Issue fatale à la désensibilisation : rare et prévisible.

samedi 26 juin 2004 par Dr Alain Thillay3397 visites

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Issue fatale à la désensibilisation : rare et prévisible.

Issue fatale à la désensibilisation : rare et prévisible.

samedi 26 juin 2004, par Dr Alain Thillay

L’effet secondaire majeur, évidemment le plus redouté, de la désensibilisation est le décès. Il s’agit ici d’une évaluation de ce risque aux États-Unis sur une période de onze ans. Les résultats mettent en exergue les causes de ces décès, elles sont pour la plupart évitables.

Étude sur onze ans concernant les réactions fatales dues aux injections d’allergènes et aux tests cutanés : 1990-2001. : David I. Bernstein, MD a * Mark Wanner, BS a Larry Borish, MD b Gary M. Liss, MD c,d the Immunotherapy Committee of the American Academy of Allergy, Asthma and Immunology

From athe Division of Immunology-Allergy, University of Cincinnati College of Medicine ; bthe Division of Allergy and Clinical Immunology, University of Virginia ; cGage Occupational and Environmental Health Unit ; and dthe Department of Public Health Sciences, Faculty of Medicine, University of Toronto, Toronto Canada

dans JACI June 2004 • Volume 113 • Number 6

 CONTEXTE

  • Les réactions fatales en rapport avec les injections d’immunothérapie spécifique et les tests cutanés n’ont pas été évaluées en Amérique du Nord depuis 1989.

 OBJECTIF

  • Une surveillance des réactions fatales et des réactions sévères mettant en danger la vie en relation avec les tests cutanés et l’immunothérapie survenues entre 1990 et 2001 a été conduite parmi les membres de l’American Academy of Allergy, Asthma and Immunology (AAAAI).

 METHODES

  • Un petit questionnaire sur les réactions fatales a été adressé à tous les praticiens allergologues de l’AAAAI,
  • un questionnaire détaillé comptant 87 items a été envoyé ensuite à ceux rapportant des réactions fatales.

 RESULTATS

  • Des 2404 membres, 646 (25%) ont répondu au petit questionnaire initial.
  • Il a été dénombré 20 réactions fatales dues à l’immunothérapie directement rapportées et 21 cas rapportés indirectement par des médecins généralistes.
  • Il a été relevé 273 réactions sévères mettant en danger la vie (43% de l’échantillon de praticiens ayant répondu).
  • Les réactions fatales correspondent à une pour 2,5 millions d’injections, soit une moyenne de 3,4 décès par an.
  • Une réaction fatale a été confirmée en rapport avec des tests cutanés comportant de multiples trophallergènes.
  • Parmi les 17 décès décrits dans le questionnaire long, 15 étaient des patients asthmatiques, la majorité de ces patients n’étaient pas parfaitement contrôlés quant à la symptomatologie asthmatique.
  • Trois réactions ont eu lieu dans le cadre d’une structure non médicalisée.
  • Aucun des patients ne recevaient de Bêta-Bloqueur et un seul était sous inhibiteur de l’enzyme de conversion.
  • La plupart des réactions fatales (59%) sont apparues alors qu’il s’agissait d’une dose d’entretien de l’immunothérapie spécifique.
  • La survenue de 3 réactions a débuté plus de 30 minutes après les injections, avec un délai significatif du recours à l’adrénaline.
  • L’adrénaline n’a pas été administrée dans 3 autres réactions fatales.

 CONCLUSIONS

  • Les réactions fatales dues aux injections d’immunothérapie spécifique apparaissent à des taux similaires que dans les précédentes études.
  • Certaines pratiques se sont améliorées : par exemple, exclusion des Bêta-bloqueurs, et, les erreurs de dosage qui sont peu fréquentes.
  • Les réactions fatales dues à l’immunothérapie spécifique ont lieu souvent dans un contexte non médicalisé inapproprié pour la prise en charge d’une réaction anaphylactique.
  • Une stricte adhésion aux guides de pratique devrait permettre de prévenir ou minimiser les réactions fatales futures.

Ce travail constitue une mise au point très utile pour la pratique courante de l’allergologie.

En effet, elle a trait à la thérapeutique spécifique de l’allergologie praticienne, l’immunothérapie spécifique.

Il faut retenir de cette étude, les 41 décès répertoriés sur une durée de onze ans rapportés par 646 allergologues américains, soit une moyenne 3,4 décès par an, soit une réaction fatale pour 2,5 millions d’injections de désensibilisation.

Les faits notables a rapporté sont les suivants :

  • il s’agit le plus souvent d’injections de rappel,
  • il n’y a plus de prescription de Bêta-Bloqueur,
  • les erreurs de dosage sont rarissimes,
  • la plupart des patients décédés étaient des asthmatiques non équilibrés,
  • plus de la moitié (59%) de ces décès sont survenus en milieu non médicalisé impropre à la prise en charge de l’anaphylaxie ou d’une détresse respiratoire aiguë grave et
  • qu’encore trop souvent le recours à l’adrénaline est omis ou différé.

L’acte de désensibilisation est un acte clinique qui doit comporter un interrogatoire, un examen clinique avec un DEP.

Cet acte ne peut donc être fait que par un médecin, à son cabinet et ayant sous la main adrénaline, perfusion, oxygène.

Tout ces décès sont des morts de trop, il suffit de suivre les guides de bonnes pratiques de l’Allergologie pour les voir disparaître.

Enfin, on se rappellera que ce sont les asthmatiques qui paient le plus lourd tribu, un indice de plus qui montre que nous ne prenons pas encore assez bien en charge le traitement de la maladie asthmatique.

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