3ème symposium du CICBAA : 29 et 30 septembre 2005 - Dr Hervé Masson.

vendredi 30 septembre 2005 par Dr Hervé Masson1594 visites

Accueil du site > Evènements > Comptes rendus > 3ème symposium du CICBAA : 29 et 30 septembre 2005 - Dr Hervé Masson.

3ème symposium du CICBAA : 29 et 30 septembre 2005 - Dr Hervé Masson.

3ème symposium du CICBAA : 29 et 30 septembre 2005 - Dr Hervé Masson.

vendredi 30 septembre 2005, par Dr Hervé Masson

Et bien non, il ne faisait pas mauvais à Nancy pour la 3ème édition de cette rencontre de référence en matière d’allergie alimentaire. Vous trouverez ici les comptes-rendus des communications sur les oléosines de sésame et une intervention passionnante sur les facteurs de risque de la sensibilisation à l’arachide pour ce premier jour. Le vendredi : les cytokines dans les allergies à l’œuf, au lait et à l’arachide.

Les oléosines de sésame : nouveaux allergènes majeurs.

V. Leduc, laboratoire Allerbio.

Le diagnostic de l’allergie au sésame est important car le sésame est potentiellement anyphylactogène.

Pourtant il est souvent difficile
 avec souvent incohérence entre l’histoire clinique et le diagnostic,
 le sésame est souvent un allergène masqué (alimentaire, cosmétique)

Le diagnostic in vivo est parfois non fiable
 Les tests cutanés peuvent être négatifs : que ce soit les pricks natifs comme les commerciaux.
 Le diagnostic in vitro peut revenir négatif même en cas d’histoire clinique fortement évocatrice.

Le laboratoire Allerbio a depuis longtemps cherché l’amélioration des outils diagnostiques par :
 la sélection d’une matière première de qualité,
 l’adaptation du procédé de fabrications au fait que les allergènes de sésame sont de grosses molécules,
 Les solutions pour pricks sont riches en protéines et avec une diversité allergénique satisfaisante.

Il n’en demeure pas moins que le diagnostic de l’allergie au sésame reste toujours problématique.

La recherche de nouveaux allergènes de sésame est venue d’un cas soumis par le Pr Moneret Vautrin :
 chez une petite fille, un choc anaphylactique rattaché à la consommation d’arome artificiel produit à partir de sésame.

Ce sérum a été le premier d’une série de 32 patients suspects d’allergie au sésame répartis comme suit :
 10 chocs anaphylactiques,
 7 réactions systémiques,
 8 asthmes,
 5 angioedèmes

Les résultats des explorations ont été :
 Sur 8 tests de provocation en double aveugle contre placebo à l’huile de sésame : 6 ont été positifs,
 18 tests cutanés avec la graine de sésame ont été positifs dans 14 cas,
 un test labial a été réalisé, il a été positif.
 12 des 32 tests cutanés réalisés ont été négatifs,
 13 patients sur 32 avaient des IgE négatives.

Les patients ont été rangés en 3 groupes :
 histoire relevante et tout négatif : 6 patients,
 histoire clinique TPO, TPL positifs, tests cutanées positifs mais biologie négative,
 histoire relevante avec ou tests cutanés ou IGE positifs

Petit rappel de la constitution du sésame et des graines oléagineuses :
 Il existe une forte proportion de protéines solubles (albumine et globulines) dans les graines oléagineuses.
 Les allergènes du sésame :

  • Ses i 1 : qui est une albumine 2S. La prévalence de son implication dans l’allergie au sésame dans une étude publiée était de 100 %
     Ses i 2 : non étudiée
     Ses i 3 : La prévalence de son implication dans l’allergie au sésame dans une étude publiée était de 75 %
     Ses i 6 : pas étudiée
     Ses i profiline : non étudiée

Les oléosines sont contenues dans les oléosomes , grains lipidiques entrant dans la composition de la graine de sésame.
 Elles servent à la stabilisation des oléosomes.
 30 sur 32 patients (95%) de l’étude avait des IgE qui reconnaissaient les oléosines.

