Facteurs de risque de l’asthme : attention à la saleté !

mercredi 24 août 2005 par Dr Alain Thillay2457 visites

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Facteurs de risque de l’asthme : attention à la saleté !

Facteurs de risque de l’asthme : attention à la saleté !

mercredi 24 août 2005, par Dr Alain Thillay

L’exposition aux aéroallergènes intérieurs constitue un facteur de risque de l’asthme. Dans cette étude australienne, les auteurs, dans une étude longitudinale sur 2 ans, ont suivi de jeunes adultes en contrôlant la teneur en aéroallergènes de leur domicile tout en les surveillant cliniquement. In fine, l’étude comptera 360 cas.

Les modifications du niveau des aéroallergènes et des moisissures intérieurs prédisent les modifications de l’activité de l’asthme dans une population de jeunes adultes. : M. C. Matheson*, M. J. Abramson*, S. C. Dharmage, A. B. Forbes*, J. M. Raven, F. C. K. Thien and E. H. Walters§

*Department of Epidemiology and Preventive Medicine, Central and Eastern Clinical School, Monash University, Melbourne, Australia, Department of Public Health, The University of Melbourne, Melbourne, Australia, Department of Allergy, Immunology and Respiratory Medicine, The Alfred Hospital, Melbourne, Australia and §Department of Medicine, The University of Tasmania Medical School, Hobart, Tas

dans Clinical & Experimental Allergy 35 (7), 907-913

 Contexte

  • Il a été évoqué que l’exposition aux allergènes représente un facteur de risque de l’asthme.
  • Nous avons conduit une étude longitudinale sur les niveaux des aéroallergènes et des moisissures intérieurs dans des habitats de Melbourne entre 1996 et 1998 afin d’examiner l’effet des modifications de l’exposition aux allergènes sur l’asthme et les autres résultats associés.

 Méthodes

  • Les participants ont été visités à domicile en 1996 (n=485) et 1998 (n=360), des échantillons de poussière et d’air ont été alors prélevés dans leur chambre ce qui a permis de mesurer le Der p 1, Fel d 1, ergostérol (évaluation de la biomasse fongique) et spores fongiques.
  • Les sujets étaient conviés au laboratoire d’investigation respiratoire afin d’y remplir un questionnaire, de pratiquer une spirométrie avec un test de provocation bronchique non spécifique à la méthacholine et des tests cutanés.
  • Les associations entre les modifications des niveaux d’allergènes et les modifications cliniques ont été mesurées à l’aide d’une régression linéaire logistique multiple.

 Résultats

  • Les participants qui ont été exposés à un niveau multiplié par deux à Cladosporium présentaient un risque de 52% plus important d’avoir une attaque d’asthme dans les 12 derniers mois.
  • Un doublement du niveau d’exposition fongique était aussi associé à un risque plus grand de 53% de développer l’atopie.
  • Un doublement des niveaux de Fel d 1 dans la poussière du sol était associé à une augmentation du risque de 73% de diagnostic d’asthme par un médecin.
  • Un doublement des niveaux de Der p 1 dans la poussière prélevée dans les lits était associé à un risque plus important de 64% d’avoir une hyperréactivité bronchique persistante.

 Conclusions

  • Ces constatations montrent que les modifications du niveau des moisissures intérieures et des acariens domestiques peuvent affecter le risque de développement et la persistance d’asthme et d’atopie chez l’adulte.
  • Des études complémentaires sont requises pour établir un quelconque bénéfice d’une réduction durable de l’exposition aux aéroallergènes intérieurs et pour déterminer si ces effets sont vraiment « allergiques » ou en rapport avec une stimulation immune des voies respiratoires au travers d’autres mécanismes moins spécifiques.
  • Ainsi, une augmentation importante du niveau d’exposition aux agents fongiques semble liée à un risque élevé d’asthme ou de manifestations d’atopie. S’agit-il là d’un phénomène spécifique IgE médiée ou l’augmentation de la charge allergénique fongique ne serait témoin que de l’exposition à d’autres allergènes comme les acariens ou à un autre processus ?

Comme l’annoncent les auteurs de cette étude, il a été montré antérieurement que l’exposition aux aéroallergènes représente un facteur de risque de l’asthme.

A deux ans d’intervalle, en 1996 puis en 1998, les taux des allergènes ont été mesurés dans la poussière de la chambre et les sujets faisaient l’objet d’une enquête comportant questionnaire, explorations fonctionnelles respiratoires, test à la méthacholine et tests cutanés.

Les résultats montrent une relation étroite entre le niveau des allergènes fongiques et d’acariens et l’apparition ou la persistance de l’asthme ou des manifestations d’atopie.

Ces résultats confirment donc tout ce qui a déjà été publié sur ce sujet tout cela dans le cadre d’une étude longitudinale de bonne taille qui prête peu à la critique méthodologique.

Ce qui est un peu dommage, en tous cas pour ce qui concerne ce résumé d’étude -après tout, le texte complet donne sans doute d’autres détails-, c’est que les auteurs ne donnent pas de corrélation entre le type de l’environnement allergénique et les résultats des tests cutanés. Il faut espérer que la lecture du texte complet donnera la réponse à ces interrogations ? Ou bien, tout bêtement, ces résultats ne disent rien d’autre que le facteur majeur de prolifération de ces aéroallergènes (spores fongiques et acariens domestiques) est l’humidité à l’intérieur de l’habitat.

Plus précisément, l’augmentation du taux de l’allergène majeur du chat Fel d 1 est liée à un plus grand risque de diagnostic de l’asthme par le médecin. Cela semblerait, à première vue, aller à l’encontre de la théorie hygiéniste, mais celle-ci postule que c’est l’exposition précoce aux endotoxines animales qui aurait un effet protecteur des manifestations de l’atopie.

Enfin, sur le plan de la pratique quotidienne, l’allergologue poursuivra à donner des conseils d’éviction aux parents dont les enfants sont à risque d’atopie : lutter contre l’humidité de l’habitat, aspiration, literie et couchage faciles à entretenir.

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