Douane médicale : Le problème n’est pas d’être allergique mais de se déclarer allergique !!

dimanche 9 janvier 2005 par Dr Stéphane Guez1211 visites

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Douane médicale : Le problème n’est pas d’être allergique mais de se déclarer allergique !!

Douane médicale : Le problème n’est pas d’être allergique mais de se déclarer allergique !!

dimanche 9 janvier 2005, par Dr Stéphane Guez

Les médecins sont devenus des comptables collectionneurs qui font régulièrement des études sur la prévalence de tout un tas de maladies. Les allergologues n’échappent pas à la règle. Mais tout cela a-t-il un sens et est-ce que ces chiffres apportent quelque chose au patient ? Discussion autour d’une étude...

Prévalence de l’allergie alimentaire rapportée par les patients et des IgE spécifiques aux allergènes alimentaires chez des enfants scolarisés estoniens et suédois. : Sandin A, Annus T, Bjorksten B, Nilsson L, Riikjarv MA, van Hage-Hamsten M, Braback L.

1Department of Clinical Sciences, Division of Paediatrics, Umea University Hospital, Umea, Sweden.

dans Eur J Clin Nutr. 2004 Dec 15

 Objectif de l’étude :

  • Comparer :
    • la prévalence de l’allergie alimentaire déclarée par les patients
    • et les IgE spécifiques aux allergènes alimentaires
  • chez des enfants scolarisés ayant ou non des sifflements bronchiques,
    • enfants estoniens et suédois,
  • à la lumière des différences qui existe entre ces enfants dans :
    • le style de vie,
    • la façon de s’alimenter
    • et la prévalence des affections allergiques respiratoires
  • entre les 2 pays : l’Estonie et la Scandinavie.

 Méthodologie :

  • Issu de l’étude de phase II ISAAC, les enfants proviennent d’une population randomisée d’écoles de Tallinn en Estonie et de Linköping et Ostersund en Suède.
  • Ils ont bénéficié de tests cutanés aux pneumallergènes et les parents ont rempli un questionnaire.
  • Les IgE spécifiques vis-à-vis d’un panel d’allergènes alimentaires (blanc d’œuf, lait, soja, poisson, blé et arachide) ont été prélevés :
    • chez les enfants ayant des sifflements bronchiques rapportés dans le questionnaire
    • et chez des enfants randomisés n’ayant pas de sifflements.

 Population :

  • Les enfants sont âgés de 10 à 11 ans.

 Résultats :

  • La prévalence des allergies alimentaires rapportées est identique en Estonie et Suède, avec deux fois plus d’enfants ayant des sifflements que d’enfants n’ayant pas de sifflements.
  • En Estonie cependant, 3% des enfants qui signalent des allergies alimentaires rapportent des réactions à au moins 4 aliments, par rapport à 31% en Suède.
  • La prévalence de la sensibilisation aux allergènes alimentaires est identique chez les enfants siffleurs et non siffleurs en Estonie (8%),
  • Alors que chez les enfants Suédois, les IgE aux aliments sont plus fréquents chez les enfants siffleurs :
    • Linköping 38 versus 11%, OR : 5.1 avec IC95% : 2.2-11.6
    • et Ostersund : 24 versus 7%, OR : 4.1, IC95% : 1.9-8.5.

 Conclusion :

  • Cette étude suggère que les réactions alimentaires médiées par les IgE sont moins fréquentes chez les enfants Estoniens.
  • De plus la perception de l’allergie alimentaire et donc la façon de rapporter une éventuelle allergie alimentaire est différente entre les 2 pays.

Dans ce travail épidémiologique, les auteurs ont comparés des enfants Estoniens et Suédois en terme de prévalence de l’allergie alimentaire.

Il n’y a pas de différence entre les enfants, cependant, il y a plus d’allergie alimentaire chez les enfants siffleurs suédois qui ont une sensibilisation beaucoup plus importante.

L’intérêt de ce travail n’est pas dans les chiffres mêmes de prévalence qui n’ont pas vraiment d’intérêt. Savoir qu’il y a plus ou moins de certaines maladies ici ou ailleurs peut orienter les recherches mais il faut bien reconnaître qu’avec l’énorme quantité de données accumulées sur le plan épidémiologique ces dernières années, cela n’a pas permis une avancée spectaculaire aussi bien sur le plan thérapeutique que de la prévention des maladies allergiques.

L’intérêt est ailleurs. Pour la première fois, il est rapporté une différence tenant non à la prévalence de l’affection elle-même mais à sa perception.

Les enfants Estoniens, et surtout leurs parents, ne reconnaissent pas la même fréquence d’allergies alimentaires tout simplement parce qu’ils sont moins focalisés sur les maladies allergiques et ne reconnaissent donc pas le même nombre d’aliments en cause dans la survenue de manifestations allergiques.

On peut donc douter des résultats de nombreuses études épidémiologiques antérieures qui se sont attachées à valider des questionnaires pour qu’ils soient bien compris par des peuples différents.

Mais il reste que la perception de la maladie elle-même ne peut pas être standardisée et que rien n’empêche effectivement un parent de ne pas percevoir au travers d’une manifestation clinique une affection allergique qui mérite d’être signalée.

A posteriori cela peut donc expliquer les contradictions rapportées lorsque l’ont met côte à côte toutes les études épidémiologiques sur les allergies en général.

C’est pourquoi il faut bien admettre que les études épidémiologiques ont leurs limites et ne doivent pas continuer à mobiliser de fortes sommes d’argent qui devraient être redistribuées vers des laboratoires de recherche fondamentale.

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