Les oléosines :
 présentes dans les graines soumises à dessiccation
 15 à 25 KDA,
 3 dans le sésame,
 Monocaténaires non glycosilées,
 protéines amphiphiles de construction commune
 Domaine hydrophobe

  • interagit avec les lipides
  • séquence très conservée

Comment résoudre le problème du diagnostic de l’allergie au sésame ?
 quelle est l’importance des oléosines dans l’allergie au sésame ?
 qu’elle est aussi l’importance de ces allergènes dans les autres oléagineuses
 ?
 une oléosine d’arachide a été retrouvée mais quelle est sa signification ?
 serait il possible d’obtenir une amélioration du diagnostic par l’augmentation de la concentration en oléosines des tests ?
 La localisation des épitopes des oléosines pourrait expliquer le mauvais résultat des méthodes de diagnostic. Il pourrait exister un masquage des épitopes.

Conclusions :
 les oléosines semblent donc être de nouveaux allergènes majeurs du sésame,
 dans l’étude présentée ici, il existait des IgE spécifiques contre ces allergènes chez 90 % des patients
 dans le cadre de la détection des allergènes masqués dans les aliments, l’intérêt des oléosines pourrait être étudié,
 Enfin, on a retrouvé des oléosines dans la carotte et la paroi de certains pollens. Quelle est leur signification clinique ?

Comme toujours, lors de la présentation de nouveaux allergènes, l’excitation saisit le clinicien encore régulièrement confronté aux réactions allergiques cliniquement évidentes qui ne trouvent pas d’explication avec les tests actuellement à sa disposition.

Comme toujours, il faut aller plus loin dans la connaissance de ces allergènes avant de crier victoire.

Les facteurs de risque de sensibilisation à l’arachide.

Gideon LACK, Londres

Partant d’un constat de l’existant et des résultats publiés des régimes d’éviction actuellement conseillés, G. Lack a présenté une théorie séduisante avec un humour « british » dans un français remarquable.

Le taux d’allergie à l’arachide dans les années passées, étudié par 3 études présentées, montre un doublement de fréquence dans les 10 dernières années.

Les recommandations actuelles édictent 3 principes pour prévenir l’allergie alimentaire chez l’enfant :
 éviction pendant la grossesse des aliments à risque,
 allaitement maternel exclusif le plus long possible avec poursuite de l’éviction chez la mère,
 éviction des allergènes dans la prime enfance avec introduction la plus tardive possible.

En Grande Bretagne, le ministère de la santé recommande officiellement d’éviter l’arachide et les noix durant la grossesse et les 3 premières années de vie.

Mais, paradoxalement, les pays les plus touchés par l’explosion de l’allergie à l’arachide sont ceux qui pratiquent ces 3 principes : UK, USA et Australie.

Il existe peu d’études contrôlées sur l’efficacité de l’éviction, mais l’orateur en retient surtout 3 :
 sa conclusion est que l’éviction pendant la grossesse, l’allaitement et l’enfance ne marchent pas pour prévenir l’allergie alimentaire.

Les hypothèses pour expliquer cet échec :
 l’éviction ne serait pas faite de façon suffisamment rigoureuse,
 mais peut être aussi que l’hypothèse de départ n’est pas correcte et que la sensibilisation ne se fait pas par voie orale.

Il faut se souvenir de l’étude de Platt Mils qui regardait le taux de sensibilisation au chat surveillée par IgE chez atopiques. Il comparait le taux d’IgE spécifiques en fonction du taux d’allergènes dans la maison :
 taux d’allergènes bas : peu de sensibilisation. C’est logique.
 la prévalence d’allergie monte avec la dose d’allergènes. C’est logique.
 mais après certaine augmentation, il existe une diminution du taux d’allergie malgré un taux de plus en plus fort d’allergènes. Il semble donc qu’une forte dose d’allergènes entraine un état de tolérance.

