Une allergie croisée qui en plus saute !! Histoire de grenouille....

jeudi 10 juin 2004 par Dr Stéphane Guez5736 visites

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Une allergie croisée qui en plus saute !! Histoire de grenouille....

Une allergie croisée qui en plus saute !! Histoire de grenouille....

jeudi 10 juin 2004, par Dr Stéphane Guez

Les allergies croisées représentent un domaine en pleine extension avec presque tous les jours de nouvelles molécules qui croisent. Ici le problème est le suivant : y- a-t-il un allergène commun chez un patient ayant à la fois une réaction à l’ingestion de poissons mais aussi de grenouille ?

Les IgE des patients allergiques aux poissons croisent avec la parvalbumine de grenouille. : C. Hilger1, L. Thill1, F. Grigioni1, C. Lehners1, P. Falagiani2, A. Ferrara3, C. Romano3, W. Stevens4, F. Hentges1

1Unit of Immunology and Allergology, Centre Hospitalier de Luxembourg and the CHL-CRP Research Laboratory on Immunogenetics and Allergology, Luxembourg ; 2Research Department Lofarma SpA, Milan ; 3Allergon Associated Allergological Center, Castellamare Di Stabia, Italy ; 4Department of Immunology-Allergology-Rheumatology, University Antwerp, Antwerp, Belgium

dans Allergy 59 (6), 653-660

 Introduction :

  • Les allergènes majeurs des poissons sont les parvalbumines.
  • De nombreuses réactions croisées majeures entre les parvalbumine de différentes espèces de poissons ont été mises en évidence.
  • De façon plus récente, la parvalbumine de grenouille a été reconnue comme responsable d’un cas d’allergie IgE médiée après ingestion de chair de grenouille.

 Objectif de l’étude  :

  • rechercher si les IgE spécifiques du poisson croisent avec la parvalbumine de grenouille et apprécier la signification clinique de cette réactivité croisée.

 Méthodologie :

  • Le sérum de 15 patients allergiques au poisson et un patient allergique au poisson et à la grenouille ont eu des dosages avec un immunoblott IgE contre un extrait de muscle de grenouille.
  • Le sérum a été testé également avec une parvalbumine recombinante et contre « Rana esculenta ».
  • Des tests cutanés ont été réalisés chez des patients sélectionnés avec la parvalbumine recombinante de grenouille et de morue.
  • Les tests après déplétion en calcium, et des études d’inhibition avec de la parvalbumine recombinante purifiée ont été réalisés pour caractériser la réaction croisée.

 Résultats :

  • 14 des sérums testés ont des IgE qui reconnaissent des composantes de faibles poids moléculaires du muscle de grenouille.
  • L’élimination du calcium ou l’inhibition du sérum de patients avec un extrait purifié de parvalbumine de morue entraîne une diminution significative et complète de la liaison des IgE.
  • Lorsqu’on teste contre de la parvalbumine recombinante, 3 des 13 sérum réagissent avec la parvalbumine et 11 sur 12 avec la parvalbumine de R esculenta.
  • Les tests cutanés réalisés avec de la parvalbumine recombinante de grenouille sont positifs chez les patients allergiques aux poissons.
  • Les études d’inhibition montrent que les patients allergiques au poisson et à la grenouille étaient d’abord sensibilisés aux poissons.

 Conclusion  :

  • La parvalbumine de morue, un allergène majeur qui croise avec différentes espèces de poissons a des épitopes qui sont communs à la parvalbumine de grenouille avec des épitopes qui lient les IgE spécifiques.
  • Cette réactivité croisée in vitro semble également significative sur le plan clinique.
  • Les parvalbumines représentent probablement une nouvelle famille d’allergènes qui entraîne des réactivités croisées entre espèces.

Les auteurs démontrent qu’il existe une réactivité croisée in vitro entre la parvalbumine de poisson et de grenouille, les IgE reconnaissant une fraction du muscle de grenouille.

Cette réaction croisée est significative sur le plan clinique. Les parvalbumines sont une nouvelle classe d’allergènes qui croisent.

Ce travail est surtout intéressant sur le plan théorique.

Il est en effet peu probable qu’il y ait beaucoup de patients qui présentent une réaction croisée effective car on mange très peu de grenouilles actuellement.

Par contre, cela prouve l’ubiquité des épitopes et surtout, finalement un certain manque de spécificité. C’est la structure conformationnelle qui est responsable de l’allergénicité, et il existe des parentés entre différentes parvalbumines. Le fait d’une allergie croisé entre poisson et grenouille permet de penser qu’il existe finalement des structures communes qu’il sera peut-être possible de retrouver dans d’autres espèces.

Peut-on un jour penser découvrir une sorte d’épitope universelle, dont le blocage permettrait de supprimer toutes les allergies alimentaires ? Ou bien ces réactions croisées ne sont-elles qu’anecdotiques, ne représentant qu’un très faible nombre de patients qui se sont sensibilisés par hasard à un allergène commun mais mineur ?

En tout cas, l’extrait allergénique de morue est un bon outil diagnostic, puisqu’il permet de repérer le patient ayant une sensibilisation clinique aux poissons et à la grenouille.

Vos commentaires

  • Le 14 mars 2016 à 19:35, par coco En réponse à : Une allergie croisée qui en plus saute !! Histoire de grenouille....

    si cela peut interresser quelqu’un pour l’evolution des recherces, je suis allergique aux poissons, crustacées et grenouille depuis ma naissance !
    cette allergie n’est pas une nouvelle allergie, j’ai 50 ans cette année, et ne peux absolument pas manger un seul de ces aliments, l’odeur elle même m’inconforte( yeux qui brulent, toue, fond des oreilles qui grattent) !
    même si je donne des croquettes au poisson à mon chat, je fais ce genre de crise dès qu’il vient me faire un calin trop près du visage !!!!

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