Anaphylaxie alimentaire sévère en réseau !

dimanche 18 avril 2004 par Dr Alain Thillay3483 visites

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Anaphylaxie alimentaire sévère en réseau !

Anaphylaxie alimentaire sévère en réseau !

dimanche 18 avril 2004, par Dr Alain Thillay

L’allergie alimentaire est de plus en plus fréquente. En outre, les nouveaux trophallergènes potentiels sont nombreux du fait de la mondialisation des habitudes alimentaires. Cet article rend compte de l’activité 2002 du Réseau Français d’Allergo-Vigilance animé par l’équipe nancéenne de D.-A. Moneret-Vautrin.

Anaphylaxie alimentaire sévère : 107 cas enregistrés en 2002 par le Réseau d’Allergo-Vigilance. : Moneret-Vautrin DA, Kanny G, Morisset M, Rance F, Fardeau MF, Beaudouin E.

Department of Internal Medicine, Clinical Immunology and Allergology, University Hospital, Avenue de Lattre de Tassigny, 54035 Nancy Cedex, France.

dans Allerg Immunol (Paris). 2004 Feb ;36(2):46-51

 CONTEXTE

  • La prévalence des allergies alimentaires augmente en relation avec les modifications des habitudes alimentaires.
  • La consommation de nouveaux aliments (aliments exotiques ou originellement utilisés dans l’alimentation animale, nouvelles protéines, néo-allergènes dus au recours à de nouvelles technologies et dans le futur les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) représente la cause principale de cette évolution.

 OBJECTIF

  • Il est essentiel de développer un système de surveillance des allergies alimentaires prenant en compte l’ensemble des aliments consommés.
  • Comprenant cet objectif logique, il est impératif de développer un réseau d’Allergo-Vigilance dont l’intérêt est de réunir toutes les données provenant d’allergologues de terrain.

 METHODES

  • Le Réseau Français d’Allergo-Vigilance compte 302 allergologues (dont 267 sont français).
  • Le but de ce réseau est d’enregistrer les cas d’anaphylaxie sévère afin d’établir une banque de données épidémiologiques provenant d’études prospectives multicentriques et de gérer le risque allergique dû aux nouveaux aliments.

 RESULTATS

  • En 2002, 107 cas d’anaphylaxie sévère ont été enregistrés : choc anaphylactique 59,8% dont un fatal, réaction systémique (18,7%), angio-œdème laryngé (15,9%), asthme aigu sévère (5,6%) dont un fatal.
  • Les principaux allergènes identifiés étaient l’arachide, les graines oléagineuses, fruits de mer (mollusques, crustacés), farine de lupin et farine de blé.
  • Des mesures ont été prises pour éviter ces réactions : information de l’industrie sur les étiquetages inadéquats, modification des indications erronées, et les Centres Hospitaliers Universitaires ont été encouragés à établir la sécurité allergénique de leurs services de restauration.

 CONCLUSION
La mise en perspective avec des réseaux d’autres pays permettrait de mieux connaître les avantages significatifs dans la connaissance des particularités de l’allergie en rapport avec le large éventail des variétés des habitudes alimentaires.


Nous avons beaucoup de chance en France d’avoir des personnalités dynamiques qui stimulent le monde des Allergologues.

L’équipe de Nancy, comme celle de Toulouse, représente vraiment l’excellence dans ce domaine.

Ce Réseau Français d’Allergo-Vigilance fonctionne bien.

Il permet de réunir ce qui est épars et d’en tirer des données épidémiologiques indispensables.

Ainsi, ce réseau relève 2 décès par allergie alimentaire (un choc anaphylactique et une crise d’asthme aigu sévère).

Près de 60% des réactions graves sont des chocs anaphylactiques.

Fait notable, sur les 107 cas d’anaphylaxie sévère, 7 sont dus à un asthme aigu sévère dont un décès.
Ainsi, l’asthme représente une manière de mourir d’allergie alimentaire.

Pour ce qui concerne les trophallergènes en cause, viennent largement en tête l’arachide et les nuts, puis les fruits de mer, ensuite la farine du lupin que l’on peut qualifier de petit nouveau du « Top ten » et enfin la farine de blé.

Le trophallergène émergent est donc la farine de lupin.
Cela impose donc à l’Allergologue de mettre ce nouveau trophallergène dans sa batterie alimentaire de façon systématique.

Outre l’intérêt clinique, le réseau présente un grand intérêt dans le dialogue avec les industriels de l’agroalimentaire pour améliorer encore plus l’étiquetage de leurs produits et de les prévenir lorsque apparaît un nouveau trophallergène.

Par exemple, nous avons tous entendu que les progrès de sélection des semences a permis de mettre au point un nouveau sarrasin qui produit bien à l’hectare.
En effet, ce qui limitait son exploitation jusqu’alors était son faible rendement et donc son coût.
L’arrivée de ce sarrasin sur le marché va permettre à l’agroalimentaire de l’utiliser de façon plus large.
Malheureusement, nous connaissons bien la forte allergénicité du sarrasin.

Donc nous surveillerons avec intérêt les prochaines observations qui passeront sur le Réseau d’Allergo-Vigilance.

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