EAACI à Amsterdam - Le congrès du Dr. F. Rancé : 13, 14, 15 juin 2004

mercredi 16 juin 2004 par Dr Fabienne Rancé2234 visites

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EAACI à Amsterdam - Le congrès du Dr. F. Rancé : 13, 14, 15 juin 2004

EAACI à Amsterdam - Le congrès du Dr. F. Rancé : 13, 14, 15 juin 2004

mercredi 16 juin 2004, par Dr Fabienne Rancé

Voici les communications qui ont retenu l’attention du Dr Fabienne Rancé essentiellement dans le domaine de l’allergie alimentaire. Quelques résultats surprenants qui remettent en question les règles qui semblaient établies dans ce domaine.


 Diagnostic précoce de l’allergie dans l’eczéma atopique par Bodo Niggemann

Il n’existe pas d’âge inférieur limite pour rechercher une allergie au cours de l’eczéma atopique de l’enfant.

La sensibilisation peut être in utéro, via le lait maternel ou par l’exposition précoce aux allergènes.

Les allergies sont IgE-médiées ou non IgE-médiées.

Les allergènes sont très variés, respiratoires, alimentaires et parfois masqués.

Le diagnostic associe différents tests allergologiques : tests cutanés (extrait natif pour les aliments afin d’améliorer la valeur prédictive négative), dosage des IgE spécifiques, patch tests et test de provocation par voie orale.

Bodo Niggemann rapporte les résultats d’une étude en cours de publication sur les valeurs seuils des IgE spécifiques dirigées contre l’œuf de poule et le lait de vache.

Pour obtenir une valeur prédictive positive de 95%, la valeur seuil des IgE blanc d’œuf est de 10 kU/L et celle du lait de vache à 46 kU/L avec la technique CAP system de Pharmacia.

A cette valeur prédictive positive, un enfant sur 20 est identifié à tort comme allergique.

Les auteurs ont donc calculé la valeur prédictive positive à 99%. Elle se situe à 14 kU/L pour l’œuf de poule et à 67 kU/L pour le lait de vache.

N’ayant pu obtenir ces valeurs prédictives, les valeurs seuils n’ont pas pu être déterminées pour le blé et le soja. Pour ces derniers aliments, le ratio IgE spécifiques sur IgE totales apparaît intéressant.

L’eczéma atopique et l’allergie alimentaire sont 2 maladies associées.

L’incidence de l’allergie alimentaire au cours d’eczéma atopique évaluée à 33% est encore plus récemment estimée à 46%. Pourtant, les signes cutanés au cours des tests de provocation par voie orale en double aveugle sont de l’ordre de 50% et l’eczéma isolé entre 6 et 15%.

 Lait maternel et prévention par Magnus Wickman

Magnus Wickman présente les résultas non encore publiés du suivi de plus de 4000 nouveaux- nés jusqu’à l’âge de 4 ans (cohorte suédoise BAMSE).

Le facteur allaitement maternel est exhaustivement analysé sur l’apparition des différentes manifestations atopiques, l’incidence des sensibilisations mesurées par Phadiatop et Fx5, en fonction de la durée de l’allaitement (0-2 mois, 3-4 mois, plus de 5 mois) et du caractère exclusif ou partiel de l’allaitement.

  • L’allaitement maternel protège du développement de l’asthme à l’âge de 4 ans avec un OR de 0.72 (IC95% 0.53-0.97).
  • L’hérédité familiale ne modifie pas significativement les résultats (0.61 en l’absence d’hérédité familiale et 0.91 en présence d’une atopie familiale).
  • L’allaitement maternel exclusif ou partiel diminue de 50% l’incidence de l’asthme à 4 ans.
  • La protection est encore plus manifeste pour un allaitement exclusif et prolongé plus de 5 mois, OR 0.32.
  • Il convient de prendre en considération les différents phénotypes de l’asthme.
    • L’allaitement maternel protège du développement d’un asthme à 4 ans les groupes des siffleurs précoces et persistants (0R 0.35),
    • des siffleurs précoces et transitoires (OR 0.51) et
    • des siffleurs à début tardif et persistants (OR 0.82).
  • L’existence d’une sensibilisation ne modifie pas la protection de l’allaitement maternel : OR 0.53 en cas de sensibilisation et 0.67 en l’absence de sensibilisation.
  • L’allaitement maternel protège également du développement de la dermatite atopique à l’âge de 4 ans, que l’allaitement soit partiel ou exclusif et quelle que soit l’existence ou non d’une sensibilisation.

