Attention à l’OSM chez l’allergique !

samedi 20 novembre 2004 par Dr Alain Thillay15396 visites

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Attention à l’OSM chez l’allergique !

Attention à l’OSM chez l’allergique !

samedi 20 novembre 2004, par Dr Alain Thillay

L’otite séreuse moyenne (OSM), qu’il faut bien différencier de l’otite moyenne aiguë, peut avoir pour étiologie l’allergie. Ici, les auteurs tentent de démontrer que dans ce cas, il existe une unité anatomo-immunopathologique des voies aériennes respiratoires supérieures.

Inflammation allergique comparable de l’oreille moyenne et des voies respiratoires supérieures : mise en évidence d’un lien entre otite moyenne séreuse et le concept unitaire des voies respiratoires. : Lily H.P. Nguyen, MD, MSc, FRCSC a
John J. Manoukian, MD, FRCSC a
Steven E. Sobol, MD, FRCSC d
Ted L. Tewfik, MD, FRCSC a
Bruce D. Mazer, MD, FRCPC b
Melvin D. Schloss, MD, FRCSC a
Rame Taha, MD c
Qutayba A. Hamid, MD, PhD c *

# aFrom the Department of Otolaryngology
# bDepartment of Allergy and Immunology
# cMeakins-Christie Laboratories, McGill University, Montreal
# dDivision of Pediatric Otolaryngology, University of Pennsylvania School of Medicine

dans JACI November 2004 • Volume 114 • Number 5

 CONTEXTE

  • L’otite séreuse moyenne (OSM) est une maladie inflammatoire chronique de l’oreille moyenne caractérisée par l’accumulation de liquide.
  • Des investigations antérieures ont suggéré que les mécanismes immunopathologiques sous-jacents responsables du développement de l’OSM chez les patients allergiques étaient dus largement aux effets des médiateurs du profil TH2.
  • La composition du substrat inflammatoire de la sérosité de l’otite moyenne allergique est comparable à la phase retardée de la réaction allergique constatée partout ailleurs au niveau du tractus respiratoire, comme dans le cas de l’asthme et de la rhinite allergique.

 OBJECTIF

  • Déterminer si l’oreille moyenne peut être un composant de l’unité des voies respiratoires dans les affections allergiques en comparant les profils inflammatoires de l’oreille moyenne et des voies aériennes supérieures.

 METHODES

  • Les sérosités provenant de l’oreille moyenne, le mucus de la trompe d’Eustache et les biopsies des végétations adénoïdes ont été obtenus chez 45 patients subissant simultanément la pose de drains transtympaniques et d’adénoïdectomie pour hypertrophie adénoïdienne.
  • Les profils cytokiniques et cellulaires de chaque site anatomique ont été évalués par immunocytochimie (élastase, CD3, protéine basique majeure) et par hybridation in situ (IL-4, IL-5, IFN- mRNA).
  • Le statut atopique a été déterminé chez chaque patient par prick tests cutanés.

 RESULTATS

  • Onze des 45 patients atteints d’OSM (24%) étaient atopiques.
  • Les sérosités des oreilles moyennes des patients atopiques avaient des taux significativement élevés d’éosinophiles, de lymphocytes T et de cellules IL-4 mRNA+ (P<0,01) et des taux significativement bas de neutrophiles et de cellules IFN- mRNA (P<0,01) comparées aux sérosités des patients non allergiques.
  • Les biopsies nasopharyngées révélaient des profils cellulaires et cytokiniques similaires.

 CONCLUSION

  • Chez les patients atopiques atteints d’OSM, l’inflammation allergique se produit au niveau des deux extrémités de la trompe d’Eustache, et au niveau de l’oreille moyenne et du nasopharynx.
  • Les résultats de cette étude soutiennent le concept que l’oreille moyenne peut faire partie de l’unité des voies respiratoires chez les sujets atopiques.

Il faut bien différencier l’otite moyenne aiguë (OMA) et l’otite séreuse moyenne (OSM). L’OMA est une maladie secondaire à un agent pathogène (virus, bactérie) alors que dans l’OSM il existe la présence de liquide non purulent dans l’oreille moyenne. L’OSM est due à une dysfonction de la trompe d’Eustache en rapport avec les infections virales des voies respiratoires supérieures, les allergies, otite moyenne aiguë.

Cette étude n’avait donc pas l’objectif de montrer que l’allergie est une des étiologies de l’OSM, ce fait est déjà admis. Non le but ici était de montrer qu’il existe une unité anatomo-immunopathologique de l’ensemble des voies respiratoires, y compris l’oreille moyenne, chez des patients allergiques souffrant d’OSM.

Les résultats montrent que, chez les patients allergiques, le profil cellulaire et cytokinique était comparable au niveau des différents sites de prélèvement (sérosité de l’oreille moyenne, mucus de la trompe de l’Eustache et biopsie adénoïdienne) et de type TH2. Dans le groupe témoin, constitué des patients non allergiques atteints d’OSM, le profil n’est pas comparable de façon significative.

Cette étude élégante semble bien prouver l’existence de l’unité anatomo-immunopathologique des voies aériennes respiratoires supérieures chez le patient allergique.

Sur un plan pratique cela signifie qu’il faut chercher une étiologie allergique dans le cadre d’une otite moyenne chronique non infectieuse et que l’allergologue doit examiner aussi les tympans chez le patient atteint de rhinite allergique.

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