Les IgE totales sériques : la boule de cristal de l’Allergologue !

samedi 10 juillet 2004 par Dr Alain Thillay5185 visites

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Les IgE totales sériques : la boule de cristal de l’Allergologue !

Les IgE totales sériques : la boule de cristal de l’Allergologue !

samedi 10 juillet 2004, par Dr Alain Thillay

L’intérêt du dosage des IgE totales sériques est de longue date controversé dans le domaine du diagnostic positif d’une pathologie IgE médiée. Ici, les auteurs persistent pour savoir si le taux des IgE totales sériques permet de prédire la dermatite atopique à l’âge de 5 ans.

Histoire naturelle de la dermatite atopique et sa relation avec les IgE totales sériques dans une étude de population de cohorte de naissance. : Michael R. Perkin1, David P. Strachan2, Hywel C. Williams3, Cameron T. C. Kennedy4, Jean Golding5 and the ALSPAC Study Team

1Department of Child Health, St George’s Hospital Medical School, London, UK, 2Department of Community Health Sciences, St George’s Hospital Medical School, London, UK, 3Centre of Evidence-Based Dermatology, University of Nottingham, Queen’s Medical Centre, Nottingham, UK, 4Department of Dermatology, Bristol Royal Infirmary, Bristol, UK, 5Unit of Paediatric & Perinatal Epidemiology, Division of Child Health, University of Bristol, Bristol, UK

dans Pediatric Allergy and Immunology 15 (3), 221-229.

 OBJECTIF

  • Nous avons étudié l’histoire naturelle de la dermatite atopique (DA) dans une population de cohorte de naissance et évalué si les enfants à risque d’eczéma à 5 ans pouvaient être identifiés par le dosage des IgE totales sériques mesurées à 8, 12 et 18 mois.

 METHODES

  • Les données collectées concernant la DA incluaient un examen de l’ensemble du corps à la recherche de signe d’eczéma à l’âge de 4 ans et de 5 ans et celles recueillies auprès des parents à l’aide d’un questionnaire concernant les premiers mois de vie.
  • Les enfants étaient divisés en quatre groupes en fonction de l’histoire de leur DA :
    • persistante (DA à 1, 6, 18, 30 et 42 mois, n=34),
    • intermittente d’apparition précoce (avant 18 mois, n=495),
    • intermittente d’apparition tardive (18-42 mois, n=273) et
    • sans modification (n=429).

 RESULTATS

  • Les signes visibles d’eczéma à 5 ans étaient présents chez 12,2% d’entre eux (IC=95%, 10,1-14,3%).
  • Les taux des IgE totales sériques mesurés à 8, 12 et 18 mois étaient associés avec l’apparition précoce de la DA, mais pas avec l’apparition tardive.
  • Pour les quatre groupes, la moyenne géométrique des IgE totales sériques à 12 mois était plus élevée chez ceux qui avaient des signes visibles d’eczéma ultérieurement que chez ceux qui n’en avaient pas.
  • Cependant, le degré de superposition était tel que les IgE totales sériques à 12 mois était un facteur prédictif faible de la DA à l’âge de 5 ans.
  • La dose seuil de 78 kU/l avait la valeur prédictive positive la plus haute pour prédire l’eczéma à 5 ans à 28,6%, avec une sensibilité de 12% et une spécificité de 95%.

Voici une étude de plus qui ne nous encouragera pas à pratiquer des dosages des IgE totales sériques chez le nourrisson et le petit enfant.

On retiendra seulement que seuls des taux significativement élevés d’IgE à l’âge de 8, 12, 18 mois sont associés à une DA d’apparition précoce, nous voyons le peu d’intérêt de ce constat sachant que l’apparition précoce était définie avant 18 mois.

Même la dose seuil de 78 kUI/l ayant la valeur prédictive positive la plus haute pour prédire la DA à 5 ans n’a qu’une sensibilité de 12%, soit un taux important de faux négatifs certes avec une spécificité de 95% soit peu de faux positifs, autant dire que les IgE totales sériques n’ont d’intérêt que pour confirmer la DA !

Les auteurs n’ont pas donné de conclusion dans leur résumé d’article, je le ferai donc à leur place : le dosage des IgE totales sériques chez le nourrisson ne présente que peu d’intérêt dans la prédiction d’une DA à l’âge de 5 ans.

Dans cette occurrence, nous resterons donc attachés aux antécédents familiaux d’atopie et à la présence chez l’enfant d’un ou plusieurs tests cutanés positifs pour les aéroallergènes et/ou trophallergènes classiques dans la classe d’âge.

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