A l’injustice ! Les riches sont moins allergiques et moins asthmatiques.

jeudi 2 juin 2005 par Dr Alain Thillay1037 visites

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A l’injustice ! Les riches sont moins allergiques et moins asthmatiques.

A l’injustice ! Les riches sont moins allergiques et moins asthmatiques.

jeudi 2 juin 2005, par Dr Alain Thillay

Les études traitant de la relation entre maladies allergiques IgE médiées et statut socio-économique donnent des résultats contradictoires pour ne pas dire complètement inversés. Ici, cette étude suédoise pratiquée dans le cadre d’une méthodologie rigoureuse prospective cherche à faire la part des différents facteurs.

Statut socio-économique faible comme facteur de risque d’asthme, de rhinite et de sensibilisation à l’âge de 4 ans dans une cohorte de naissance. : C. Almqvist*+, G. Pershagen and M. Wickman*§*Department of Occupational and Environmental Health, Karolinska Hospital, Stockholm, +Department of Woman and Child Health, Karolinska Institutet, Astrid Lindgren Children’s Hospital, Stockholm, Institute of Environmental Medicine and §Center for Allergy Research, Karolinska Institutet, Stockholm

*Department of Occupational and Environmental Health, Karolinska Hospital, Stockholm, +Department of Woman and Child Health, Karolinska Institutet, Astrid Lindgren Children’s Hospital, Stockholm, Institute of Environmental Medicine and §Center for Allergy Research, Karolinska Institutet, Stockholm

dans Clinical & Experimental Allergy 35 (5), 612-618.

 Contexte

  • La relation entre le statut socio-économique et les maladies allergiques infantiles reste controversée.
  • Quelques études ont proposé que l’asthme infantile soit plus commun dans les familles ayant un statut socio-économique faible, alors que la sensibilisation aux aéroallergènes apparaît être plus fréquente chez les individus ayant un plus haut statut socio-économique dans l’enfance.

 Objectif

  • Évaluer la relation entre le statut socio-économique et l’asthme, la rhinite et la sensibilisation dans étude prospective sur une cohorte de naissance non sélectionnée.

 Méthodes

  • Quatre mille quatre-vingt neuf familles dont les enfants étaient nés entre 1994 et 1996 dans une zone géographique prédéfinie de Stockholm ont répondu à des questionnaires concernant les facteurs environnementaux, le statut socio-économique (professions des parents) et les symptômes de maladie allergique à la naissance, à 1 an, 2 ans et 4 ans.
  • Les échantillons sanguins prélevés à l’âge de 4 ans chez 2614 enfants ont permis de mesurer les IgE spécifiques des aéroallergènes et des trophallergènes classiques.
  • Les Odd ratios (OR) et l’intervalle de confiance (IC) pour 95% en fonction de plusieurs résultats concernant le statut socio-économique ont été estimés à l’aide d’un modèle de régression logistique multiple ajusté en fonction des facteurs potentiels de confusion tels l’hérédité des maladies allergiques, le tabagisme maternel, la courte durée de l’allaitement maternel et la construction de la maison.

 Résultats

  • Il existait un risque décroissant d’asthme et de rhinite avec l’augmentation du statut économique.
  • L’OR pour l’asthme était de 0,33 (IC 95%, 0,17-0,65) et pour la rhinite de 0,50 (0,32-0,79) en comparant le groupe des statuts socio-économiques les plus bas et le groupe des statuts socio-économiques les plus élevés, avec une tendance à des effets plus importants chez ceux ayant une hérédité de maladies allergiques.
  • Le risque de sensibilisation aux trophallergènes diminuait aussi avec l’augmentation du statut socio-économique, OR 0,65 (0,41-1,02) dans le groupe du statut socio-économique le plus élevé (P=0,03), alors que cela n’était pas clairement évident pour les aéroallergènes.

 Conclusion

  • L’asthme, la rhinite et la sensibilisation sont plus courants dans le groupe de statuts socio-économiques les plus bas que dans le groupe des statuts socio-économiques les plus élevés après ajustement en fonction des facteurs de risque traditionnels.
  • Ceci peut être en relation avec des différences non contrôlées du style de vie et l’exposition environnementale entre les groupes et suggère la réalisation d’études complémentaires.

Nombre d’études ont été pratiquées concernant cette fameuse relation entre niveau socio-économique, et, asthme et sensibilisation IgE.

D’ailleurs, le lecteur intéressé lira avec intérêt le chapitre 30 du Traité d’Allergologie de Vervloet et Magnan (2003) intitulé « Monde moderne et allergies » et écrit par K Kabesh et E. Von Mutius. Cet article relate les résultats différents qui paraissent difficiles à comprendre.

Ainsi, en Afrique, dans les zones pauvres et rurales la prévalence de l’asthme est faible alors que dans les zones plus riches la prévalence est plus grande.

Des études pratiquées dans le Royaume-Uni ont montré un plus grand risque d’atopie chez les enfants issus de familles à haut niveau socio-économique et inversement. Alors, qu’aux Etats-Unis, la relation asthme et niveau socio-économique est inversé.

Ici, dans cette étude suédoise, les auteurs ont éliminé le biais de la différence environnementale en « prélevant » leur échantillon dans la même zone géographique de Stockholm. Le risque d’asthme et de rhinite décroît avec l’augmentation du statut socio-économique. Le risque de sensibilisation aux trophallergènes diminue aussi avec l’augmentation du statut socio-économique, alors que les choses sont moins claires pour les aéroallergènes.

Ces études paraissent donc contradictoires.

Pourtant, les auteurs suédois ont pris soin d’éliminer les facteurs de confusion inhérents au statut socio-économique.

Alors que reste-t-il pour expliquer ce constat. ?

Dans le groupe des statuts socio-économiques faibles, il faudrait voir quels ont été les facteurs de confusion dont on a tenu compte.

Nombreux auteurs qui se sont exprimés sur ce sujet pensent que le statut socio-économique préside à un style de vie. Par exemple, l’augmentation de l’asthme dans le groupe des statuts socio-économiques faibles est peut-être en relation avec une mauvaise éducation des parents concernant les problèmes de santé de l’enfant, un mauvais accès aux soins.

Là aussi, je mets à part les conditions environnementales de l’habitat qui ont sans doute été prises en compte comme le degré d’humidité qui semble jouer un rôle important dans l’augmentation de la prévalence de l’asthme.

Cette étude suggère à l’Allergologue d’être très vigilant lorsqu’il prend en charge un enfant issu d’une famille à statut socio-économique faible. Il faut sans doute, là, être très directif et savoir multiplier les rendez-vous de contrôle prétexte à autant de rappels sur les conditions environnementales et l’observance médicamenteuse.

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