Custovic s’est penché, quant à lui, sur une mesure de l’efficacité de l’éviction sur la sensibilisation d’enfants atopiques.
 une éviction vraiment totale des acariens, parfaitement surveillée a été réalisée.
 il a ensuite regardé la fréquence de sensibilisation aux acariens durant enfance. Horreur !! Elle était nettement plus basse dans le groupe sans éviction !!!

Une autre étude de cohorte gigantesque de 14000 enfants a été réalisée en UK. Les résultats ont été surprenants.
 la sensibilisation n’est pas présente à la naissance
 la consommation maternelle d’arachide n’entraine pas d’allergie à l’arachide chez l’enfant
 la consommation d’arachide chez l’enfant n’entraine pas d’allergie à l’arachide
 l’allaitement maternel ne protège pas contre l’allergie à l’arachide.

 Les enfants allergiques à l’arachide avaient une prévalence d’utilisation plus grande des topiques contenant de l’arachide.
 L’allergie à l’arachide est souvent associée à :

  • eczéma
  • eczéma sévère
  • utilisation de topiques à l’arachide.

On s’oriente donc vers une sensibilisation à l’arachide par passage cutané.

Mais alors, comment expliquer la sensibilisation si on n’utilise pas de topiques ?

G Lack a alors présenté une étude sur la distribution dans l’environnement de l’allergène arachide au cours de l’exposition normale à la maison et à l’école :
 il est montré que cet allergène est retrouvé même dans des pièces qui ne servent pas aux repas,
 par exemple, après avoir mangé de l’arachide, il existe sur les mains une quantité importante si il n’y a pas de lavage mais encore 50% même si le lavage des mains s’est fait au savon.
Il semble que les allergènes alimentaires soient présents partout.

Une étude a donc été réalisée pour quantifier la consommation d’allergène dans une famille par un questionnaire et la rattacher à la sensibilisation :
 ils ont inclus 150 enfants dans chaque groupe :

  • groupe des allergiques à l’arachide,
  • groupe des allergiques à l’œuf seul. Ce groupe a été individualisé car 50 % des enfants britanniques sensibilisés à l’œuf le sont aussi à l’arachide,
  • groupe des enfants qui ne sont pas allergiques

 ils ont mesuré la quantité d’arachide ingérée par toute la famille, pendant la grossesse, au moment de l’allaitement et chez l’enfant.

Les résultats sont surprenants :
 les enfants qui ont développé une allergie à l’arachide vivait dans une famille où la consommation d’arachide était 10 fois plus importante que chez les allergiques uniquement aux œufs,
 même ceux aux œufs seuls étaient dans environnement moins riche que ceux qui n’avaient aucun symptôme, ce qui explique peut être pourquoi ils ne se sont pas sensibilisés à l’arachide.
 On peut se demander si la sensibilisation n’est pas liée à la quantité totale d’allergène dans l’environnement.
 dans cette étude : même si la mère en consomme durant la grossesse, il n’existe pas d’augmentation de la sensibilisation chez ses enfants. La sensibilisation est liée à l’exposition environnementale.

En conclusion, G. Lack évoque les pistes à explorer pour prévenir l’allergie alimentaire.
 un traitement précoce de l’eczéma pourrait permettre d’éviter la sensibilisation par voie cutanée ??
 Faut-il l’éviction totale des allergènes de l’environnement ??
 Faut-il envisager des doses fortes précoces d’allergènes pour induire une tolérance orale ???

Il est vrai que l’échec des mesures d’éviction proposées ces dernières années en matière de prévention de la sensibilisation des enfants incitent à repenser notre stratégie.

Les pistes avancées dans cette présentation sont intéressantes mais restent encore au stade d’hypothèses.

Il faudra donc attendre avec impatience les études qui confirmeront ou infirmeront ces théories.


Cytokines dans les allergies à l’œuf, au lait et à l’arachide

P. Franck

Cette équipe présente les résultats d’une étude où la technique utilisée était la cytométrie de flux. Cette technique a été choisie car son abord est relativement simple et elle peut donc être réalisée dans un laboratoire non spécialisé.

Objectifs de l’étude :
 Existe-t-il des marqueurs biologiques pour prédire la guérison ou persistance d’une allergie ?

La mesure des cytokines intracellulaires a été choisie car les cytokines sont :
 des marqueurs de l’activation cellulaire
 des marqueurs de la communication entre cellules
 des marqueurs Th1 et Th2

  • les cytokines évoquant le profil Th2 sont IL4, 9, 5, 13
  • celles évoquant le profil Th1 : interféron gamma et IL 10
  • le ratio IL4/interféron gamma permet d’évaluer la balance Th1/Th2

Matériels et méthodes
 3 groupes ont été constitués :

  • Allergie alimentaire avérée : utilisation des méthodes de diagnostic reconnues : tests, IgE et épreuve de réintroduction.
  • Allergie alimentaire guérie : patients ayant eu un test de réintroduction négatif avec les doses d’allergènes déclarées dans les études comme étant pertinentes.
  • groupe contrôle sain : patients n’ayant aucune histoire d’atopie.

Résultats
 La population comprenait :

  • allergie alimentaire : 33 patients
  • guéris : 15 patients
  • 15 sujets contrôle
Allergiques Guéris
Arachide 19 2
Lait 6 6
Œuf 8 7

 le dosage des cytokines réalisé sur les cellules non stimulées :

  • le dosage d’IL13 ne donne pas de résultat significatif, il n’existe pas de différence selon les phénotypes,
  • Par contre, il existe une diminution de l’interféron gamma et du nombre de cellules produisant l’IL4 chez les patients guéris

 après stimulation non spécifique des cellules :

  • l’étude du taux d’interféron ne permet pas d’observer de variation significative mais le problème de la puissance statistique du fait du petit échantillon est évoqué.
  • En revanche, Il4 est significativement plus élevée chez l’allergique et diminue chez les patients guéris et est minimum chez les patients sains
  • L’augmentation de IL13 est non significative chez allergique.

 l’étude du ratio IL4/interféron gamma évalue la balance Th2/Th1

  • ce ratio est augmenté chez les allergiques par rapport aux guéris et aux patients sains.

Les auteurs ont aussi étudié les cytokines en fonction de l’allergène
 pour l’interféron gamma, il n’existe aucune différence en fonction des allergènes
 Pour les interleukines 4 et 13 : il existe plus de IL4 pour arachide que pour le lait et l’œuf
 Après stimulation :

  • Pas de différence entre les 3 allergènes même si pour le lait il semble que l’interféron gamma soit plus important,
  • Il existe plus d’IL4 chez les allergiques à l’arachide que chez ceux sensibilisés à l’œuf.
  • pas de différence significative pour l’IL13.

La balance Th1/Th2 en fonction de l’allergène :
 Le ratio est quasi identique pour les 3 allergènes avec une différence significative par rapport au témoin.

La littérature sur le sujet permet de noter que :
 la synthèse d’IL4 est accrue chez l’allergique,
 chez les patients guéris, il reste des taux d’interféron élevés avec une allergie alimentaire persistante,
 Le profil Th2 n’est pas lié à l’antigène mais est un statut du patient.

Conclusion :
 La réponse la plus claire est l’augmentation de IL 4 en cas d’allergie alimentaire. Le dosage de l’interféron gamma donne moins d’indication.
 Ces éléments permettront de dire qu’un patient est allergique mais pas si il est en voie de guérison.
 Il faudrait améliorer la sensibilité analytique des méthodes de dosage,
 Répéter les mesures chez un même patient pour augmenter la puissance statistique
 Ratio TH2/1 vs interleukines : que faut-il rendre au clinicien : juste le taux ou le ratio.

Voici encore un exemple de la recherche biologique dans le sens de l’obtention de méthodes permettant le suivi des allergiques alimentaires.

Disposer d’un test chiffré précis permettant d’évaluer le potentiel évolutif de l’allergie reste encore un graal.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel