Ah hérédité, quand tu nous tiens !

vendredi 27 février 2004 par Dr Sylvie HUET2729 visites

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Ah hérédité, quand tu nous tiens !

Ah hérédité, quand tu nous tiens !

vendredi 27 février 2004, par Dr Sylvie HUET

Cette étude prospective réalisée sur 1456 enfants, suivis de la naissance à l’âge de 10 ans, étudie le poids des facteurs héréditaires et environnementaux dans la survenue et la persistance de sibilances.

L’environnement influe t-il sur l’apparition plus précoce d’un phénotype d’asthme persistant de l’enfance ? : Kurukulaaratchy RJ, Matthews S, Arshad SH.

The David Hide Asthma and Allergy Research Centre, St Mary’s Hospital, Newport, Isle of Wight, United Kingdom

dans Pediatrics. 2004 Feb ;113(2):345-50

 Objectifs :

  • Nous avons étudié le rôle de l’environnement et de l’hérédité afin de déterminer si les phénotypes de sibilances survenaient plus ou moins tard dans l’enfance.
  • Dans une population de cohorte générale (n=1456), les enfants étaient examinés à la naissance et à 1, 2, 4 et 10 ans.
  • A chaque visite, on recueillait des informations sur la prévalence des sibilances, et ces informations ont été utilisées pour définir une classification de phénotypes d’asthme.
  • Des renseignements sur les facteurs génétiques et les facteurs environnementaux au cours des premières années de vie étaient notés et des tests cutanés aux pneumallergènes courants ont été pratiqués à l’âge de 4 ans.

 Résultats :

  • Chez les enfants présentant une apparition précoce de sibilances (n=125), la symptomatologie démarrait dans les 4 premières années, persistait à 10 ans.
  • Les enfants qui avaient présenté des sibilances après l’âge de 4 ans (n=81) étaient toujours symptomatiques à l’âge de 10 ans.
  • Une analyse statistique par régression à multivariables a permis de mettre en évidence uniquement le rôle des facteurs héréditaires (asthme parental, antécédents familiaux de rhinite, eczéma à l’âge de 4 ans et atopie à l’âge de 4 ans) dans le développement de sibilances persistantes d’apparition retardée.
  • Néanmoins, l’apparition précoce de la symptomatologie était corrélée
    • au statut social (milieux défavorisés)
    • aux bronchites répétées à l’âge de 2 ans,
    • au tabagisme parental
    • et aux facteurs héréditaires (eczéma à l’âge de 2 ans, allergie alimentaire à 4 ans, asthme maternel, asthme dans la fratrie, urticaire maternelle et atopie à 4 ans).

 Conclusions :

  • L’hérédité semble être primordiale dans la survenue de sibilances persistantes de l’enfance.
  • L’exposition précoce à des facteurs environnementaux semble se combiner à cette tendance pour entraîner une apparition plus précoce de la symptomatologie.
  • L’absence de ces facteurs peut retarder mais pas empêcher l’installation de l’asthme chez les enfants ayant des antécédents familiaux.

Il y a toujours eu un débat sur la part entre les facteurs héréditaires et les facteurs environnementaux dans l’apparition des manifestations allergiques.

On a préconisé, en cas d’antécédents familiaux, le contrôle de l’environnement de l’enfant afin de réduire les risques de survenue de maladies atopiques et des auteurs conseillaient même un régime et une limitation de l’exposition pendant la grossesse.

Il semble maintenant établi que toutes ces mesures ne font que retarder la survenue de la symptomatologie mais ne peuvent empêcher son apparition.

Cette étude est intéressante par la taille de la population étudiée (1456) et la longueur du suivi (jusqu’à l’âge de 10 ans).

Une étude similaire sur 1218 enfants (Tariq SM, Matthews SM, Hakim EA, Stevens M, Arshad SH, Hide : The prevalence of and risk factors for atopy in early chilhood in a whole population cohort study. J. All. Clin. Immunol. 1998 May ;101(5):587-93) avait déjà mis en évidence le rôle prépondérant des facteurs héréditaires dans la survenue d’un asthme.
Cette étude montre que les facteurs environnementaux (milieux défavorisés, tabagisme parental, bronchites répétées) jouent un rôle dans l’apparition précoce de la symptomatologie, mais que, quel que soit le délai d’apparition, l’asthme persistait dans la majorité des cas à l’âge de 10 ans, plus particulièrement chez les sujets ayant des antécédents familiaux.

Il semble donc que rien ne puisse arrêter la marche allergique.

Cependant, je pense qu’il faut continuer à prodiguer des conseils sur le contrôle des facteurs environnementaux (réduction de la charge allergénique, rôle néfaste du tabagisme) afin d’éviter un asthme survenant dans les toutes premières années de vie avant la maturation pulmonaire chez des enfants au système immunitaire immature.

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