Les suédoises ayant une dermatite atopique ont-elles une peau nickel ?

jeudi 8 avril 2004 par Dr Stéphane Guez1618 visites

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Les suédoises ayant une dermatite atopique ont-elles une peau nickel ?

Les suédoises ayant une dermatite atopique ont-elles une peau nickel ?

jeudi 8 avril 2004, par Dr Stéphane Guez

La dermatite atopique peut se compliquer d’un eczéma de contact, mais l’inverse n’est pas vrai. S’agit-il de la même affection ? Les modifications immunologiques induites par le nickel sont elles identiques dans ces 2 affections ou y a-t-il des spécificités ?

Réponses anormales des cellules mononuclées sanguines périphériques au nickel chez les patients ayant un eczéma de contact au nickel et une eczéma atopique associé. : Buchvald D, Lundeberg L.

Unit of Dermatology and Venereology, Department of Medicine, Karolinska Hospital, Stockholm, Sweden

dans Br J Dermatol. 2004 Mar ;150(3):484-92

L’eczéma ce contact repose, sur le plan physiopathologique, sur la réponse immune cellulaire médiée par les lymphocytes T de type 1.

La dermatite atopique (DA) au contraire résulte d’une activation des lymphocytes T de type 2.

Bien que l’on sache que les patients ayant une DA puissent développer un eczéma de contact associé, on connaît peu l’influence du terrain atopique sur la réponse cutanée retardée.

 Objectif de l’étude  : Étudier la réponse in vitro des cellules mononuclées du sang périphérique (CMSP) au nickel chez un groupe de patients atopiques et non atopiques ayant un patch test positif au nickel.

 Méthodologie :

  • 10 patients ayant une allergie au nickel et 10 patients ayant à la fois une allergie au nickel et une DA ont participé à cette étude.
  • Les CMSP ont été mis en culture avec ou sans présence de nickel, de la PHA et de la toxine tétanique.
  • La synthèse d’ADN intracellulaire a été mesurée par méthode à la thymidine tritiée, et un test ELISA a permis d’évaluer la production dans le surnageant d’IL2 (caractéristique des cellules TH1) et d’IL5 (caractéristique des cellules TH2).

 Résultats :

  • La stimulation des CMSP avec le nickel chez les patients allergiques avec une DA, entraîne une prolifération cellulaire significativement plus faible avec de moindre quantité d’IL2 que les patients ayant une allergie au nickel sans DA.
  • La production d’IL5 est également plus faible dans le premier groupe bien que la différence ne soit pas significative.
  • De plus, ni la synthèse d’ADN spécifique au nickel ni la production de cytokines par les CMSP des patients atopiques et allergiques au nickel ne différent significativement de celles des patients témoins sains et des patients ayant une DA sans allergie de contact.
  • Les réponses prolifératives et sécrétoires des CMSP lors de la stimulation par la PHA ou la TT ne différent pas de façon significative entre ces groupes.
  • La production d’IL2 induite par le nickel est bien corrélée à la production d’IL5 chez les patients allergiques au nickel sans tenir compte du statut atopique ou non.

 Conclusions : Ces résultats indiquent que les CMSP des patients allergiques au nickel ayant de façon concomitante une atopie sont caractérisés par une réduction in vitro de la réponse proliférative et sécrétoire lors du contact avec l’allergène nickel, mais pas avec les mitogènes PHA et TT. La cytokine IL5 (LT de type 2) joue un rôle dans le développement de l’eczéma de contact.


Les auteurs démontrent que la DA atopique avec eczéma au nickel n’est pas la même affection que l’eczéma de contact au nickel. En particulier les réponses lors d’une stimulation in vitro des cellules mononuclées par le nickel, sont très diminuées chez les patients ayant une DA et une allergie au nickel.

Ce travail est astucieux dans sa méthodologie d’étude de l’influence du terrain atopique sur une DA avec allergie au nickel. Par contre les résultats sont difficiles à interpréter.

En tout état de cause il semble donc que le mécanisme de l’allergie au nickel soit différent selon les 2 affections distinctes que sont donc l’allergie de contact au nickel d’une part, et l’allergie au nickel sur une DA d’autre part.

Les différences de réponse en terme de cytokines et de réponse proliférative peuvent permettre de comprendre : que les traitements ne soient pas forcément les mêmes dans ces 2 affections, que le nickel est un allergène qui peut entraîner plusieurs réponses, variables selon le terrain sous jacent.

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