TRUE TEST, un test de trop ?

mardi 21 septembre 2004 par Dr Alain Thillay4839 visites

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TRUE TEST, un test de trop ?

TRUE TEST, un test de trop ?

mardi 21 septembre 2004, par Dr Alain Thillay

L’allergie de contact est une pathologie pour laquelle les allergènes les plus fréquents sont bien connus. Les auteurs évaluent ici, à l’aide d’une méta-analyse, la pertinence du TRUE-TEST. Ce test est-il suffisamment performant en pratique courante ?

Prévalence et pertinence des allergènes de contact : une méta-analyse concernant les données du TRUE TEST sur 15 ans. : Krob HA, Fleischer AB Jr, D’Agostino R Jr, Haverstock CL, Feldman S.

Department of Dermatology,Wake Forest University School of Medicine, Winston-Salem, NC 27157-1071, USA

dans J Am Acad Dermatol. 2004 Sep ;51(3):349-53

 CONTEXTE

  • Les tests épicutanés sont fréquemment employés afin d’aider à déterminer ou confirmer la cause de la dermatite de contact.
  • Le TRUE TEST est devenu un standard et est un dispositif de tests épicutanés disponibles utilisé aux Etats-Unis.
  • Bien que de nombreuses études rapportent des données concernant le TRUE TEST, aucune n’a mesuré la prévalence globale et la pertinence des réactions aux allergènes testés par le TRUE TEST.

 OBJECTIF

  • Notre objectif est de décrire la prévalence et la pertinence des allergènes de contact testés par le TRUE TEST.

 METHODES

  • Nous avons conduit une recherche dans les données de MEDLINE de 1966 à 2000 concernant toutes les publications sur l’utilisation du TRUE TEST dans l’évaluation clinique de la dermatite de contact chez l’homme.
  • Des critères d’inclusion et d’exclusion ont été appliqués.
  • Pour chaque étude, nous avons identifié et enregistré le nombre de sujets testés, le nombre de patients ayant des réactions positives et le nombre de réactions pertinentes.
  • Les données ont été analysées à l’aide du système SAS (Cary, NC).

 RESULTATS

  • Notre étude est la première à compiler l’ensemble du corpus des données publiées concernant le TRUE TEST et ces données ont été évaluées à l’aide de techniques méta-analytiques.
  • La méta-analyse montre que le nickel (14,7% des patients testés), le thiomersal (5%), le cobalt (4,8%), le mélange de parfums (3,4%) et le baume du Pérou (3%) sont les allergènes qui ont la plus grande prévalence.
  • Les cinq moins prévalents sont le parabens mix (0,5%), le caoutchouc noir mix (0,6%), quaternarium-15 (0,6%), quinoline mix (0,7%) et caïne mix (0,7%).
  • Alors que les données de la « North American Contact Dermatitis Data Group » (NACDG) montrent que les 5 allergènes les plus fréquents sont le nickel (14,3%), le mélange de parfums (14%), la Néomycine (11,6%), le baume du Pérou (10,4%) et le Thiomersal (10,4%).
  • Pour le NACDG la prévalence de l’allergie au cobalt est de 9,2%.
  • Pour évaluer l’importance clinique du TRUE TEST, nous avons employé l’index chiffrant le rapport significativité/prévalence d’un test (plus ce rapport est élevé plus le test est pertinent) c’est le test SPIN.
  • En fonction du SPIN, les allergènes les plus importants cliniquement testés par le TRUE TEST sont le nickel (SPIN=894), le cobalt (266), le fragrance mix (158), la colophane (141) et thiuram mix (138).

 CONCLUSIONS

  • Nos résultats identifient la prévalence les allergènes courants responsables d’eczéma de contact en tant qu’allergènes testés par le TRUE TEST. Ces résultats sont en général en accord avec les rapports antérieurement publiés concernant d’autres méthodes de tests épicutanés.
  • Plus de 3700 allergènes ont été identifiés susceptibles d’être responsables de dermatite de contact, alors que le TRUE TEST ne teste que seulement 23 allergènes.
  • Ainsi, le TRUE TEST est à considérer comme un test de débrouillage tout au plus.
  • La comparaison avec les données du NACDG suggère que les allergènes cliniquement importants peuvent être négligés par le TRUE TEST.

Que dit cette étude ? Tout simplement qu’il est difficile de faire du diagnostic de dermatite de contact avec une batterie ne comptant que 23 tests alors que l’environnement humain compte environ 3700 allergènes potentiels.

Les allergènes les plus pertinents cliniquement sont le nickel, le cobalt, les parfums, la colophane et thiuram mix. Ces résultats sont en accord avec les publications antérieures.

En pratique courante, l’Allergologue doit s’aider d’allergènes « natifs » extraits de l’environnement du patient (milieu professionnel, cosmétique, produits d’hygiène, produits d’un passe-temps...). Il fera appel aussi aux batteries complémentaires.

Bien sûr, il se pose alors le problème du coût des ces batteries complémentaires. Il faut noter que le prix, ne serait-ce que celui de la batterie standard en France a beaucoup augmenté. Certes le TRUE TEST est disponible en pharmacie mais non remboursé.

Le diagnostic de la pathologie de contact nécessite donc des moyens. Cela suggère que des pôles d’activité allergologique doivent être créés en milieu hospitalier pour que l’allergologue libéral attaché ou non à ce pôle puisse adresser ses patients pour application des tests épicutanés de son choix et dont il pourra pratiquer la lecture en son cabinet.

J’insiste sur ce point car c’est ainsi que je vis le diagnostic de l’allergie de contact à Tours. En effet, au sein du CHU a été créé un pôle allergologique où toutes les batteries spécialisées de tests épicutanés sont disponibles. Les infirmières ont été formées à la pratique de tous les tests allergologiques. C’est sans doute un moyen efficace et peu onéreux au niveau de la collectivité.

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