Chest Institute, University of Delhi, Delhi, India. dans Chest. 2003 Sep ;124(3):890-2.

 Contexte.
* L’aspergillose broncho-pulmonaire allergique (ABPA) est une pathologie d’hypersensibilité induite par la colonisation de l’arbre bronchique par l’Aspergillus.
* Certains patients asthmatiques remplissent les critères diagnostiques de l’ABPA par la sérologie (IgE/IgG spécifiques à Aspergillus Fumigatus), la bronchographie, le scanner, et/ou la tomographie conventionnelle.

 Objectif. Identifier les différentes formes d’ABPA à partir de critères diagnostiques variés.

 Méthodes.
* 18 patients asthmatiques remplissant les critères d’ABPA ont été évalués.
* Six patients avaient un tableau d’ABPA à sérologie positive (ABPA-S), six une ABPA avec bronchectasies centrales (ABPA-BC), et six une ABPA avec bronchectasies centrales et d’autres critères radiologiques (ABPA-R).

 Résultats.
* Les modifications spirométriques étaient mineures dans le groupe ABPA-S, modérées dans le groupe ABPA-BC, et sévères dans le groupe ABPA-R.
* Le taux absolu d’éosinophiles était élevé dans tous les groupes, mais le plus (1.223 microl) dans la forme sévère de la maladie.
* Les IgE spécifiques vis-à-vis d’A fumigatus étaient élevées dans tous les groupes, mais le plus (47.91 UI/ml) dans le groupe ABPA-R.
* Le scanner du groupe ABPA-S était normal, sans bronchectasies centrales.
* L’exacerbation des symptômes était maximale dans le groupe ABPA-R.

 Conclusion.
* Cette étude suggère que l’ABPA inclut des formes mineures (ABPA-S), modérées (ABPA-BC) et des formes sévères (ABPA-R) de la maladie.
* Il est donc recommandé de faire un diagnostic précoce et de traiter dès les formes mineures, de façon à prévenir l’évolution vers les formes plus sévères.


L’ABPA (ou maladie de Hinson Pepys) est une maladie immunologique complexe relevant de mécanismes associés de type I et de type III, qui se voit chez des patients asthmatiques, et qui complique parfois des mucoviscidoses.

En rapport avec une colonisation des voies aériennes par de l’aspergillus, elle est une des formes particulières que peut exprimer cette colonisation (à côté de l’asthme aspergillaire, de la bronchite aspergillaire, de l’aspergillose pulmonaire aigue ou nécrosante chronique, de la pneumonie aspergillaire d’hypersensibilité, de l’aspergillome).

Son diagnostic était jusqu’ici univoque, reposant sur des critères majeurs et mineurs utilisant des arguments cliniques, radiologiques, immunologiques, allergologiques et biologiques.

Au plan radiologique, un critère majeur était l’existence de bronchectasies, tout à fait particulières par leur topographie proximale sur les gros troncs bronchiques.

Cette étude vient confirmer d’autres publications récentes, à savoir que l’ABPA peut se révéler par des tableaux différents, avec des formes cliniques moins complètes que la description habituelle classique de la maladie. En particulier, il existe des formes dites « sérologiques » isolées, sans bronchectasies associées, et des formes plus sévères associant d’autres complications radiologiques.

On pourrait résumer en disant que la forme classique correspond au tableau d’ABPA-BC décrit par les auteurs.

L’intêret du décryptage des formes cliniques est d’isoler les formes sérologiques isolées, et cette étude est intéressante dans le sens où elle montre que ces formes sont mineures dans leur évolution, et que le diagnostic fait à cette phase, sans attendre la présence des autres critères, pourrait faire débuter un traitement spécifique (corticoïdes ± itraconazole) permettant d’éviter l’évolution vers des formes plus sévères.

Ces données restent certainement à confirmer.

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