C’est pas parce qu’on tousse tout le temps qu’il faut se jeter sous l’auto !!!

samedi 6 décembre 2003 par Dr Stéphane Guez4387 visites

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C’est pas parce qu’on tousse tout le temps qu’il faut se jeter sous l’auto !!!

C’est pas parce qu’on tousse tout le temps qu’il faut se jeter sous l’auto !!!

samedi 6 décembre 2003, par Dr Stéphane Guez

La toux chronique est un casse tête médical, la crainte de passer à coté d’une étiologie étant la hantise de tous les intervenants médicaux comme celle du patient. Si beaucoup de diagnostics sont évoqués, la possibilité d’une atteinte pulmonaire satellite d’une affection auto-immune d’organe semble fréquente.

Toux idiopathique chronique : association avec une affection spécifique auto-immune d’organe et une lymphocytose broncho alvéolaire. : S S Birring, C E Brightling, F A Symon, S G Barlow, A J Wardlaw and I D Pavord

Institute for Lung Health, Department of Respiratory Medicine, Glenfield Hospital, Leicester, UK

dans Thorax 2003 ;58:1066-1070

Les auteurs ont récemment rapporté une forte association entre une affection auto-immune et une toux chronique idiopathique et ont émis l’hypothèse que la toux puisse être due à une inflammation des voies aériennes secondaire à une activation aberrante des lymphocytes avec un phénomène de homing inadapté vers le poumon.

 Objectif de l’étude : Une étude immunologique a été réalisée pour étudier l’hypothèse d’une association entre une toux chronique idiopathique et une inflammation lymphocytaire des voies aériennes supérieures.

 Méthodologie  : Une bronchoscopie, des biopsies bronchiques et un lavage broncho alvéolaire (LBA), ainsi qu’une cytométrie du sang périphérique et du LBA ont été réalisés chez 19 patients ayant une toux chronique idiopathique, chez 14 patients ayant une toux avec un diagnostic et chez 11 patients normaux.

 Résultats :
* Les affections auto-immunes d’organe ou des auto anticorps positifs sont présents chez
** 8 des patients sur les 19 qui ont une toux chronique idiopathique,
** chez 1 des 14 patients avec une toux ayant une étiologie,
** et chez 1 des patients témoins sains.
* Le taux médian des lymphocytes du LBA est significativement plus élevé chez les patients ayant une toux idiopathique (10%) par rapport aux sujets normaux (6.3%, IC95% : 1.5 à 11.9, p=0.01) ou chez les patients ayant une toux avec une étiologie (5.2%, IC95% : 2 à 10.4, p=0.001).
* Il n’y a pas de différence au niveau du comptage des lymphocytes des biopsies bronchiques entre les 2 groupes.
* Le taux moyen des CD3+ parmi les cellules mononuclées du sang périphérique exprimant du CD4 est significativement plus élevé chez les sujets normaux que chez les patients ayant une toux idiopathique (69(3%) versus 58 (3%) différence moyenne 11%, IC95% : 2 à 20, p<0.02) mais pas avec ceux qui ont une toux avec étiologie (63(2%)).
* Il n’y a pas de différence au niveau du phénotype des lymphocytes du LBA entre les différents groupes.

 Conclusion  :
* La lymphocytose du liquide de LBA survient chez certains patients ayant une toux chronique idiopathique.
* Cette association d’une toux chronique idiopathique avec une affection auto immune spécifique d’organe évoque la possibilité que cela puisse être du à un phénomène de homing des lymphocytes du site primaire de l’inflammation auto immune ou le résultat d’un processus auto immun au niveau des poumons.


Les auteurs démontrent que chez des tousseurs chroniques idiopathiques, la fréquence d’une affection auto-immune avec atteinte concomitante pulmonaire est fréquente, dépistée essentiellement par une lymphocytose élevée du LBA. Il pourrait s’agir d’un phénomène de homing ou d’un processus pulmonaire.

Ce travail est intéressant car la toux chronique est un problème médical fréquent posant aussi bien des problèmes diagnostics que thérapeutiques.

La démonstration d’une lymphocytose anormale chez ces patients traduit une atteinte lymphocytaire pulmonaire certainement en relation avec l’affection auto-immune d’organe ou à une maladie systémique auto-immune.

Dans le 1° cas, l’explication serait une réponse immunologique aberrante avec un phénomène erroné de homing, les lymphocytes activés au lieu de regagner après circulation systémique l’organe cible affecté par la maladie, iraient se localiser au niveau pulmonaire.

Dans le 2° cas, il y aurait atteinte pulmonaire spécifique par l’affection auto immune.

Dans les 2 cas, il semble justifié d’intervenir par des thérapeutiques anti-inflammatoires, spécifiques ou non spécifiques, comme les corticoïdes.

Souvent, ils ne sont pas très actifs, du moins par voie inhalée, et c’est la voie générale qui semble la plus adaptée.

La place des autres traitements se discute en fonction de la pathologie d’organe auto-immun impliqué. Il faudrait démontrer qu’une prise en charge de cette pathologie a un effet bénéfique sur la toux. Il serait intéressant de suivre ces patients à long terme afin de constater s’ils développent ou non une pathologie pulmonaire interstitielle.

Bref, il s’agit d’une étude très clinique à poursuivre.

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