La prospérité n’est pas toujours la panacée pour les maladies immunitaires.

mardi 14 novembre 2006 par Dr Philippe Carré1370 visites

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La prospérité n’est pas toujours la panacée pour les maladies immunitaires.

La prospérité n’est pas toujours la panacée pour les maladies immunitaires.

mardi 14 novembre 2006, par Dr Philippe Carré

Il a été démontré une prévalence accrue de l’asthme et du diabète de type 1 dans les pays émergents, qui pourrait être liée aux modifications du mode de vie et du statut socio-économique. Les auteurs ont donc corrélé, dans plusieurs pays, la prévalence des deux maladies au taux de la mortalité infantile et du produit national brut.

La prospérité sociale est-elle un facteur de risque pour l’asthme bronchique et le diabète de type 1 ? : Alberto Tedeschi1 and Lorena Airaghi2

1Second Division of Internal Medicine, 2First Division of Internal Medicine, Ospedale Maggiore Policlinico, Mangiagalli & Regina Elena, Fondazione IRCCS, Milano, Italy

dans Pediatric Allergy and Immunology 17 (7), 533-537

 Contexte

  • Au cours des dernières décennies, une augmentation de la survenue de l’asthme bronchique et du diabète de type 1 a été observée dans les pays émergents, et une association positive de ces deux éléments a été démontrée au niveau de la population.
  • Cette association pourrait être expliquée par des facteurs de risque communs prédisposant aux deux anomalies.
  • Une modification des modes de vie et de l’environnement, éventuellement liée au statut socio-économique, pourrait rendre compte de la tendance croissante des deux pathologies.

 Méthode

  • Pour tester cette hypothèse, les auteurs ont calculé la corrélation entre la survenue de l’asthme et du diabète de type 1, le produit national brut PNB) et le taux de mortalité infantile, dans plusieurs pays européens et extra-européens.

 Résultats

  • Le PNB était corrélé de façon positive avec l’incidence du diabète de type1 et avec les symptômes d’asthme dans les pays européens (r : 0.53 et 0.69 ; p=0.001 et < 0.0001, respectivement) et les pays extra-européens (r : 0.44 et 0.46 ; p=0.04 pour les deux maladies).
  • La mortalité infantile était corrélée de façon inverse au BNP et à la survenue des deux maladies en Europe (r : -0.66, p<0.0001 pour le diabète de type 1 ; r : -0.51, p=0.01 pour l’asthme).
  • Dans les pays extra-européens, une relation significative a été trouvée entre la mortalité infantile et l’asthme (r : -0.46 ; p=0.03) ; une tendance vers une corrélation négative entre la mortalité infantile et le diabète de type 1 a aussi été trouvée, sans atteindre une différence significative (r : -0.21 ; p=0.31).

 Conclusions

  • Cette étude montre que le diabète de type 1 et l’asthme sont associés positivement au PNB au niveau de la population étudiée.
  • De même, les pays avec une mortalité infantile basse tendent à avoir une incidence plus élevée de ces maladies à médiation immune.
  • Bien que le PNB reflète beaucoup de différences sociales et de mode de vie, il est intéressant de noter qu’un statut socio-économique élevé induit une exposition réduite ou retardée aux agents infectieux.
  • La pression réduite des agents infectieux sur le système immunitaire au cours de la vie pourrait contribuer à une augmentation de la susceptibilité à l’asthme bronchique et au diabète de type 1.

Les auteurs confirment que la prévalence de l’asthme et du diabète de type 1 sont corrélés, dans plusieurs pays européens et extra-européens, de façon proportionnelle au produit national brut de ces pays, et inversement proportionnelle au taux de leur mortalité infantile.

Pour les auteurs, le produit national brut témoigne du statut socio-économique de ces pays, ce dernier induisant une exposition réduite aux agents infectieux.

Cette réduction diminuerait donc la pression sur le système immunitaire, et pourrait contribuer à augmenter la susceptibilité à l’asthme et au diabète de type 1, deux pathologies à médiation immune.

Dans cette hypothèse, il est donc logique que des enfants efficacement protégés contre les agents infectieux puissent avoir une moindre mortalité (d’origine infectieuse), corrélée avec un développement plus important d’asthme et de diabète.

Cette hypothèse va dans le sens de la fameuse hypothèse hygiéniste, qui veut que l’exposition précoce aux agents infectieux protège le système immunitaire vers une prédisposition allergique ; ici, c’est l’exposition réduite aux agents infectieux qui modifierait le statut immunitaire vers plus d’asthme et de diabète.

Mais cette hypothèse hygiéniste est aujourd’hui remise en cause. On pense en fait, que les réactions allergiques seraient liées à un déficit en lymphocytes T-régulateurs ; la sous-exposition aux processus infectieux diminuerait leur activité et favoriserait ainsi le développement des maladies immunitaires.

Le débat n’est donc pas clos en matière de prédisposition du système immunitaire à se laisser dévier, par le biais des infections infantiles, vers un statut immun différent.

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