Bilan de l’année 2004 en Pharmacovigilance

vendredi 17 décembre 2004 par Philippe Auriol, Pr Jean Louis Montastruc3009 visites

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Bilan de l’année 2004 en Pharmacovigilance

Bilan de l’année 2004 en Pharmacovigilance

vendredi 17 décembre 2004, par Philippe Auriol, Pr Jean Louis Montastruc

Chaque mois, le Pr Montastruc du SERVICE DE PHARMACOLOGIE CHU DE TOULOUSE (Centre Midi-Pyrénées de Pharmacovigilance, de Pharmacoépidémiologie et d’Informations sur le Médicament,Laboratoire de Pharmacologie Médicale et Clinique,Unité de Pharmacoépidémiologie EA 3696 IFR INSERM 126) publie un bulletin dénommé BIP qui accompagne le site Internet de leur service, ce mois ci : un récapitulatif de ce qu’il faut retenir de l’année en cours nous y est proposé.

Les faits médiatisés :

 Retrait du rofécoxib Vioxx° : les lecteurs de BIP n’auront pas été surpris. Nous avions largement évoqué les risques cardiovasculaires et digestifs reconnus du rofécoxib, mais aussi de tous les autres coxibs (y compris le célécoxib). En définitive, les coxibs n’apportent pas de bénéfice supplémentaire par rapport aux AINS classiques. Ils font courir des risques supérieurs et leur coût s’avère plus élevé. Ils n’ont donc pas leur place dans nos prescriptions. Il convient d’en rester aux AINS classiques, même chez les personnes à risque. Cet épisode illustre, une fois encore, la nécessité de revenir aux données simples de la pharmacologie en se méfiant des mécanismes d’action théoriques et... des campagnes de presse.

 Contre-indication des AINS à partir du 6ème mois de grossesse (BIP, 2004, 10, 5)

 Les AINS ne sont pas recommandés dans le traitement de la fièvre et/ou de la douleur chez l’enfant atteint de varicelle (BIP, 2004, 10, 11)

 Vaccin hépatite B et sclérose en plaques. La nouvelle étude (Neurology, 2004, 63, 838-42), cas-témoin à partir du GPRD, a mis en évidence une association [RC = 3,1 (1,5-6,3)] entre la survenue de sclérose en plaques et la vaccination hépatite B. Ce risque n’a pas été retrouvé pour les autres vaccins (tétanos, grippe...). La Commission Nationale de Pharmacovigilance de septembre 2004 à l’AFSSAPS a conclu : “Cette étude apporte des éléments en faveur d’une association chez l’adulte. L’ensemble des données ne permet pas de conclure à l’existence de cette association. Cependant, un risque faible ne peut être exclu. Ces données doivent être considérées au regard du bénéfice attendu de vaccination contre l’hépatite B ”.

Les autres faits importants :

 Effets indésirables des neuroleptiques : l’olanzapine Zyprexa° multiplie par 3 le risqued’AVC et par 2 celui de décès chez les sujets âgés déments. Les facteurs de risque correspondent à un âge supérieur à 65 ans, l’existence d’une sédation, d’une dysphagie, d’une malnutrition, d’une déshydratation ou de traitement concomitant par les benzodiazépines. Ce risque a été également décrit avec la rispéridone Risperdal°. Ces neuroleptiques ne doivent être prescrits chez les sujets déments que sur des courtes durées (après échec des anticholinestérasiques, des antidépresseurs sérotoninergiques et des stabilisants de l’humeur). Par ailleurs, le risque diabétogène, bien identifié avec les neuroleptiques “classiques”, s’avère vrai avec tous les neuroleptiques (y compris les “ atypiques ”).

 Attention aux associations médicamenteuses dangereuses : Les AINS antagonisent les effets des IEC (ou des diurétiques) chez l’hypertendu ou l’insuffisant cardiaque (BIP, 2004, 10, 5). L’OMS a rappelé que l’association AINS + diurétiques multiplie par 2 le risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (par rapport aux diurétiques seuls). Les IEC, AINS ou diurétiques sont responsables de plus de 50 % des insuffisances rénales d’origine médicamenteuse en Australie. Dans cette liste, on doit aussi inclure les coxibs et les sartans. Les facteurs favorisants de cet effet indésirable correspondent à l’âge, la présence de diarrhée ou déshydratation.

 Pas de démonstration de l’efficacité des antidépresseurs sérotoninergiques chez le sujet de moins de 18 ans : le risque suicidaire est majoré.

 Risque d’insuffisance rénale, hyperkaliémie sous spironolactone dans l’insuffisance cardiaque : les risques réels s’avèrent plus élevés que ceux décrits lors des essais cliniques (en particulier l’essai RALES).

 Risque infectieux sous anti-TNF alpha, avec en particulier description de tuberculoses résistantes sous infliximab Remicade°

 Valvulopathies cardiaques graves sous le pergolide Celance°, agoniste dopaminergique ergoté prescrit comme antiparkinsonien (BIP, 2004, 10, 9).

 Encore et toujours de nombreuses observations de photosensibilisation graves sous kétoprofène Ketum° et autres.

 La rosuvastatine Crestor° détermine des effets indésirables musculaires graves avec rhabdomyolyse : les facteurs de risque correspondent à une posologie supérieure à 20 mg, l’association au fibrate et l’existence d’insuffisance rénale ou d’hypothyroïdie.

En conclusion,

ce bref survol rappelle l’obligatoire insuffisance de la connaissance des effets des médicaments lors de l’AMM. Ne nous précipitons pas pour prescrire les derniers médicaments nés, toujours mal évalués et mal connus. Restons vigilants vis-à-vis des anciens produits et utilisons le Centre Régional de Pharmacovigilance comme source d’informations validées et indépendantes sur le Médicament.


J’invite tous les médecins allergologues à s’abonner à la lettre d’information du BIP qui propose tous les mois une analyse parfois impertinente des effets pas toujours souhaités de nos médicaments favoris. Visitez le site de l’unité de pharmacovigilance de Toulouse

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