En définitive, l’allaitement maternel est un facteur protecteur du développement de la dermatite atopique et de l’asthme. Il réduit par un facteur 0.54 le risque de débuter la « marche atopique » encore appelée la carrière de l’allergique.

 Allergie alimentaire et voies de sensibilisation par Gideon Lack

Les voies de sensibilisation d’une allergie alimentaire retenues et prouvées par des études cliniques ou par des travaux expérimentaux sont orales bien sûr, et également cutanées, inhalées.

On ne peut pas retenir les hypothèses d’une augmentation de l’incidence de l’allergie à l’arachide par une consommation d’arachide pendant la grossesse ou une consommation d’arachide par l’enfant. En revanche, l’application de crèmes à base d’huile d’arachide sur une peau altérée comme l’eczéma est bien un facteur qui multiplie par 8 le risque de développer une allergie alimentaire à l’arachide.

La conclusion est qu’il faut traiter énergiquement l’eczéma atopique pour prévenir l’allergie alimentaire.

 Allergie alimentaire et asthme par Gideon Lack

L’allergie alimentaire est un facteur de risque du développement ultérieur d’un asthme. Cette affirmation est confortée par les études de cohorte. L’allergie alimentaire prédit un asthme ultérieur.

L’allergie alimentaire est un facteur de risque d’asthme aigu grave. La relation allergie alimentaire et asthme à risque vital est démontrée par 3 études cliniques. L’allergie alimentaire peut déclencher un asthme aigu grave.

L’asthme est un facteur de risque d’anaphylaxie. L’anaphylaxie est une situation clinique qui mime un asthme aigu grave.

Il faut rechercher attentivement une allergie alimentaire chez tous les enfants asthmatiques.

 Sensibilisations aux allergènes inhalés et asthme par Adam Custovic

Le théâtral Adam Custovic expose les données de la cohorte de Manchester, MAAS, avec un suivi jusqu’à l’âge de 5 ans.

  • La probabilité d’avoir un asthme persistant est corrélée avec la valeur des IgE spécifiques aux allergènes respiratoires. Plus la valeur des IgE spécifiques est élevée, plus la probabilité de développer un asthme augmente.
  • Les enfants sensibilisés ont une fonction pulmonaire altérée dans la petite enfance. Plus la valeur des IgE spécifiques est élevée et plus la fonction respiratoire est détériorée. La fonction respiratoire la plus altérée est obtenue en cas de sensibilisation associée à une exposition aux allergènes.
  • Les asthmatiques n’ont pas plus de risque d’être infectés que les non asthmatiques. En revanche, les asthmatiques ont un risque plus élevé d’avoir une infection plus sévère.

Au total, la conjonction d’une sensibilisation, d’une exposition à l’allergène et d’une infection virale, en particulier au rhinovirus, multiplie par 19 le risque de développer un asthme.

Un travail est en cours pour déterminer les valeurs seuils des IgE dirigées contre les allergènes respiratoires.

 L’histoire naturelle des allergies alimentaires par Kirstin Beyer

L’allergie au lait de vache guérit dans 50% des cas à 3 ans et 66% des cas à 5 ans.

L’allergie à l’œuf de poule guérit une fois sur deux à 3 ans.

L’allergie à l’arachide guérit dans moins de 20% des cas.

Un excellent moyen de suivre l’évolution des allergies alimentaires et de déterminer le moment le plus opportun pour le test de provocation par voie orale à la recherche d’une guérison est de suivre l’évolution des IgE dans le temps.

Kirstin présente les résultats d’une étude en cours de publication sur le suivi des IgE œuf de poule et lait de vache.

  • Pour l’œuf de poule, une diminution de la valeur des IgE de 50% sur 12 mois est associée à une probabilité de tolérance de 52%.
  • Une diminution de la valeur des IgE de 90% sur 12 mois est associée à une probabilité de tolérance de 78%.
  • Une diminution de la valeur des IgE de 90% sur 5 ans est associée à une probabilité de tolérance de 53%.
  • Pour le lait de vache, une diminution des IgE de 50% sur 12 mois confère une chance de guérison de 31% ;
  • une diminution de 90% sur le même laps de temps un probabilité de guérison de 66% et
  • une diminution de 99% en 12 mois est associée à une guérison dans 94% des cas.

