Hypersensibilité aux PCI : étude tout en contraste !

jeudi 3 février 2005 par Dr Alain Thillay3226 visites

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Hypersensibilité aux PCI : étude tout en contraste !

Hypersensibilité aux PCI : étude tout en contraste !

jeudi 3 février 2005, par Dr Alain Thillay

Pour ce qui concerne les réactions aux produits de contraste iodés (PCI), la plupart des auteurs confirment qu’elles sont rarement d’origine allergique. Ceci ne facilite pas la tâche de l’allergologue pour préciser une conduite pratique après accident. Ici, les auteurs tentent de dégager des axes de recherches pour améliorer la prise en charge de ces patients.

Gestion des réactions d’hypersensibilité aux produits de contraste iodés. : K. Brockow1, C. Christiansen2, G. Kanny3, O. Clément4, A. Barbaud5, A. Bircher6, P. DeWachter7, J.-L. Guéant8, R.-M. Rodriguez Guéant8, C. Mouton-Faivre7, J. Ring1, A. Romano9, J. Sainte-Laudy10, P. Demoly11, W. J. Pichler12 for ENDA* and the EAACI interest group on drug hypersensitivity

1Klinik und Poliklinik für Dermatologie und Allergologie am Biederstein, Muenchen, Germany ; 2Research and Development, Amersham Health AS, Oslo, Norway, now part of GE Healthcare ; 3Department of Internal Medicine, Clinical Immunology and Allergy, University Hospital, Hospital Central, Nancy ; 4Service de Radiologie, Hôspital Europeen G. Pompidou, Paris ; 5Department of Dermatology, Fournier Hospital, Nancy, France ; 6Allergy Unit, Department of Dermatology, University Hospital, Basel, Switzerland ; 7Departement d’Anesthesie-Réanimation, Hospital Central, Nancy ; 8Laboratoire de Pathologie Cellulaire et Moléculaire en Nutrition, Faculté de Médecine de Nancy, France ; 9Department of Internal Medicine and Geriatrics, UCSC, Allergy Unit, C.I. Columbus, Rome and IRCCS Oasi Maria S.S., Troina, Italy ; 10Laboratoire d’Immunologie et d’Allergologie, Paris ; 11Exploration des Allergies - Maladies Respiratoires - INSERM U454, Hôpital Arnaud de Villeneuve, Montpellier, France ; 12Clinic for Rheumatology and Clinical Immunology/Allergology, Inselspital, Bern, Switzerland

dans Allergy 60 (2), 150-158.

 CONTEXTE

  • Tous les produits de contraste iodés (PCI) sont connus pour être la cause à la fois de réactions d’hypersensibilité immédiates ( à 1 heure).

 COMMENTAIRES

  • Aussi pour la plupart des réactions immédiates aucune réaction d’hypersensibilité allergique n’a pu être démontrée, des études récentes indiquent que les réactions immédiates sévères pourraient être IgE médiées, alors que la plupart des réactions non immédiates cutanées à type d’exanthème seraient médiées par les cellules T.
  • Pour ces raisons, il est conseillé à ces patients, ayant subi ces réactions d’hypersensibilité, de pratiquer une exploration allergologique.
  • Plusieurs investigateurs ont mis en évidence l’intérêt des tests cutanés pour confirmer une allergie aux PCI, spécialement chez les patients ayant des réactions cutanées non immédiates.
  • Si un patient chez qui l’allergie aux PCI a été confirmée et nécessitant une nouvelle exposition aux PCI, un test cutané négatif à un PCI devrait permettre de le choisir et une prémédication pourrait être essayée.
  • Cependant, aucune de ces mesures préventives n’est une garantie à l’encontre d’une récidive.

 CONCLUSIONS

  • Plus de recherches focalisées sur les mécanismes physiopathologiques, les tests diagnostiques et la prémédication est donc clairement nécessaire dans le but de prévenir les réactions d’hypersensibilité induite par les PCI dans le futur.

Cette étude émane d’un groupe européen d’étude sur les allergies médicamenteuses, le ENDA (European Network of Drug Allergy) composé entre autre de nombreux français bien connu (Kanny, Guéant, Romano, Sainte-Laudy, Demoly..).

L’étude est une forme de commentaire concernant tout ce qui se sait concernant les réactions d’hypersensibilité aux produits de contraste iodés (PCI).

On n’y apprend certes pas grand-chose de nouveau. Ainsi, la plupart des réactions immédiates ne sont pas IgE médiées, seuls quelques cas de réactions immédiates sévères seraient en rapport avec un mécanisme à IgE. Tout cela pour dire la faiblesse de l’intérêt des tests cutanés dans le domaine. Par contre, les auteurs rappellent l’intérêt des tests épicutanés dans le diagnostic des réactions retardées ainsi que pour choisir un autre PCI en cas de nécessité de nouvelle exposition.

Les conclusions sont exposées sous forme d’objectifs. Ainsi, la recherche doit s’orienter sur la précision des mécanismes physiopathologiques de ces réactions, le diagnostic et l’évaluation des prémédications.

Les allergologues ne peuvent que se féliciter de ces remarques. Toutefois, dans l’état actuel de nos connaissances, qu’elle doit être notre attitude ?

Le plus pratique est de se reporter à la fiche technique publié en 2003 dans La Lettre du Pneumologue, rédigée par P.Demoly (Demoly P. Prévention des réactions immédiates d’hypersensibilité aux produits de contraste iodés. Recommandations du Comité du médicament du CHU de Montpellier. La Lettre du Pneumologue 2003 ; 6 : vol VI. Il s’agit des recommandations du Comité du médicament du CHU de Montpellier concernant l’hypersensibilité aux produits de contraste iodés.

En voici les conclusions :
 En cas de terrain allergique « modéré » ou antécédent de réaction « non allergique » lors d’une injection précédente :

  • pas de prémédication
  • injecter un produit de contraste non ionique.

 En cas d’antécédent de réaction « sévère » lors d’une injection précédente ou d’asthme non équilibré :

  • contacter le radiologue
  • envisager une procédure alternative (écho, IRM, scanner sans injection)
  • si procédure alternative non pertinente, faire un bilan allergologique :
    • cibler la molécule en cause
    • changer de produit de contraste
    • faire réaliser les tests allergologiques
  • si les tests sont négatifs, l’injection du produit de contraste devra être faite en présence d’un médecin anesthésiste-réanimateur.

Nous pouvons le constater les choses restent encore trop vagues dans le domaine de l’hypersensibilité aux PCI. Cette publication a le mérite de le rappeler et d’insister sur la nécessité de pratiquer des recherches plus avant.

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