La dermatite atopique ça gratte ? Oui et ça essouffle aussi !

lundi 13 février 2006 par Dr Clément FOURNIER2371 visites

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La dermatite atopique ça gratte ? Oui et ça essouffle aussi !

La dermatite atopique ça gratte ? Oui et ça essouffle aussi !

lundi 13 février 2006, par Dr Clément FOURNIER

L’atopie (avec un grand A) est pourvoyeuse de 3 maladies essentielles : l’asthme, la rhino-conjonctivite et la dermatite atopique. Cette étude a étudié la prévalence de l’asthme et de la rhinite allergique chez des patients suivis pour dermatite atopique en réalisant un bilan pneumo-allergologique systématique.

Symptômes respiratoires, hyper-réactivité bronchique et inflammation éosinophilique des voies aériennes chez des patients atteints de dermatite atopique modérée à sévère. : H. Kyllönen*, P. Malmberg*, A. Remitz*, P. Rytilä*, T. Metso*, I. Helenius, T. Haahtela* and S. Reitamo*

*Skin and Allergy Hospital, Helsinki University Central Hospital, Helsinki, Finland and Hospital for Children and Adolescents, Helsinki University Central Hospital, Helsinki, Finland

dans Clinical & Experimental Allergy 36 (2), 192-197

 Contexte :

  • Les patients atteints de dermatite atopique (DA) ont souvent des symptômes suggérant un asthme ou une rhinite.
  • La prévalence et les signes de maladies respiratoires chez des patients atteints de DA ont été étudiés dans un groupe limité.

 Objectifs :

  • Évaluer la prévalence et les groupes de symptômes respiratoires, l’hyper-réactivité bronchique (HRB) et l’inflammation éosinophilique des voies respiratoires chez des patients atteints de DA modérée à sévère.

 Méthodes :

  • 86 patients consécutifs avec DA modérée à sévère et 49 sujets contrôles sans DA sélectionnés par randomisation étaient étudiés par un questionnaire, une spirométrie, un test de provocation à l’histamine pour détecter l’HRB, une expectoration induite pour détecter l’inflammation éosinophilique des voies respiratoires, des prick-tests cutanés, le taux d’IgE sériques totales, en vue de détecter l’atopie.

 Résultats :

  • Les patients avec DA avaient un risque accru :
    • d’asthme (diagnostic médical clinique) (36% vs 2%, odd ratio (OR) 10.1, Intervalle de Confiance (IC) 1.3-79.7, p=0.03)
    • de rhinite allergique (diagnostic médical clinique) (45% vs 6%, OR 4.5, IC 1.2-16.7, p=0.02)
    • d’HRB (51% vs 10%, OR 5.5, IC 1.5-20.1, p=0.01)
    • de présence d’éosinophiles dans l’expectoration induite (81% vs 11%, OR 76.1, IC 9.3-623.5, p<0.0001) par comparaison aux sujets contrôle.
  • Chez les patients avec DA, des IgE totales élevées et des prick-tests cutanés positifs étaient associés à la présence d’un asthme et d’une rhinite allergique (diagnostic médical clinique), à une HRB, et à la présence d’éosinophiles dans l’expectoration induite.

 Conclusion :

  • L’HRB et l’inflammation éosinophilique des voies aériennes sont plus fréquentes chez les patients avec DA que chez des sujets contrôles.
  • Les plus hautes prévalences étaient vues chez les patients atteints de DA qui avaient des prick-tests cutanés positifs et des taux d’IgE totales élevés.
  • Des études longitudinales sont nécessaires pour évaluer le devenir des patients avec symptômes de maladies respiratoires, en vue d’identifier ceux chez qui une prise en charge thérapeutique précoce serait utile.

Cette étude montre sur un petit échantillon de population que l’existence d’une dermatite atopique augmente la probabilité d’avoir un asthme et/ou une rhinite allergique. Ce lien est renforcé en cas de taux élevé d’IgE totales sériques et de prick-tests cutanés positifs.

Faut-il pour autant rechercher un asthme en réalisant une recherche d’HRB chez tous les patients suivis avec dermatite atopique ? La question est difficile car les données restent contradictoires.

Tout d’abord, l’effectif de l’étude est trop restreint pour que l’on puisse d’emblée faire ce type de conclusion, comme le soulignent les auteurs.

Il est certain pourtant qu’il existe un lien épidémiologique entre un terrain atopique (en général) et l’asthme, confirmé par plusieurs études (cf par exemple cohorte île de Wight - Arshad et col. Chest 2005 ;127:502-8.), et vérifié en pratique clinique quotidienne.

Cependant, ces maladies n’ont pas forcément exactement les mêmes facteurs de risques, et comme une autre étude du JACI traduite sur www.allergique.org le montre, on ne retrouve pas les mêmes facteurs de risque chez les enfants ayant des sifflements et chez ceux qui ont une dermatite atopique, les sifflements pouvant être le témoin d’autres affections.

En conclusion, il est raisonnable de recommander la réalisation d’un bilan pneumo-allergologique chez un patient avec dermatite atopique s’il existe des signes d’orientation clinique et au minimum une exploration allergologique simple chez ces patients.

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