Il ne faut pas pousser le bouchon trop loin avec les moisissures !

mardi 3 février 2004 par Dr Philippe Carré2923 visites

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Il ne faut pas pousser le bouchon trop loin avec les moisissures !

Il ne faut pas pousser le bouchon trop loin avec les moisissures !

mardi 3 février 2004, par Dr Philippe Carré

Le travail du liège expose les ouvriers à des moisissures saprophytes du liège, en particulier à des espèces de Chrysonilia, Penicillium et Trichoderma. Chez les ouvriers avec un asthme professionnel, l’exposition prolongée au liège peut-elle être un facteur de sensibilisation aux moisissures pouvant expliquer leur asthme ?

Asthme professionnel des ouvriers du liège : pas d’association avec la sensibilisation allergique aux moisissures du milieu professionnel. : Winck JC, Delgado L, Murta R, Vanzeller M, Marques JA.

Pneumology Department, Faculdade de Medicina, Universidade do Porto and Hospital de S. Joao, 4200, Porto, Portugal

dans Int Arch Occup Environ Health. 2004 Jan 22

 Objectif. Evaluer la sensibilisation allergique à Chrysonilia sitophila, Penicillium glabrum, et Trichoderma longibrachiatum chez des ouvriers du liège asthmatiques.

 Méthode.

  • Des prick-tests à une batterie d’allergènes communs et aux trois moisissures ont été réalisés chez dix ouvriers du liège asthmatiques et huit asthmatiques non exposés au liège.
  • En fonction du résultat des mesures de débits expiratoires de pointe, cinq sujets exposés ont été classés comme ayant un asthme professionnel (AP) et cinq un asthme non professionnel (ANP).
  • Chez les sujets exposés, les anticorps spécifiques des trois moisissures ont été évalués par immunoblot.

 Résultats.

  • Deux des dix sujets avec exposition professionnelle et quatre des huit sujets contrôles avaient des prick-tests positifs pour les allergènes communs.
  • De plus, deux des cinq sujets avec AP et trois des huit contrôles avaient une sensibilisation aux acariens de stockage.
  • Tous les sujets exposés (avec AP ou ANP) avaient des prick-tests négatifs aux extraits de moisissures.
  • Chez les sujets asthmatiques avec exposition professionnelle, les résultats de l’immunoblot confirmaient l’absence d’IgE spécifiques. Par contre, des IgG4 spécifiques étaient présentes dans certains cas.

 Conclusion.

  • L’atopie ne semble pas être une caractéristique de l’AP chez les ouvriers du liège.
  • Malgré leur longue exposition aux moisissures, il n’a pas été mis en évidence, chez les sujets avec AP, de sensibilisation IgE aux trois moisissures du liège les plus fréquentes, ce qui implique de rechercher d’autres agents étiologiques, tels que des composés chimiques du liège ou des contaminants.

Cette étude, réalisée chez un très faible nombre de sujets, montre qu’il n’y a pas de différence de prévalence dans la positivité des tests cutanés, entre les sujets avec exposition professionnelle et les contrôles pour les allergènes communs, et entre les sujets avec AP et les contrôles pour les acariens de stockage.

Aucun des sujets exposés n’avait de prick-test positif aux moisissures, et il n’y avait aucun argument biologique pour une sensibilisation IgE-dépendante aux moisissures chez les asthmatiques exposés.

L’exposition aux moisissures du liège n’apparaît donc pas comme un facteur de sensibilisation chez des asthmatiques exposés au liège, qu’ils aient par ailleurs un asthme professionnel ou pas.

D’autres facteurs que les moisissures doivent donc être recherchés pour expliquer le caractère professionnel de leur asthme.

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