Faut-il mettre en doute la parole des asthmatiques ?

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Faut-il mettre en doute la parole des asthmatiques ?

Faut-il mettre en doute la parole des asthmatiques ?

mercredi 13 septembre 2006, par Dr Clément FOURNIER

Il existe chez les asthmatiques une grande variabilité de description de la dyspnée qui n’est pas forcément en rapport avec la gravité de la maladie. Cette étude a tenté de savoir si la description subjective de la dyspnée était liée au degré de bronchoconstriction et de perception chez des patients asthmatiques.

Existe-t-il un lien entre la description qualitative de la dyspnée et sa perception quantitative dans l’asthme ? : Claudia Coli, MD ; Monica Picariello, MD ; Loredana Stendardi, MD ; Michela Grazzini, MD ; Barbara Binazzi, MD ; Roberto Duranti, MD and Giorgio Scano, MD, FCCP

* From the Department of Internal Medicine (Drs. Coli, Picariello, Scano, and Duranti), Section of Immunology and Respiratory Medicine, University of Florence ; and Fondazione Don C. Gnocchi (Drs. Stendardi, Grazzini, and Binazzi), Section of Respiratory Rehabilitation, Pozzolatico (Firenze), Firenze, Italy.

dans Chest. 2006 ;130:436-441

 Contexte :

  • Chez les patients atteints d’asthme, il n’y a aucun lien évident entre la description qualitative de la dyspnée et son intensité globale au cours d’une bronchoconstriction.

 Buts :

  • Déterminer si la perception qualitative et quantitative de la bronchoconstriction méthacholine-induite contribue indépendamment à caractériser l’asthme stable clinique.

 Matériel et méthodes :

  • Nous avons évalué chez 49 asthmatiques les changements induits par une chute de VEMS de 20 à 30 % après inhalation de métacholine sur :
    • la capacité inspiratoire
    • la dyspnée quantitativement (échelle de dyspnée de BORG) et qualitativement (panel de 8 caractéristiques descriptives de dyspnée).
  • De plus, nous avons calculé le niveau de perception de la bronchoconstriction à 20% de chute du VEMS (appelé « PB20 » - voir note dans commentaires)

 Résultats :

  • Les caractéristiques de description sélectionnées pendant l’inhalation de métacholine nous ont permis de regrouper les patients en 3 groupes de « langage » de dyspnée :
    • groupe A « oppression thoracique » (n = 21)
    • groupe B « effort/travail pour respirer » ( n = 7)
    • groupe C « double description A et B » (n = 13)
  • 8 patients sur 49 (groupe D) n’étaient pas capables de définir distinctement les caractéristiques de leur dyspnée.
  • Les différents groupes avaient le même type de fonction respiratoire en base et après inhalation de métacholine.
  • Les patients sélectionnaient plus souvent « oppression thoracique » (42.85%) que « effort/travail pour respirer » (14.3%) et « double description A et B » (26.5 %) autant au niveau le plus bas de bronchoconstriction (Chute de VEMS < 10%) qu’au niveau d’une chute de VEMS de 20 %.
  • 32 patients étaient des normo-percepteurs (1.4 ua < PB20 < 5 ua ; [ua] = unité arbitraire), 7 patients étaient des hyper-percepteurs (PB20 > 5ua), et 10 des hypo-percepteurs (PB20 < 1.4ua).
  • les sous-groupes de « langage » étaient distribués de façon équivalente dans les sous groupes de percepteurs.

 Conclusion :

  • Chez les patients avec asthme stable cliniquement, la PB20 et le « langage » de la dyspnée contribuent indépendamment à définir la condition de la maladie.
  • Cependant, la possibilité que cette indépendance soit liée au risque β doit être prise en compte.

Cette étude un peu fastidieuse à analyser s’est intéressée au mode de description de la dyspnée par des asthmatiques au cours d’une bronchoconstriction.

On aurait tendance à penser que le mode de description de celle ci (que les auteurs appelle le « langage » de dyspnée) va dépendre du niveau de bronchoconstriction et du niveau de perception de chaque patient.

Les résultats montrent qu’au contraire (sous réserve d’un biais statistique) ce langage est un facteur indépendant à la fois du niveau de bronchoconstriction, mais surtout du type de perception de la dyspnée des patients.

Les auteurs en concluent donc que ce langage de dyspnée contribue à caractériser la maladie à part entière, mais également que l’évaluation du degré de perception de la bronchoconstriction par les malades devrait être plus souvent évalué.
En effet, on peut supposer que les hypo-percepteurs auront un recours aux soins plus tardifs que les autres.

Bien entendu, les auteurs précisent dans leur conclusion qu’il serait nécessaire de disposer d’études sur des échantillons plus grands afin de mieux analyser les mécanismes de la dyspnée chez les asthmatiques.

Le sujet n’a pas fini de faire couler de l’encre.

Note sur la PB20 : Il s’agit d’une mesure de la perception de la bronchoconstriction par des asthmatiques à 20 % de chute du VEMS. Les auteurs ont utilisé une échelle validée par d’autres études utilisant une unité de mesure arbitraire classant les patients en hypo-, hyper-, et normo-percepteurs (Boulet LP et col. Perception scoring of induced bronchoconstriction as an index of awareness of asthma symptoms. Chest 1994 ; Ottanelli et col. Perception of breathlessness and bronchial hyperresponsiveness in asthma. Clin Sci 2000).

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