Nickel alimentaire et eczéma de contact : une question de dose !

dimanche 1er février 2004 par Dr Alain Thillay13176 visites

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Nickel alimentaire et eczéma de contact : une question de dose !

Nickel alimentaire et eczéma de contact : une question de dose !

dimanche 1er février 2004, par Dr Alain Thillay

La réactivation systémique d’un eczéma de contact allergique au nickel est un fait accepté. Toutefois, nombre d’études ont été pratiquées en ayant recours à des doses de nickel bien supérieures aux apports quotidiens habituels. Ici, les auteurs établissent une courbe dose-réponse en se comparant aux apports alimentaires.

Dermatite de contact systémique expérimentale au nickel : une étude dose-réponse. : Christian S. Jensen1*, Torkil Menné1, Steen Lisby2, Jesper Kristiansen3 and Niels K. Veien4

1Department of Dermatology, Gentofte Hospital, University of Copenhagen, 2900 Hellerup, 2Department of Dermatology, Bispebjerg Hospital, University of Copenhagen, 3The National Institute of Occupational Health, 2100 KBH Ø, 4The Dermatology Clinic, DK-9000 Aalborg, Denmark

dans Contact Dermatitis 49 (3), 124-132

 INTRODUCTION.

  • L’allergie de contact systémique est habituellement inscrite dans le cadre de la réactivation d’une dermatite préexistante ou « de novo » en tant que dermatite similaire à l’allergie de contact cutanée.
  • Ainsi, les dermatites de contact systémiques médicamenteuses représentent une entité bien établie.
  • L’existence de réaction systémique pertinente cliniquement à l’exposition orale au nickel, en particulier, les réactions systémiques au nickel apporté par l’alimentation habituelle reste controversée.
  • Plusieurs études ont montré que l’exposition orale au nickel peut induire une dermatite de contact systémique chez les sujets sensibilisés au nickel.
    Dans la plupart de ces études, cependant, les doses de nickel utilisées sont considérées comme bien supérieures aux doses de nickel provenant des apports alimentaires journaliers.

 BUT.
Le but de cette étude était d’établir la dose-réponse de l’exposition au nickel par voie orale.

 METHODE.

  • Il s’agit d’un étude contrôlée, en double-aveugle, contre placebo, par voie orale ; elle comprenait 40 sujets sensibilisés au nickel et 20 sujets « contrôle » sains, non sensibilisés recevant les mêmes doses de sulfate hexahydrate de nickel plus importantes que les quantités de nickel ingérées dans les apports alimentaires quotidiens d’une alimentation danoise normale.
  • Le dosage urinaire et sérique du nickel était pratiqué avant et après la prise de nickel afin d’en évaluer les entrées et les sorties.
  • L’influence de la quantité de nickel ingérée sur les réactions cliniques et les concentrations sérique et urinaire de nickel étaient évaluées.

 RESULTATS.

  • Parmi les individus sensibilisés au nickel une dépendance dose-réponse a été définie.
  • 7/10 des individus sensibilisés au nickel avaient des réactions cutanées à la dose de 4 mg de nickel, ce qui correspond à une quantité dix fois supérieure à la quantité d’un apport alimentaire quotidien normal.
  • 4/10 de ces mêmes individus avaient des réactions cutanées à la dose de 1 mg de nickel, dose qui correspond d’assez près à un apport journalier maximal.
  • 4/10 de ces individus sensibilisés réagissaient à 0,3 mg ce qui correspond aux apports journaliers d’une alimentation normale et 1/10 réagissait au placebo.
  • Aucun des sujets sains du groupe contrôle n’a eu de réaction cutanée à la dose de 4 mg de nickel et au placebo.
  • Avant l’ingestion de nickel, il n’y avait pas de différence mesurable du dosage urinaire et sérique du nickel dans les deux groupes.
  • Après le test oral, le nickel urinaire et sérique, dans les deux groupes, était en relation directe à la dose de nickel ingéré.

Voici une très belle étude qui évalue précisément le rôle du nickel apporté par l’alimentation.

En effet, elle démontre surtout et avant tout que 40% réagissent à la dose de 0,3 mg de nickel ce qui correspond à un apport quotidien d’une alimentation normale.

Seuls ces patients sont donc susceptibles de bénéficier d’un régime appauvri en nickel pour éviter les réactivations systémiques.

Pour les autres, il faudrait proposer un régime d’éviction à ceux qui consomment vraiment beaucoup de nickel du fait d’une alimentation particulièrement riche en ce métal.

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