Pas d’allergie sans « gêne », ou là ou y a de la gène il peut y avoir des IgE ! !

lundi 29 mars 2004 par Dr Stéphane Guez1465 visites

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Pas d’allergie sans « gêne », ou là ou y a de la gène il peut y avoir des IgE ! !

Pas d’allergie sans « gêne », ou là ou y a de la gène il peut y avoir des IgE ! !

lundi 29 mars 2004, par Dr Stéphane Guez

L’allergologie est très proche de la nature ce qui explique que cette discipline médicale s’interroge souvent sur la vieille histoire de l’œuf et de la poule. Mais de façon plus moderne, à savoir : est-ce que c’est l’environnement qui fait l’allergie ou est-ce que c’est la génétique qui favorise une réponse allergique aux allergènes ?

Association entre la réponse IgE spécifique et 6 variants des gènes de l’IL4, IL13 et
IL4RA chez des enfants allemands : Etude Allemande Multicentrique sur l’Atopie.
 : Xin Liu, PhDa Terri H. Beaty, PhDa
Philipp Deindl, BSb
Shau-Ku Huang, PhDc
Susanne Lau, MDb Christine Sommerfeld, MScb M. Daniele Fallin, PhDa W.H. Linda Kao, PhDa
Ulrich Wahn, MDb Renate Nickel, MDb

aDepartment of Epidemiology, Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, Baltimore, Md, USA
bDepartment of Pediatric Pneumology and Immunology, Charité-Humboldt University, Berlin, Germany
cDivision of Clinical Immunology, Johns Hopkins School of Medicine, Baltimore, Md, USA

dans JACI March 2004 • Volume 113 • Number 3

Parmi les nombreuses publications sur les réponses IgE spécifiques ou sur l’atopie, seulement quelques travaux montrent une réponse positive à 6 polymorphismes de nucléotides fonctionnels (SNPs) : C-590T du gène de l’IL4, C-1055T et Arg130G du gène de l’ IL13 et Ile50Val, Ser478Pro et Gin551Arg pour le gène de IL4RA.

Les SNPs sont habituellement considérés comme des variations individuelles, et l’effet réel pourrait être masqué par d’autres gènes ou par des facteurs de l’environnement.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont testé la relation entre ces 6 SNPs et la sensibilisation aux aliments, aux acariens, au chat et aux pneumallergènes chez des enfants allemands d’une étude sur multicentrique sur l’atopie.
  • Les interactions entre gènes, et entre gènes et environnement ont également été étudiées.

 Méthodologie : Un modèle de régression logistique a été utilisé pour l’analyse du devenir de 4 sensibilisations.

 Résultats :

  • Le variant C-1055T est significativement associé à un risque augmenté de sensibilisation aux aliments et aux pneumallergènes, avec un odd ratio respectivement de 3.49 (IC95% : 1.52-8.02) et 2.27 (IC95% : 1.04-4.94).
  • Les effets du génotype TT sur la sensibilisation alimentaire semblent dépendre des variants du gène de l’IL4RA, , avec lequel une interaction marginale est observée.
  • Des données significatives confirment l’interaction entre l’exposition à la fumée de cigarettes de la mère et le variant Gin551Arg sur le risque de sensibilisation au chat.
  • De plus, les auteurs ont trouvé que les effets du variant C-590T sur la sensibilisation aux acariens dépendent du taux des allergènes Der p 1 dans les prélèvements de poussières des tapis.

 Conclusions :
Ces données ne montrent pas seulement que les variants des gènes de IL4, IL13 et IL4RA jouent un rôle important dans le contrôle de la réponse IgE spécifique, mais permettent également de comprendre les interactions gêne-gêne et gêne et environnement dans le développement d’une sensibilisation spécifique dans cette étude de population.


Les auteurs démontrent qu’il existe une relation entre certains variants des gênes codant pour les cytokines IL4, IL13 et pour le récepteur de l’IL4 et la production d’IgE spécifiques traduisant un terrain atopique, avec une relation entre ces variants et les facteurs d’environnement : exposition à des pneumallergènes et tabagisme.

Cet article fondamental et clinique est intéressant sur le plan physiopathologique car il permet de faire un lien entre d’une part les études qui démontrent que les facteurs d’environnement sont responsables du développement de l’atopie, et d’autre part les études qui démontrent qu’il existe un lien génétique avec des facteurs de risque surtout héréditaires.

En fait il faut comprendre que les 2 idées sont liées, et que c’est une exposition à de fortes concentrations en allergènes et à certains polluants comme le tabagisme qui déclenchent une allergie c’est à dire la production d’IgE spécifiques parce qu’il existe un terrain génétique particulier.

Ce terrain est secondaire à des variations au niveau des gênes qui codent pour certaines interleukines très importantes dans la réaction allergique, à savoir l’IL4 et son récepteur et l’IL13.

Sur un plan pratique les retombées sont très minimes car la thérapie génique n’est pas à l’ordre du jour. Mais intellectuellement cela devrait permettre de faire des progrès pour comprendre éventuellement à quels patients doivent s’adresser les mesures de prévention, et pour relativiser l’importance du taux d’exposition aux allergènes qui n’est pas suffisant à lui seul pour déclencher une allergie s’il n’y a pas le terrain immunologique particulier sous jacent.

On peut ainsi expliquer les paradoxes parfois rencontrer en consultation sur les absences de corrélation entre exposition élevée et absence d’allergie.

Ces résultats doivent également amener à critiquer les études épidémiologiques qui devraient tenir compte de la fréquence des variants dans la population étudiée, puisqu’il s’agit d’un facteur confondant qui peut donc amener des biais et modifier l’interprétation des résultats..

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