Tant qu’à faire de l’asthme autant attendre la retraite ! !

vendredi 26 juillet 2002 par Dr Stéphane Guez2755 visites

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Tant qu’à faire de l’asthme autant attendre la retraite ! !

Tant qu’à faire de l’asthme autant attendre la retraite ! !

vendredi 26 juillet 2002, par Dr Stéphane Guez

Si l’asthme est bien décrit chez les sujets jeunes et les enfants, les données sont beaucoup moins nombreuses en ce qui concerne les sujets âgés. Cependant on sait que l’allergie peut se manifester à tout âge, et que d’autre part on porte de plus en plus fréquemment le diagnostic d’asthme chez des personnes de plus de 60 ans. Cette étude est donc très intéressante à un double point de vue : caractérisation de cette population sur le plan du diagnostic de la maladie asthmatique et d’autre part pronostic sur l’évolution de cette affection chez des patients ayant été soumis pendant de nombreuses années à différents polluants.

Diagnostic et sévérité de l’asthme chez le sujet âgé : résultats d’une grande étude de suivi de 1485 patients recrutés par des pneumologues. : Zureik M, Orehek J. dans Respiration 2002 ;69(3):223-8

En dépit d’une forte prévalence, les études épidémiologiques concernant le diagnostic et la sévérité de l’asthme chez les sujet âgés sont rares.
 Objectifs : Les objectifs de cette étude étaient double :
*1) décrire les critères utilisés par des pneumologues Français pour porter le diagnostic d’asthme chez des sujets âgés (âge >= 65 ans) ;
*2) étudier s’il y a un lien entre l’âge de début de l’asthme et la sévérité de l’asthme chez le sujet âgé.
 Méthodes : 1485 asthmatiques (783 hommes et 702 femmes, âge moyen : 73,2 ans +/- 6 ont été inclus dans une étude de suivi descriptif. Ils ont tous été recrutés par 379 spécialistes pneumologues qui ont rempli un questionnaire standardisé.
 Résultats : 56% des hommes et 10% des femmes (p<0.001) étaient des fumeurs ou des ex-fumeurs. Le rapport VEMS/CV était significativement plus bas chez les hommes que chez les femmes (60.6 +/- 16.1 versus 66.1 +/-16.9% ; p<0.001). Les critères diagnostics de l’asthme étaient à la fois cliniques et fonctionnels dans 89% des cas. La réversibilité de l’obstruction bronchique était testée par l’inhalation d’un béta²-agoniste dans 89% des cas et/ou par une épreuve de réversibilité thérapeutique par corticothérapie orale dans 36% des cas. L’asthme a été diagnostiqué avant l’âge de 20 ans dans 10,4% des cas, entre 20 et 50 ans dans 28,3% des cas, entre 51 et 65 ans dans 38,1% des cas et après l’âge de 65 ans dans 23,2% des cas. Une valeur plus élevée du VEMS par rapport aux valeurs théoriques et un plus grand rapport VEMS/CV ont été observés chez les patients dont le début de l’asthme a été tardif. Le VEMS moyen en % de la valeur théorique est de : 58,1 +/- 19,5% chez les patients dont le diagnostic a été porté avant l’âge de 20 ans, 60,5 +/- 20,4% si diagnostic d’asthme entre 20 et 50 ans, 62,5 +/- 19,4% si diagnostic d’asthme entre 50 et 65 ans, et 67,1 +/- 21,4% si diagnostic d’asthme porté après 65 ans (p<0.001). Le nombre moyen de médicaments pris est significativement diminué (2.2 +/- 0.4) s’il s’agit d’un asthme tardif par rapport a un asthme précoce (2.8 +/- 0.1 ; p<0.001).
 Conclusions : Cette étude suggère que la sévérité de l’asthme dépend de l’âge de début des symptômes et du diagnostic. Un diagnostic et un traitement précoces peuvent prévenir les complications d’un asthme persistant.


Cette étude indique que le pronostic fonctionnel de l’asthme sur le plan respiratoire dépend de la durée de l’affection et qu’un asthme qui débute tard a un meilleur pronostic qu’un asthme qui évolue depuis de nombreuses années. Cependant on peut critiquer la méthodologie, car environ 4 patients ont été inclus par pneumologue : il y a donc eu un choix seulement de quelques patients, dont il n’est pas certain qu’ils représentent la moyenne des patients du même âge vus par chaque pneumologue. Pour dire les choses autrement, l’asthme du sujet de plus de 50 ans est souvent non allergique, corticodépendant et sévère puisqu’on y trouve par exemple les maladies de Widal etc…Il y a souvent des facteurs intercurrents comme une insuffisance cardiaque etc… qui compliquent le diagnostic. Les conclusions de cette étude doivent donc être prises avec réserve, et il serait important d’avoir une confirmation de ces résultats par d’autres travaux épidémiologiques.

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