La dermatite atopique, poil à gratter des immunologistes.

samedi 2 avril 2005 par Dr Stéphane Guez2087 visites

Accueil du site > Sciences > Immunologie > La dermatite atopique, poil à gratter des immunologistes.

La dermatite atopique, poil à gratter des immunologistes.

La dermatite atopique, poil à gratter des immunologistes.

samedi 2 avril 2005, par Dr Stéphane Guez

La dermatite atopique est un terrain de jeu passionnant pour qui aime l’immunologie. Mais il faut bien reconnaître que les questions sont plus nombreuses que les réponses. Dans ce travail, à la fois clinique et fondamental, les auteurs apportent des informations précieuses sur les mécanismes immunologiques impliqués.

Réponses cytokiniques spécifiques aux antigènes chez des enfants ayant une dermatite atopique. : Valentina Bordignon 1 , Jo Linda Sinagra 2 , Elisabetta Trento 1 , Mario Pietravalle 1 , Bruno Capitanio 2 and Paola Cordiali Fei 1

1Laboratory of Clinical Pathology and Immunology, 2Pediatric Dermatology Department, San Gallicano IRCCS, Rome, Italy

dans Pediatric Allergy and Immunology 16 (2), 113-120

 Introduction :

  • La physiopathologie de la dermatite atopique (DA) reste à élucider.
  • Les effecteurs cellulaires T avec les récepteurs cutanés de homing ou les cytokines produites par les cellules T sont soupçonnés d’être impliqués dans la pathogénie de la DA et d’être responsables des différentes réponses immunologiques des patients.

 Objectif de l’étude :

  • En fait, la grande majorité des patients ayant une DA ont des taux élevés d’IgE alors que d’autres ne développent pas de réponse IgE anormale.
  • Cependant il n’y a pas d’éléments cliniques significatifs permettant de caractériser ces 2 groupes, les patients ayant des taux élevés d’IgE semblant plutôt être jeunes, conduisant à la possibilité d’une hypothèse dichotomique de la DA en fonction de l’age.

 Méthodologie :

  • Dans ce travail, 712 enfants ont été inclus.
  • Le taux des IgE sérique et les pourcentages des lymphocytes périphériques exprimant des antigènes de homing (CLA) ont été mesurés et les résultats ont été analysés en relation avec l’activité de la maladie (SCORAD) ou de l’age.

 Résultats :

  • Chez tous les patients, le taux des IgE augmente de façon significative avec
    • l’age ( 01 an : 19.50 IU/ml ; 13 ans : 62.0 IU/ml ; 38 ans : 96.0 IU/ml ; >8 ans : 148.5 IU/ml ; p < 0.001)
    • et avec la sévérité de la maladie (SCORAD bas : 46.80 IU/ml ; moyen : 42.90 IU/ml ; haut : 148.5 IU/ml ; p = 0.01)
  • Le pourcentage des lymphocytes T CLA + augmente également avec l’age (01 an : 3.3 ; 13 ans : 4.85 ; 38 ans : 10.6 ; >8 ans : 12.5 ; p < 0.001) bien qu’il n’y ait pas de différence chez les patients en fonction du SCORAD (p=0.89).
  • Les auteurs ont poursuivi les investigations de la réponse cellulaire immune à un antigène spécifique chez 25 patients, appariés selon l’age, le SCORAD et le pourcentage de cellules lymphocytaires T CLA positives.
    • Parmi eux, 13 patients ont des IgE spécifiques à la caséine et 12 n’ont pas de sensibilisation à la caséine.
    • Les cellules mononuclées du sang périphérique ont été gardées pour une culture courte avec des fractions de caséine libre d’endotoxine, et les cellules productrices de différentes cytokines ont été mesurées par ELISPOT : IFN gamma, TNF, IL5, IL10.
    • Les analyses statistiques ont montré des chiffres significatifs de production en culture pour l’IFN et l’IL10 chez les patients allergiques par rapport aux patients tolérants le lait (p=0.011 et 0.05).
    • L’analyse des réponses individuelles confirme ces données mais montre également une augmentation significative des cellules productrices d’IFN induite par la stimulation avec la caséine dans le groupe des enfants non allergiques.

 Conclusion :

  • Ces résultats montrent que les paramètres immunologiques comme le taux des IgE ou les LT CLA+ dans la DA de l’enfant sont influencés par l’age, confirmant que l’age pourrait représenter un biais dans l’analyse de la réponse immunologique de ces patients.
  • De plus les auteurs démontrent chez les enfants ayant une DA l’existence de différents types de réponse cytokinique des LT, qui pourrait expliquer les formes immunologiques différentes entre les 2 formes hypothétiques de DA, qui ne sont pas dépendantes de l’age.

Dans ce travail fondamental sur la dermatite atopique, les auteurs démontrent un lien entre taux des IgE et nombre de LT CLA+ d’une part, et age d’autre part chez les enfants ayant une DA, avec une corrélation selon la gravité de la DA.

Par ailleurs, il existe une réponse immune différente en terme de cytokines indépendante de l’age.

La dermatite atopique reste effectivement une pathologie énigmatique mais passionnante qui représente certainement un pont sur le plan physiopathologique entre le système immun sérique et lymphocytaire.

Les auteurs soulignent le biais de l’age qui influence de façon significative certains paramètres immunologiques comme le taux des IgE et le nombre des lymphocytes T CLA+. Il faut donc faire très attention dans l’interprétation des résultats, et cela pourrait expliquer les différences observées selon les études.

D’autre part, les auteurs montrent qu’en dehors de l’age il existe des réponses immunes différentes avec des productions spécifiques de certaines cytokines en fonction de la sensibilisation à certains allergènes.

Il n’y a pas à proprement parlé de résultats spectaculaires de ce travail, mais des éléments de compréhension qui se rajoutent au grand puzzle que représente la dermatite atopique sur le plan physiopathologique.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel