Les danois ont-ils autant d’allergies alimentaires qu’ailleurs ?

lundi 7 novembre 2005 par Dr Alain Thillay2156 visites

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Les danois ont-ils autant d’allergies alimentaires qu’ailleurs ?

Les danois ont-ils autant d’allergies alimentaires qu’ailleurs ?

lundi 7 novembre 2005, par Dr Alain Thillay

La prévalence de l’allergie alimentaire a beaucoup augmenté ces dix dernières années. Si nombre d’études ont évalué la prévalence des maladies allergiques respiratoires dans la population générale, peu le font pour étudier la prévalence de l’allergie alimentaire. C’est le cas de cette étude qui a été effectuée sur une population non sélectionnée d’adultes et d’enfants.

Prévalence de l’hypersensibilité alimentaire dans une population non sélectionnée d’enfants et d’adultes. : M. Osterballe, T. K. Hansen, C. G. Mortz, A. Høst and C. Bindslev-Jensen

Allergy Center, Department of Dermatology, Odense University Hospital, Denmark

dans Pediatric Allergy and Immunology 16 (7), 567-573.

 Introduction :

  • Dans la dernière décade une augmentation de la prévalence de l’hypersensibilité et des réactions allergiques sévères aux aliments a été rapportée.

 Objectif :

  • Estimer la prévalence de l’hypersensibilité alimentaire aux plus communs des trophallergènes dans une population non sélectionnée d’enfants et d’adultes.

 Méthode :

  • Nous avons étudié une cohorte de 111 enfants âgés de moins de 3 ans, 486 enfants âgés de 3 ans, 301 enfants âgés de plus de 3 ans et 936 adultes, à l’aide d’un questionnaire, de tests cutanés, du test de l’histamine release, d’IgE spécifiques, suivis par un test de provocation orale aux principaux trophallergènes.

 Résultats :

  • Au total, 698 cas d’hypersensibilité alimentaire possibles ont été enregistrés chez 304 participants (16,6%).
  • La prévalence de l’hypersensibilité alimentaire confirmée par test de provocation orale était de :
    • 2,3% chez les enfants âgés de 3 ans ;
    • 1% chez les enfants âgés de plus de 3 ans ;
    • et 3,2% chez les adultes.
  • Les trophallergènes les plus courants étaient :
    • l’œuf affectant 1,6% des enfants de 3 ans ;
    • et la cacahuète chez 0,4% des adultes.
  • Parmi les adultes, 0,2% étaient allergiques à la morue et 0,3% à la crevette, alors qu’aucun test de provocation orale à ces trophallergènes n’était retrouvé positif chez les enfants.
  • La prévalence de réactions cliniques aux aliments croisant avec les pollens chez les adultes sensibilisés aux pollens était estimée à 32%.

 Conclusions

  • Cette étude démontre la prévalence de l’hypersensibilité alimentaire confirmée par test de provocation orale aux principaux trophallergènes dans une population non sélectionnées d’enfants et d’adultes.

Beaucoup d’études épidémiologiques ont été publiées concernant la prévalence des maladies allergiques respiratoires et particulièrement l’asthme. Par contre, elles sont beaucoup moins nombreuses pour celles relatives aux allergies alimentaires, d’autant plus que les études de questionnaire dans ce cas ne sont pas faciles à exploiter.

Justement, cette étude danoise tente de combler ce fossé afin de déterminer la prévalence de l’allergie alimentaire chez des enfants et des adultes.

Chez l’enfant, la cette prévalence va de 1 à 2,3% en fonction de l’âge et est de 3,2% chez l’adulte.

Des études antérieures pratiquées à l’aide de questionnaire donnaient des résultats s’échelonnant de 1,4% à 3% (Royaume-Uni et Hollande).

En France, pour Moneret-Vautrin, la prévalence de l’allergie alimentaire se situe entre 2,1 et 3,8% ; évaluation effectuée à partir de l’envoi de 44 000 questionnaires.

Dans l’étude qui nous préoccupe, la cohorte est plus faible, 1834 sujets au total, mais beaucoup plus complète car ne se limitant pas au simple questionnaire. Tout particulièrement, l’expertise va jusqu’au test de provocation orale.

En tous cas, les chiffres retrouvés dans les études antérieures et cette présente étude sont comparables.

Autre aspect, les aliments impliqués. Ainsi l’œuf arrive en tête chez l’enfant de 3 ans, 1,6% et l’arachide arrive en tête chez l’adulte. L’allergie à la morue et à la crevette sont présentes chez l’adulte mais pas chez l’enfant.

Ces résultats peuvent paraître discordant par rapport à des études antérieures. Rappelons toutefois qu’ici pour qu’un sujet soit déclaré allergique à un aliment, il faut que le test de provocation orale soit positif.

Enfin, un tiers des adultes allergiques aux pollens ont des manifestations cliniques évoquant une allergie aux aliments croisant avec ces pollens. Il n’y a pas eu de confirmation par TPO.

L’intérêt de ce travail est d’apporter une pierre complémentaire à l’évaluation de la prévalence de l’allergie alimentaire dans la population générale. Elle permettra aussi de surveiller l’évolution de cette prévalence dans le temps, pathologie IgE dépendante qui a sans doute le plus augmenté ces dix dernières années.

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