Le moindre enfant qui tousse doit-il avoir un dosage de RAST ?

mercredi 24 novembre 2004 par Dr Philippe Carré10195 visites

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Le moindre enfant qui tousse doit-il avoir un dosage de RAST ?

Le moindre enfant qui tousse doit-il avoir un dosage de RAST ?

mercredi 24 novembre 2004, par Dr Philippe Carré

La toux chez de jeunes enfants peut être d’origine allergique. La probabilité d’être ou non allergique est parfois évidente. Quels sont les éléments cliniques qui permettent au médecin généraliste d’identifier ces enfants, de façon à ne restreindre le dosage des RAST qu’à ceux ayant une probabilité intermédiaire de sensibilisation ?

Toux chez les enfants d’âge préscolaire en pratique de médecine générale : quand les RAST à la recherche d’une allergie respiratoire sont-ils indiqués ? : Petra E. D. Eysink1, Ben J. A. M. Bottema2, Gerben ter Riet1,3, Rob C. Aalberse4, Steven O. Stapel5 and Patrick J. E. Bindels1

1Department of General Practice, Division Clinical Methods and Public Health, Academic Medical Center - University of Amsterdam, Amsterdam, The Netherlands, 2Department of General Practice and Social Medicine, University of Nijmegen, Nijmegen, The Netherlands, 3Horten Zentrum, Zürich University, Zürich, Switzerland, 4Sanquin Research at CLB and Landsteiner Laboratory, Academic Medical Center - University of Amsterdam, Amsterdam, The Netherlands, 5Department of Allergy, Sanquin CLB, Academic Medical Center - University of Amsterdam, Amsterdam, The Netherlands

dans Pediatric Allergy and Immunology
Volume 15 Issue 5 Page 394 - October 2004

 Objectifs :

  • Les objectifs de l’étude étaient d’identifier les types d’histoire clinique associés à des probabilités extrêmes (élevées ou basses) de sensibilisation allergique chez des enfants tousseurs, de façon à restreindre les tests allergiques à ceux ayant une probabilité intermédiaire de sensibilisation.

 Méthodes :

  • Un total de 752 enfants âgés de 1 à 4 ans, consultant leur médecin généraliste pour une toux durant depuis au moins 5 jours, ont eu des mesures d’IgE spécifiques à la poussière de maison, au chat et au chien (RAST).
  • Leurs parents ont complété un questionnaire sur l’histoire familiale d’atopie, l’allaitement, le tabagisme, la présence d’animaux, et le revêtement de sol.

 Résultats :

  • Des 640 enfants dont les données ont pu être analysées, 83 (13%) avaient des IgE positives.
  • En analyse de régression logistique, une formule de score de prédiction d’avoir des IgE positives a été établie en utilisant les variables provenant de l’histoire des patients.
  • Les facteurs contribuant de façon significative à la sensibilisation étaient :
    • l’âge (3-4 ans),
    • l’eczéma infantile,
    • une histoire familiale d’allergie aux acariens,
    • des sifflements d’origine pollinique,
    • le tabagisme parental.
  • Si l’un seulement de ces facteurs était présent, la probabilité de sensibilisation était inférieure à 25% ; dans ce cas, une attitude d’attente peut être préférée à un bilan allergologique.
  • Dans les autres cas, un RAST négatif peut aider à exclure une sensibilisation, alors qu’un RAST positif aide à affirmer le diagnostic.
  • Ainsi, l’analyse de l’histoire clinique seule permet d’éviter environ 80% des RAST.

 Conclusions :

  • L’information médicale dérivée de l’histoire des patients contribue à caractériser les enfants à faible risque de sensibilisation aux acariens, au chat et au chien.
  • Le score de la formule peut aider le médecin généraliste à identifier les enfants ayant une probabilité faible d’être sensibilisés, et d’avoir une attitude attentiste.
  • Chez les autres, le bilan allergologique peut être utile pour avoir plus de certitude diagnostique.

Cette étude a été réalisée en pratique de médecine générale.

La question était de savoir, pour le médecin généraliste qui se trouve face à un enfant qui consulte pour une toux, s’il y avait des critères qui lui permettent d’évoquer un mécanisme allergique, et chez quels enfants il était nécessaire de faire un dosage de RAST pour confirmer le diagnostic suspecté et adresser les enfants pour un bilan allergologique.

L’idée intéressante de cette étude résulte dans l’analyse que le bilan allergologique n’est pas nécessaire en première intention si le risque de sensibilisation paraît faible, et qu’il ne s’impose pas si le risque apparaît important : dans ces deux cas, le dosage des RAST n’a donc que peu d’intérêt en première intention.

Son intérêt est par contre plus intéressant chez les enfants chez qui le risque de sensibilisation est intermédiaire : un RAST négatif peut aider à exclure la sensibilisation, alors que s’il est positif il oriente vers un bilan allergologique spécialisé.

Les auteurs ont analysé un groupe de 640 enfants qui ont eu un dosage de RAST (dont 13% étaient positifs) et un score clinique allergique.

Les facteurs prédictifs d’allergie étaient le jeune âge, l’eczéma atopique, l’histoire familiale d’allergie, une pollinose à expression bronchique et un tabagisme parental.

En cas de positivité d’un seul facteur, la probabilité d’une sensibilisation allergique était faible (moins de 25%) et permettait de différer tout bilan allergologique.

En appliquant ces critères dérivés de l’histoire clinique, les auteurs concluent que le dosage des RAST peut être évité dans 80% des cas.

Cette étude pragmatique est intéressante dans la gestion des toux de l’enfant par le médecin généraliste, si l’on se place uniquement dans le cadre du dosage des RAST.

Mais tout dépend de la technique ; les tests de dépistage multi-allergéniques (type Phadiatop) sont utilisés dans ce but depuis longtemps par les généralistes, dans les situations cliniques équivoques ; dans cette étude, les RAST utilisés concernaient les allergènes spécifiques de la poussière de maison (acariens ?), du chat et du chien, et ils sont donc plus restrictifs ; d’autres allergènes potentiels sont absents (moisissures, blattes par exemple : allergènes fréquents ; voire des allergènes plus rares à cet âge : latex par exemple).

En dehors de ces réserves, cette étude confirme qu’une bonne analyse clinique est la pierre angulaire dans le diagnostic potentiel de l’allergie immédiate chez l’enfant.

Ceci semble particulièrement important dans les toux de l’enfant, qui peuvent être un équivalent allergique et dont la prise en compte n’est pas toujours évoquée d’emblée dans la prise en charge clinique.

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