Diversifie, diversifie, il en restera peut-être... de l’allergie !

lundi 21 juin 2004 par Dr Alain Thillay2083 visites

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Diversifie, diversifie, il en restera peut-être... de l’allergie !

Diversifie, diversifie, il en restera peut-être... de l’allergie !

lundi 21 juin 2004, par Dr Alain Thillay

Le temps de la diversification alimentaire de plus en plus précoce chez le nourrisson est révolu surtout s’ils sont issus de famille d’allergiques. Le but de cette étude était d’étudier l’introduction des aliments à fort potentiel allergisant chez des nourrissons dont la famille comportait des antécédents de manifestations d’allergie.

Introduction des aliments durant la première année de vie : une étude qui met l’accent sur l’introduction du gluten et de l’œuf, du poisson et de l’arachide dans des familles à au risque d’allergie. : van Odijk J, Hulthen L, Ahlstedt S, Borres MP.

Department of Clinical Nutrition, Faculty of Medicine, Sahlgrenska Academy at Goteborg University, Goteborg, Sweden

dans Acta Paediatr. 2004 Apr ;93(4):464-70

 BUT

  • Le but de cette étude était d’étudier rétrospectivement l’introduction des aliments durant la première année de vie dans un échantillon représentatif d’enfants suédois.
  • Un deuxième objectif était de montrer comment des parents ayant des antécédents atopiques introduisaient les aliments chez leurs enfants.

 METHODES

  • Les données provenaient de 467 nourrissons qui ont consulté dans des Centres de Soins Pédiatriques dans trois différents comtés suédois lors de la visite de 12 mois.
  • Les parents étaient sollicités afin de remplir un questionnaire concernant l’allaitement maternel et/ou la formule lactée de substitution, le moment de sevrage et de l’introduction tout particulièrement le lait de vache, la formule lactée de suite, les céréales, le poisson et les œufs.
  • Les questions en rapport avec les allergies familiales, la consommation d’arachide de la mère et de l’enfant et les questions sur la taille de la fratrie, le contexte ethnique et l’éducation parentale ont été incluses.

 RESULTATS

  • Les recommandations concernant l’introduction des aliments contenant du gluten étaient peu suivies, ainsi 45% avaient fait l’éviction des aliments contenant du gluten jusqu’à l’âge de 6 mois, au lieu de l’introduire entre 4 et 6 mois.
  • Seulement 33% des parents issus de famille dont le caractère allergique était établi faisaient l’éviction du poisson chez leur enfant et 23% faisaient l’éviction des œufs durant la première année, même si cette recommandation existait au moment de cette étude.
  • Presque 50% de l’ensemble des mamans avaient fait l’éviction de l’arachide durant la grossesse même si elles n’avaient pas reçu le conseil de la faire.
  • L’éviction de l’arachide n’était pas en relation avec le caractère allergique de la famille.

 CONCLUSION

  • Ces résultats suggèrent que le moment d’introduction du gluten n’était pas en accord avec les recommandations actuelles.
  • Ces résultats sont en faveur de la nécessité de pratiquer une information, et comment la donner, sur l’alimentation aux parents ayant un nourrisson et aussi affiner l’information à donner aux bons groupes cibles, sinon la réalisation de stratégies préventives sera peu utile.

Globalement, cette étude suédoise semble indiquer que les parents ayant un terrain allergique ne suivent pas les recommandations usuelles quant à l’introduction des aliments contenant du gluten, les œufs, le poisson et l’arachide chez leur nourrisson.

Toutefois, il faudra prendre ces résultats avec une certaine prudence, il ne s’agit que d’une étude de questionnaire. En outre, nous n’avons pas d’éléments concernant les recommandations reçues par les parents ou celles qu’ils n’ont pas reçues.

Malgré ces précautions habituelles, cette étude nous interpelle tout particulièrement dans la pratique de l’Allergologue praticien.

Cela nous rappelle notre rôle dans la transmission de l’information et des corrections de l’information qui passe dans la grand public.

Ainsi, j’ai toujours été très critique quant à la « collectivisation » de l’information médicale. Ce rôle revient avant tout au praticien de terrain qui doit inlassablement faire passer les messages dans le colloque singulier de la consultation.

C’est tout l’objet de cette étude, les auteurs posent la bonne question : quelle doit être la stratégie de communication ? Il faut enfoncer le clou, c’est au médecin de la faire, jour après jour et non pas à des organismes de collectivité. Je sais c’est très à la mode, par exemple les écoles de l’asthme. Pourtant, je n’y crois pas une seconde...

Ce que je dis là n’est sans doute pas très politiquement correct, mais le politiquement correct n’est sans doute rien d’autre que de la démagogie fardée.

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