Pertinence du concept d’aérobiologie appliqué à l’allergologie

mercredi 11 septembre 2002 par Dr Dominique Marchand2391 visites

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Pertinence du concept  d’aérobiologie appliqué à l’allergologie

Pertinence du concept d’aérobiologie appliqué à l’allergologie

mercredi 11 septembre 2002, par Dr Dominique Marchand

M Burch et E Levetin, 2 aérobiologistes de l’université de Tulsa (USA) se sont attachés à étudier le rôle des conditions climatiques(température, pluviométrie, vitesse du vent, point de rosée, pression atmosphérique, direction du vent) sur la concentration en spores dans l’atmosphère : frissons garantis en provenance du nouveau monde !

Conséquences des conditions climatiques sur la concentration atmosphérique en spores fungiques : Burch M, Levetin E dans Int J Biometeorol 2002 Aug ;46(3):107-17

 Contexte : les spores fungiques sont une composante pérenne de l’atmosphère et sont reconnues de longue date comme des déclencheurs d’asthme et rhinite chez les individus sensibilisés.

 Matériel et méthodes :
*L’atmosphère dans les environs de Tulsa a été analysée pour la concentration en spores et pollens à l’aide de l’appareil de Burkad équipé de trappes à spores sur différentes stations de relèvement. Cette étude comportait l ’examen heure par heure de la concentration en spores, les jours où la concentration moyenne journalière avoisinait 50,000 spores / m3 ou plus.
*Les concentrations horaires en spores de Cladiosporium, Alternaria, Epicoccum, Curvularia, Pithomyces, Drechslera, spores du charbon, ascospores, basidiospores et autres, ainsi que le total des spores furent déterminés pendant 4 jours sur 3 sites puis corrélés aux conditions météorologiques heure par heure concernant la température, la pluviométrie, la vitesse du vent, le point de rosée , la pression atmosphérique et la direction du vent .

 Résultats :
*Lors de chacune des journées d’étude, il y eut une dissémination exceptionnelle de spores dite « spore plumes », phénomène au cours duquel la concentration en spores augmente subitement pendant une très petite période de temps.
*« Spore plumes » ou acmé du portage en spores dans l’atmosphère survient en général en milieu de journée et on observe une augmentation des concentrations d’un plus bas de 20,000 spores /m3 à des niveaux au-delà de 170,000 spores / m3 en 2h.
*Une analyse par régression multivariée des données enregistrées démontra que l’élévation en température, le point de rosée et la pression atmosphérique étaient corrélés à l’augmentation de la concentration en spores, mais qu’une seule variable n’était pas suffisante pour prédire le pic de la concentration en spores .

 Conclusion : la combinaison caractéristique des variations climatiques qui entraîne un pic de spores peut être due aux variations météorologiques associées aux orages, car sur les 3 jours sur 4 étudiés où survint un pic il y en eut des durant l’après-midi. La survenue de pics de spores peut avoir des retombées cliniques, car d’autres études ont démontré que la sensibilisation à certaines spores peut survenir durant l’exposition à de grandes concentrations.


La petite ville de Tulsa (370000 habitants) située dans l’état de l’Oklahoma, est dotée d’une ambitieuse faculté des sciences , d’un laboratoire d’aérobiologie animé par Estelle Levetin.

Rappelons que l’aérobiologie est l’étude du mouvement des particules biologiques dont les aéroallergènes libérés tant dans l’atmosphère que dans l’environnement intérieur. C’est donc une discipline à la frontière de la météorologie, de la physique des aérosols qui peut être appliquée à l’agriculture, l’allergie, la santé publique, la palynologie…..

Le système de recueil des données aérobiologiques géré par la faculté de Tulsa est constitué d’un réseau automatisé de 115 stations (Oklahoma Mesonet ) dans un périmètre de 32 km autour de Tulsa, qui force l’admiration.

L’impact des orages a également été largement constaté en Europe au niveau des comptes polliniques ou de la concentration en spores d’Alternaria ; les autres spores sont-elles concernées comme aux USA ? Nous manquons d’études pour répondre. Beau sujet de recherche en perspective à la condition d’investir les mêmes moyens !

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