Tout ce qui siffle n’est pas de l’asthme ! J’en reste sans voix

samedi 10 avril 2004 par Dr Hervé Couteaux4614 visites

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Tout ce qui siffle n’est pas de l’asthme ! J’en reste sans voix

Tout ce qui siffle n’est pas de l’asthme ! J’en reste sans voix

samedi 10 avril 2004, par Dr Hervé Couteaux

L’asthme est sous-diagnostiqué. Si le malade en est parfois responsable, le médecin porte également sa part. Ce travail original attire notre attention sur un diagnostic différentiel de l’asthme bien particulier et sans doute méconnu.

Détresse respiratoire psychogénique : un cas de dysfonction paradoxale des cordes vocales et une revue de la littérature. : Leo RJ, Konakanchi R.

Department of Psychiatry, School of Medicine and Biomedical Sciences, State University of New York, Buffalo

dans Prim Care Companion J Clin Psychiatry. 1999 Apr ;1(2):39-46.

 Contexte  :

  • une maladie pulmonaire telle que l’asthme est un désordre psychosomatique sensible aux exacerbations provoquées par des facteurs psychologiques.
  • Un cas est décrit, d’un patient estimé porteur d’un asthme rebelle au traitement, chez lequel on a découvert une réaction de conversion, spécifiquement une dysfonction paradoxale des cordes vocales (DPCV), caractérisée par une adduction anormale des cordes vocales pendant l’inspiration.

 Origine des données :

  • des rapports de DPCV ont été repérés par une recherche sur Medline et une revue de bibliographie.
  • Medline (en anglais seulement) a été interrogé de 1966 à décembre 1998, en utilisant les termes d’asthme fonctionnel, d’obstruction fonctionnelle des voies respiratoires hautes, d’affections laryngées, de stridor de Munchausen, DPCV, stridor psychogénique, stridor respiratoire, dysfonction des cordes vocales et paralysies des cordes vocales.
  • Au total, 170 cas de DPCV ont été revus.

 Résultats de l’étude :

  • la DPCV est plus fréquente chez les femmes.
  • Elle concerne tous les groupes d’âges, y compris les enfants, adolescents et les adultes.
  • La DPCV a été le plus souvent diagnostiquée par erreur comme de l’asthme ou une maladie des voies respiratoires supérieures.
  • Parce que les patients présentent des symptômes atypiques et/ou réfractaires, plusieurs tests diagnostiques sont employés pour évaluer les patients avec DPCV ; le plus fréquent est la laryngoscopie.
  • La visualisation directe du mouvement anormal des cordes vocales est le moyen le plus définitif d’établir le diagnostic de DPCV.
  • Nombres de désordres psychiatriques sont en rapport avec le DPCV, incluant conversion et trouble anxieux.
  • Le DPCV est associé à un stress psychosocial sévère et des difficultés à moduler des états d’émotion intense.

 Conclusion :

  • une détresse respiratoire psychogénique produite par une DPCV peut être facilement mal diagnostiquée, comme étant un asthme sévère ou réfractaire ou d’autres états pathologiques pulmonaires.
  • La reconnaissance d’un DPCV est importante pour éviter des traitements inutiles ou invasifs.
  • Les praticiens de services d’urgences peuvent détecter des cas de DPCV en tenant compte des symptômes cliniques, en mettant en oeuvre des investigations de laboratoires appropriés, et en examinant les co-facteurs psychologiques du trouble.
  • La psychothérapie et l’entretien sont efficaces pour traiter la plupart des DPCV.

Confirmant l’adage qui veut que, du moins chez l’adulte, tout ce qui siffle n’est pas de l’asthme...les auteurs ont réalisé un travail original, pointant un diagnostic différentiel de l’asthme qui n’est pas classiquement répertorié.

Les limites de ce travail sont celles de tout travail bibliographique, et nombres de précisions restent à fournir, à commencer par la fréquence réelle de cette DPCV.

Il faut rappeler l’excellente étude de Van Schayck, Thorax, Juillet 2000, sur le sous diagnostic de l’asthme où il apparaît que s’il est principalement le fait du patient qui ne rapporte pas ses symptômes respiratoires (par non présentation de ses symptômes respiratoires ou par mauvaise perception de sa dyspnée) c’est aussi le médecin qui peut en être à l’origine, en ne portant pas le diagnostic d’asthme.

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