    La prévention secondaire par la lévocétirizine (étude « EPAAC »)

    par Ulrich Wahn

L’étude EPAAC, « early prevention of asthma in atopic children », est une étude multicentrique, en double aveugle, contre placebo, en groupe parallèle réalisée dans 12 pays et 95 sites.

 L’objectif principal est de comparer la lévocétirizine et le placebo sur le début d’apparition de l’asthme après 18 mois de traitement chez les enfants indemnes d’asthme mais souffrant de dermatite atopique.

 Les enfants sont âgés de 12 à 24 mois, ont une atopie familiale, présentent une sensibilisation aux pollens de graminées ou aux acariens et ont un indice du Scorad supérieur à 10.

 Une présélection de 2349 enfants a finalement permis d’inclure dans l’étude 514 enfants dont 39 en France.

 Les caractéristiques épidémiologiques et du mode de vie sont disponibles chez les enfants présélectionnés.

 Les résultats ont été présentés à partir d’un échantillon de 973 enfants, soit 46% de l’effectif.

  • Il s’agit de garçons dans 58% des cas, âgés en moyenne de 17.9 mois avec un scorad moyen de 34.
  • Les IgE totales sont supérieures à 30 dans 57% des cas et les enfants sont polysensibilisés dans 70% des cas (IgE de classe supérieure ou égale à 1).
  • La répartition des sensibilisations alimentaires est la suivante :
    • blanc d’œuf 45%,
    • lait de vache 30%,
    • arachide 26%.
  • La répartition des sensibilisations respiratoires est
    • pollens graminées ou alternaria 14%,
    • acariens ou chat 32%.

 Une exposition aux phanères animales est relevée chez 59% des enfants.
 Les sensibilisations au chat et à l’œuf semblent moins fréquentes en cas d’exposition isolée au chien, comparés avec une exposition au chat seul, au chat et au chien ou à aucun animal. Il semblerait donc qu’une exposition au chien dans l’enfance protège du développement de sensibilisations alimentaires ou respiratoires.

 D’autre part, 74% des enfants ont présenté une infection et 67% ont bénéficié d’une antibiothérapie.

  • Une différence selon les pays apparaît avec en Grande Bretagne un nombre élevé d’enfants infectés prenant des antibiotiques alors que les enfants tchèques, même s’ils sont souvent infectés, reçoivent moins souvent des antibiotiques.
  • En France, 80% des enfants infectés bénéficient d’une antibiothérapie.

 La couverture vaccinale est excellente : 99,7% des enfants ont été vaccinés.

  • La vaccination par le BCG, concernant surtout les enfants français, semble protéger des sensibilisations avec un OR de 0.29 chez les 94 enfants vaccinés par le BCG.

Il s’agit de résultats préliminaires et nous attendons avec impatience l’évaluation sur la population globale.

L’étude EPAAC et sensibilisation à l’arachide

par John Warner.

L’étude EPAAC, « early prevention of asthma in atopic children », est une étude multicentrique, en double aveugle, contre placebo, en groupe parallèle réalisée dans 12 pays et 95 sites.

Les enfants sont présélectionnés et seul les enfants sensibilisés aux pollens ou aux acariens participent à l’étude.

Néanmoins, les données épidémiologiques et les résultats des IgE spécifiques sont disponibles chez les enfants présélectionnés.

Sur les 1863 enfants pour lesquels les données sont analysables et tous pays confondus, 25% ont des IgE arachide de classe supérieure ou égale à 2, 24% d’entre eux consomment de l’arachide.

L’analyse statistique enregistre un OR à 0.52 (p=0.10) entre la présence d’IgE arachide et la consommation d’arachide.

L’analyse devient statistiquement significative en étant individuelle, ajustée à l’âge au sexe et au pays : OR 0.62 (IC 95% 0.47-0.83).

Ainsi, les sensibilisations à l’arachide sont relevées chez les enfants qui ne consomment pas d’arachide.

On pourrait aussi énoncer qu’une consommation d’arachide dans l’enfance diminuerait la prévalence des sensibilisations à l’arachide mesurées par les IgE spécifiques.

Nous manquons de précision en ce qui concerne la dose, la forme et l’âge d’introduction de produits à base d’arachide.

Néanmoins, ces résultats sont concordants avec les données récentes de la littérature.

Les résultats de l’âge de la diversification sur les sensibilisations et les manifestations atopiques sont attendus avec impatience.

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