Co-morbidité dans l’asthme : un facteur de sévérité ?

mercredi 6 avril 2005 par Dr Hervé Couteaux1633 visites

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Co-morbidité dans l’asthme : un facteur de sévérité ?

Co-morbidité dans l’asthme : un facteur de sévérité ?

mercredi 6 avril 2005, par Dr Hervé Couteaux

La sévérité de l’asthme n’a pas qu’une définition : c’est une gradation progressive qui va d’une gêne légère à un handicap profond. Le mérite des auteurs est, sur un échantillon important d’enfants et d’ados, d’avoir recherché les influences d’une co-morbidité dans la sévérité de l’asthme, ou plutôt dans son retentissement.

La rhinite, seule ou associée à un eczéma atopique, est-elle un facteur de risque d’un asthme sévère chez l’enfant ? : Dirceu Solé, Inês C. Camelo-Nunes, Gustavo F. Wandalsen, Karyn C. Melo and Charles K. Naspitz

Division of Allergy, Clinical Immunology and Rheumatology, Department of Pediatrics, Federal University of São Paulo-Escola Paulista de Medicina, UNIFESP-EPM, São Paulo, Brazil

dans Pediatric Allergy and Immunology 16 (2), 121-125.

 Objectifs :

  • L’objectif de cette étude était d’évaluer le rôle de la rhinite et de l’eczéma atopique dans la sévérité de l’asthme dans une population d’écoliers asthmatiques identifiés par le questionnaire écrit (WQ) de l’étude internationale de l’asthme et des allergies dans l’enfance.

 Méthodes :

  • WQ a été proposé aux parents d’écoliers âgés de 6-7 ans (SC, n = 3033) et à des adolescents (AD, 13-14 ans, n = 3487) habitant Sao Paulo, Brésil.
  • L’asthme (A) a été défini comme une réponse positive à la question : « est ce que votre enfant (ou avez-vous) a présenté des épisodes de respiration sifflante ou sibilante au cours des 12 derniers mois ? ».
  • La rhinite (R) a été identifiée comme une réponse positive à la question : « au cours des 12 derniers mois, est ce que votre enfant (ou est ce que vous) a présenté des éternuements, une rhinorrhée ou une obstruction nasale alors qu’il (que vous) n’était pas enrhumé et n’avait pas de syndrome grippal ? ».
  • L’eczéma (E) a été identifié comme une réponse positive à la question : « est ce que votre enfant (est ce que vous) a présenté à un moment quelconque des épisodes d’éruption prurigineuse au cours des 12 derniers mois ? ».
  • Les sujets qui avaient une rhinite associée à l’asthme ont été identifiés par le sigle AR et ceux dont l’asthme était associé à une rhinite et à un eczéma par le sigle ARE.
  • Les A sévères ont été définis comme les A qui ont répondu positivement à deux reprises au moins aux questions :
    • Difficultés à parler ?
    • Plus de 4 crises dans l’année ?
    • Troubles du sommeil ?
    • Sibilants lors d’exercices physiques ?

 Résultats :

  • 22.1% des AD et 24.3% des SC présentaient de l’asthme.
  • Parmi eux, 47.1% des AD et 42% des SC étaient classés AR et 10% des AD et 12.8% des SC étaient classés ARE.
  • Pour les groupes ARE, AR et A, les difficultés à parler lors de crises d’asthme étaient significativement plus fréquentes :
    • pour les ARE AD (20.0% vs 11.5% vs 8.7%, p<0.05).
    • et les ARE SC (22.1% vs 13.0% vs 10.5%, p<0.05) .
  • De même, la présence de plus de 4 crises dans l’année écoulée était plus fréquente :
    • Pour les ARE AD (24% vs 14% vs 10.5%, p<0.05).
    • Pour les ARE SC (32.6% vs 19.4% vs 12.8%, p<0.05).
  • Pour les troubles du sommeil dus aux sibilants :
    • Pour AD (61.3% vs 42.0% vs 38.4%, p<0.05).
    • Pour SC (77.9% vs 67.3% vs 58.4%, p<0.001).
  • La prévalence d’asthme sévère était plus importante :
    • Chez les ARE AD (57.3% vs 31.9% vs27.0%, p<0.05).
    • Chez les ARE SC (52.6% vs 36.9% vs 22.5%).

 Conclusion :

  • Dans le groupe A, la présence d’une R ou d’un E sont des facteurs de risque pour la sévérité de l’asthme.
  • Ce risque étant encore plus élevé lorsque R et E étaient présents simultanément.

Dans cette étude sur questionnaire, explorant les facteurs de risque de la sévérité de l’asthme chez plus de 6000 enfants (écoliers et adolescents) Brésiliens, les auteurs retrouvent une prévalence de l’asthme de plus de 22%.

Parmi ces enfants et adolescents asthmatiques, près de 40% avaient une rhinite associée et 10% environ présentaient à la fois un asthme, une rhinite et un eczéma (groupe ARE).

La présence de rhinite associée à l’asthme correspondait à une plus grande fréquence des troubles de l’élocution lors des crises, des troubles du sommeil par asthme et à une plus grande fréquence des crises elles mêmes.

Cette rhinite est donc considérée comme un facteur de sévérité pour l’asthme.

Des constatations similaires étaient faites pour le groupe ARE avec des fréquences significativement plus élevées pour ces différents items par rapport au groupe AR.

La présence simultanée de rhinite et d’eczéma chez un enfant (ou un ado) asthmatique va de pair avec une plus grande sévérité de l’asthme.

Les études sur questionnaire sont irremplaçables du point de vue épidémiologique mais rencontrent un certain nombre de limites inhérentes à leur nature même, en particulier quant aux critères retenus.

La sévérité de l’asthme n’a pas de rapports avec la définition de l’asthme sévère issue des derniers consensus ; les critères retenus sont soit peu précis, soit directement subjectifs, soit interprétables et l’on peut estimer que l’asthme « sévère » tel qu’il est ici défini pourrait être considéré ailleurs comme seulement modéré...

Ces critères, pour imparfaits qu’ils soient, sont un moyen de mesure ; mais qu’a-t-on mesuré ? N’est-on pas simplement plus attentifs à ses symptômes (ou à ceux de son enfant) quand on a à la fois un asthme, une rhinite et un eczéma ?

Il reste au total que ces résultats expriment que le vécu, le « ressenti »de l’asthme est plus difficile quand il existe une rhinite associée ou, plus encore, quand il s’ajoute un eczéma.

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