Faux positifs des tests cutanés : enfin une vraie explication.

vendredi 24 mars 2006 par Dr Stéphane Guez2069 visites

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Faux positifs des tests cutanés : enfin une vraie explication.

Faux positifs des tests cutanés : enfin une vraie explication.

vendredi 24 mars 2006, par Dr Stéphane Guez

Que faut-il penser de patients chez lesquels on découvre des tests cutanés positifs à des allergènes alors même qu’il n’existe pas manifestement d’allergie clinique. Il existe certainement des différences en terme immunologique par rapport aux patients symptomatiques ayant les mêmes tests cutanés positifs, mais lesquelles ?

Caractéristiques immunologiques de patients ayant une sensibilisation cutanée non symptomatique vis-à-vis des pollens de bouleau et d’herbacées. : K. Assing*, C. H. Nielsen and L. K. Poulsen*

*Allergy Clinic, Department 7551, National University Hospital, Copenhagen, Denmark and Copenhagen Blood Transfusion Center, section 2031, National University Hospital, Copenhagen, Denmark

dans Clinical & Experimental Allergy 36 (3), 283-292.

 Introduction :

  • Il a été démontré que la sensibilisation cutanée asymptomatique (AS) serait un facteur de risque de développer une affection allergique respiratoire.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont étudié :
    • la prolifération cellulaire T à l’allergène ainsi que la fonction mémoire vis-à-vis de l’antigène des cellules lymphocytaires T (LT),
    • la production de cytokine,
    • l’expression sur les LT du récepteur des chemokines CCR4,
  • chez des patients symptomatiques (SA), des patients avec AS et des sujets contrôles (HC).
  • Le nombre des précurseurs lymphocytaires T spécifiques dans chaque groupe a été également estimé.

 Méthodologie :

  • Les cellules mononuclées du sang périphérique de patients provenant des 3 groupes ont été prélevées et stimulées avec les allergènes et avec la toxine tétanique.
  • La prolifération cellulaire, la production de cytokines et l’expression du CCR4 ont été mesurées part cytométrie de flux.

 Résultats :

  • Il existe une augmentation significative de la proportion des CD4+ mémoires lors de la réponse proliférative aux allergènes chez les patients SA par rapport aux patients AS (p<0.001) et par rapport aux témoins.
  • Il est mis en évidence une augmentation des cellules T CD4+CCR4+ seulement chez les patients SA, après stimulation antigénique.
  • Les patients SA ont une fréquence plus importante de cellules T spécifiques des allergènes que les patients AS et les témoins (p=0.02 pour les deux).
  • Par rapport à la prolifération induite par les allergènes en terme de différenciation LTH1 et LTH2, les patients ayant une AS et les témoins se ressemblent beaucoup l’un l’autre alors qu’il existe des différences significatives avec les patients SA.

 Conclusion :

  • Les auteurs concluent que les patients ayant une AS, bien qu’ayant une sensibilisation IgE clairement établie, ont une diminution significative du nombre des LT spécifiques des allergènes de même qu’une diminution significative de la prolifération cellulaire T mémoire CD4+ induite par les allergènes par rapport aux sujets SA.
  • De façon plus large, ces résultats expliquent les caractéristiques immunologiques associées aux AS.
  • Ces données peuvent permettre d’identifier de meilleurs critères d’évaluation du risque d’évolution vers une allergie par rapport aux paramètres précédemment décrits qu’ils soient cliniques ou biologiques.

Dans ce travail fondamental, les auteurs démontrent que la réponse allergique vis-à-vis des allergènes au niveau lymphocytaire T est différente chez les patients asymptomatiques avec tests cutanés positifs par rapport aux patients symptomatiques et allergiques.

Ce travail est intéressant car il porte sur une situation fréquente en allergologie, à savoir la découverte de tests cutanés positifs chez des patients pourtant asymptomatiques aux allergènes testés.

Il est démontré ici, que même si les tests cutanés démontrent dans les 2 groupes la même chose, à savoir une sensibilisation à IgE, il existe malgré tout des différences importantes sur le plan lymphocytaire T.

En particulier chez ces patients non allergiques avec tests cutanés positifs, la réponse proliférative des LT est différente avec une diminution aussi bien lors de la stimulation directe que par la fonction mémoire.

De même, l’expression de chemokines et de façon plus large des cytokines, est différente.

Ainsi, il est bien confirmé que, même en ayant des tests cutanés également positifs aux mêmes allergènes, le système immunitaire du patient symptomatique est différent de celui du patient asymptomatique.

Les auteurs proposent une meilleure analyse de ces différences, ce qui devrait également permettre dans des études ultérieures, de définir les patients asymptomatiques à risque de développer ultérieurement une allergie.

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