L’atopie familiale induirait-elle des comportements « particuliers » ?

lundi 3 avril 2006 par Dr Geneviève DEMONET1989 visites

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L’atopie familiale induirait-elle des comportements « particuliers » ?

L’atopie familiale induirait-elle des comportements « particuliers » ?

lundi 3 avril 2006, par Dr Geneviève DEMONET

La notion d’antécédents d’atopie induit-elle des modifications dans le comportement des familles ? C’est le sujet d’un travail néerlandais effectué à partir de l’étude KOALA sur 2469 nourrissons issus de familles ayant un mode vie conventionnel ou alternatif.

Les parents ayant une histoire familiale d’atopie adoptent-ils un mode de vie « prudent » pour leur nourrisson ? (étude KOALA) : I. Kummeling*, C. Thijs*, F. Stelma, M. Huber§, P. A. van den Brandt* and P. C Dagnelie

*Department of Epidemiology, Care and Public Health Research Institute (Caphri), Maastricht University, Maastricht, The Netherlands, Department of Epidemiology, Nutrition and Toxicology Research Institute Maastricht (NUTRIM), Maastricht University, Maastricht, The Netherlands, Department of Medical Microbiology, University Hospital of Maastricht, Maastricht, The Netherlands and §Louis Bolk Institute, Driebergen, The Netherlands

dans Clinical & Experimental Allergy 36 (4), 489-494

 Contexte :

  • Les parents atopiques pourraient adopter un mode de vie particulier supposé protéger des maladies atopiques.
  • Si c’est vrai, les nourrissons de parents atopiques seraient caractérisés par un comportement à risque faible.
  • Par conséquent, les études étiologiques sur les facteurs de mode de vie chez l’enfant pourraient être biaisées par une confusion d’indication.

 Objectifs :

  • Nous avons examiné si la prévalence des caractéristiques d’un mode de vie « prudent » diffère entre les familles atopiques et non atopiques.

 Méthodes :

  • L’information sur une histoire familiale de manifestations atopiques et sur les caractéristiques du mode de vie a été collectée par des questionnaires répétés à l’intérieur de la cohorte de naissance néerlandaise KOALA chez 2469 nourrissons appartenant à des familles ayant des modes de vie différents (conventionnel versus alternatif).

 Résultats :

  • Dans les familles ayant un mode de vie conventionnel, les nourrissons étaient moins souvent exposés au tabac lorsque les parents étaient atopiques que ceux dont les parents n’étaient pas atopiques (10.0% vs. 14.7%, p=0.001).
  • Dans les familles ayant un mode de vie alternatif, l’exposition au tabac était très rare dans les deux groupes (1.7% vs. 2.6%).
  • Les animaux domestiques étaient moins souvent présents dans les familles atopiques que dans les familles non atopiques (38.8% vs. 51.1%, p=0.008 pour les familles au mode de vie conventionnel ; 43.0% vs. 48.4%, p=0.014 pour les familles au mode de vie alternatif).
  • Dans les familles ayant un mode de vie conventionnel, les enfants ayant des frères et sœurs atopiques étaient moins souvent vaccinés selon le protocole habituel que les enfants n’ayant aucun frère et sœur atopique (76.6% vs. 85.5%, p<0.001).
  • Dans les familles ayant un mode de vie alternatif, la différence allait dans la même direction mais pas de façon significative (30.1% vs. 40.5%, p=0.143).
  • L’utilisation des antibiotiques, l’allaitement maternel et la consommation d’aliments biologiques n’étaient pas reliés à l’histoire familiale de manifestations atopiques.

 Conclusion :

  • Certaines caractéristiques d’un mode de vie « prudent » différaient entre les familles atopiques et non atopiques selon que les manifestations atopiques étaient présentes chez les parents ou les frères et sœurs aînés.
  • Ceci a des conséquences importantes sur la validité des études épidémiologiques sur l’étiologie de l’allergie chez l’enfant.
  • La confusion d’indication en raison d’une histoire familiale de manifestations atopiques peut être mieux contrôlée en considérant l’atopie chez les parents et les frères et sœurs comme des facteurs confondants séparés.

L’étude de cohorte de naissance KOALA avait pour but d’identifier les facteurs de mode de vie favorisant l’expression des maladies atopiques.

Elle a ainsi comparé les familles ayant un style de vie conventionnel à celles ayant un mode de vie alternatif. Ces dernières ont été recrutées par l’intermédiaire d’écoles Steiner, de soignants anthroposophiques, de magasins bio ou de magazines spécialisés.

Les mêmes auteurs néerlandais ont repris ces résultats pour rechercher une modification du comportement des familles, qu’elles soient conventionnelles ou alternatives, en raison d’une atopie soit des parents, soit des enfants aînés.

Le tabagisme passif, très rare dans les familles alternatives, était significativement moins fréquent dans les familles atopiques conventionnelles.

L’exposition aux animaux domestiques était également moins fréquente lorsque les parents étaient atopiques et ce dans les 2 groupes.

Une modification du calendrier vaccinal est apparue dans le groupe conventionnel chez les nourrissons ayant des frères et sœurs allergiques. La différence était non significative dans l’autre groupe, mais moins de la moitié des enfants était vaccinée correctement...

Aucune différence significative n’est apparue en ce qui concerne l’utilisation des antibiotiques, l’allaitement maternel et la consommation d’aliments bio.

On peut déduire de ce travail que les mesures de prévention préconisées depuis plusieurs années sont suivies : le tabagisme passif et l’exposition aux animaux domestiques sont évités lorsqu’il y a risque d’atopie.

L’existence de collatéraux allergiques favorise de plus une moins bonne vaccination. Retrouverait-on cette particularité vaccinale en France ?

En tout cas, des éléments à prendre en compte dans l’interprétation des études épidémiologiques sur l’allergie...

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