On ne doit plus dire : "C’est nickel" ! Maintenant : "C’est nickel, chrome, cobalt !"

lundi 14 mars 2005 par Dr Alain Thillay12893 visites

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On ne doit plus dire :

On ne doit plus dire : "C’est nickel" ! Maintenant : "C’est nickel, chrome, cobalt !"

lundi 14 mars 2005, par Dr Alain Thillay

Il est bien connu que les allergies de contact au nickel, au chrome et au cobalt sont souvent concomitantes. Les auteurs de cette étude épidémiologique ont cherché à mettre en évidence les différents facteurs susceptibles d’être impliqués dans cette sensibilisation simultanée.

Analyse multifactorielle de réactions concomitantes aux tests épicutanés nickel, chrome et cobalt. : J. Hegewald1, W. Uter1, A. Pfahlberg1, J. Geier2, A. Schnuch2, for the IVDK*

1Department of Medical Informatics, Biometry and Epidemiology, University of Erlangen-Nürnberg, Erlangen ; 2Information Network of Department of Dermatology (IVDK), University of Göttingen, Göttingen, Germany

dans Allergy 60 (3), 372-378.

 CONTEXTE

  • Des recherches antérieures indiquent que les tests épicutanés positifs au nickel sulfate, au cobalt chloride et au potassium dichromate surviennent ensemble.

 METHODES

  • Afin d’étudier plus avant la relation entre nickel, cobalt et chrome, et, les facteurs potentiellement impliqués dans la sensibilisation simultanée à deux ou à trois de ces allergènes métalliques, nous avons étudié les données du réseau d’information des départements de dermatologie (Information Network of Dermatology Departments, IVDK, http://www.ivdk.org).

 RESULTATS

  • Les femmes avaient un plus grand risque conditionnel de réactions concomitantes nickel-cobalt (OR = 6,80 ; IC 95% : 5,65-8,19) et nickel-chrome (OR = 2,13 ; IC 95% : 1,67-2,72) que les hommes.
  • Les ouvriers du bâtiment avaient un plus grand risque significatif de réactions cobalt-chrome (OR = 13,89 ; IC 95% : 10,36-18,64), alors que le risque d’allergie isolée au cobalt n’était seulement que de 0,92 (IC 95% : 0,48-1,74).
  • Les patients ayant un eczéma atopique ou un syndrome dermatologique sous-jacent avaient un plus grand risque de 40 à 90% d’avoir un quelconque résultat positif avec implication du chrome.
  • La polysensibilisation, définie comme un nombre de réactions positives à des éléments de la batterie standard autres que le nickel, le chrome et le cobalt, étaient aussi significativement associée à des réactions simultanées ; d’ailleurs, des gradients réguliers et significatifs d’effet ont été notés.

 CONCLUSIONS

  • Cette étude confirme la nature professionnelle de la réaction allergique simultanée au cobalt et au chrome, en particulier, chez les ouvriers du bâtiment.
  • La polysensibilisation, qui est considérée comme étant une susceptibilité à développer une hypersensibilité retardée en général, est aussi associée à des réactions simultanées aux métaux.
  • Ainsi, non seulement l’exposition à ces deux métaux, mais une susceptibilité individuelle, pourraient être responsables de réactions simultanées aux métaux chez l’homme.

Cet article d’origine germanique est très intéressant car il touche un fait allergologique quotidien, les allergies de contact simultanées au nickel, au chrome et au cobalt.

Il s’agit d’une étude épidémiologique reprenant les données d’un réseau web regroupant les informations de plusieurs services de dermatologie en Allemagne, il est évident que cela autorise une vue d’ensemble plus large donc plus pertinente.

Les auteurs, constatant que souvent les réactions à ces 3 métaux s’observent de façon concomitante, ont cherché à mettre en exergue les facteurs pouvant expliquer ce fait.

Les résultats sont en parfaite harmonie avec ce que peut constater l’allergologue praticien.

Il faut retenir quatre grandes lignes.

  • Tout d’abord, les femmes sont plus souvent atteintes que l’homme d’allergie de contact par couple, nickel-chrome et nickel-cobalt. Cela s’explique, car l’allergie au nickel chez la femme est extrêmement fréquente, en général, par l’intermédiaire de la bijouterie fantaisie, le chrome et le cobalt pouvant être présents à titre d’impureté ou tout simplement comme faisant partie de l’alliage.
  • Les ouvriers du bâtiment, ce sont en majorité des hommes, sont eux souvent atteints d’allergie chrome-cobalt, logique puisque ces deux métaux sont présents dans le ciment.
  • Le fait d’être atteint d’une dermatose dont la dermatite atopique augmente le risque de 40 à 90% d’avoir une allergie à ces métaux avec implication constante du chrome.
  • Enfin, les polysensibilisés de contact en général le sont aussi à ces métaux.

Comme on peut le constater, cette étude n’est pas une révolution mais a le mérite de confirmer ce que les allergologues de terrain constatent tous les jours. Cela implique en cas d’allergie simultanée à ces métaux de pratiquer une enquête environnementale très ouverte.

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