Il suffit de faire taire les tomates pour les rendre hypoallergéniques...

mardi 28 novembre 2006 par Dr Geneviève DEMONET2561 visites

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Il suffit de faire taire les tomates pour les rendre hypoallergéniques...

Il suffit de faire taire les tomates pour les rendre hypoallergéniques...

mardi 28 novembre 2006, par Dr Geneviève DEMONET

La manipulation génétique peut introduire de nouveaux allergènes dans les aliments, mais pourrait tout aussi bien permettre de supprimer des allergènes connus. Un travail a été mené sur la profiline de la tomate par ARN interférence : les résultats viennent d’être publiés...

Réduction de l’allergénicité des tomates récoltées sur des plants transgéniques avec Lyc e 1 muet : Lien Quynh Le, MSca, Vera Mahler, MDb, Yvonne Lorenz, MScc, Stephan Scheurer, PhDc, Sophia Biemelt, PhDa, Stefan Vieths, PhDc, Uwe Sonnewald, PhDa

a From the Department of Biochemistry, Friedrich-Alexander University Erlangen-Nuremberg, Erlangen
b Department of Dermatology, Friedrich-Alexander University Erlangen-Nuremberg, University Hospital, Erlangen
c Paul-Ehrlich-Institut, Langen

dans JACI Volume 118, Issue 5, Pages 1176-1183 (November 2006)

 Contexte :

  • La profiline est une petite protéine liant l’actine qui contribue au potentiel allergénique de nombreux fruits et légumes, y compris la tomate.
  • Deux gênes hautement similaires codant pour la profiline de la tomate ont été isolés et désignés comme allergènes Lyc e 1.01 et Lyc e 1.02.

 Objectif :

  • le but de cette étude était de produire des tomates hypoallergéniques à teneur réduite en profiline en rendant muets ces deux gênes par ARN interférence (ARNi), dans des plants de tomates transgéniques.

 Méthode :

  • Northern blot, immunoblot et prick-tests cutanés ont permis d’évaluer l’efficacité de l’inhibition de l’expression du gène.

 Résultats :

  • La quantification de la protéine restante a révélé que l’accumulation de profiline dans les fruits transgéniques était diminuée de 10 fois comparativement à ce qui est observé dans les produits contrôles non modifiés.
  • Cette diminution a été suffisante pour réduire la réactivité allergénique, évaluée par prick-test, des patients ayant une allergie à la tomate.
  • La plupart des patients ayant une allergie à la tomate ne sont pas monosensibilisés à la profiline : la réactivité IgE à la tomate à profiline muette a, de ce fait, varié grandement entre les individus testés.

 Conclusion :

  • Nous avons pu démontrer l’efficacité de l’inhibition des deux gènes codant pour la profiline dans des plants de tomate transgéniques par l’utilisation de l’ARNi.
  • Il en a découlé des tomates appauvries en Lyc e 1, accréditant et démontrant que l’ARNi peut être utilisée pour créer des aliments pauvres en allergènes.
  • Cependant, il serait nécessaire d’inhiber plusieurs allergènes pour créer des tomates hypoallergéniques.

 Implications cliniques :

  • Nos résultats démontrent la faisabilité de la création d’aliments pauvres en allergènes par utilisation d’ARNi.
  • Ce concept est une nouvelle approche de l’éviction allergénique.

L’ARN interférence a été utilisée pour inhiber l’expression des gènes codant pour la profiline de la tomate.

Northern blott, immunoblot et prick-tests cutanés ont permis d’évaluer l’efficacité de cette technique.

La quantité de profiline dans les tomates transgéniques était 10 fois inférieure à celle des tomates témoins permettant une diminution de la réactivité allergénique des patients évaluée par prick-tests cutanés.

Cependant, la plupart des patients n’étant pas monosensibilisés à la profiline, il faudrait inhiber plusieurs allergènes pour créer une tomate réellement hypoallergénique.

Par ailleurs, cette manipulation n’a pas été sans conséquences : la profiline ayant des fonctions cellulaires importantes, les plants de tomates transgéniques avaient une taille inférieure (1,5 à 3 fois) à celles des plantes contrôles et une floraison retardée. Certains plants n’ont pas réussi à fructifier.

Une variété hypoallergénique de cette même profiline pourrait être utilisée pour restaurer les fonctions physiologiques.

Une bonne nouvelle, à priori, pour les patients porteurs d’une allergie alimentaire. Mais il reste du chemin à parcourir en raison de la multiplicité des allergènes potentiels à l’intérieur d’un même aliment...

Pour la tomate, les autres principaux allergènes sont Lyc e 2 (β-fructofuranosidase) et Lyc e 3 (LTP : protéine de transfert lipidique), mais il existe d’autres allergènes potentiels (polygalacturonase, pectinesterase, chitinase, superoxide dismutase...).

Reste bien sûr le problème de la sécurité d’une telle manipulation, mais c’est une autre histoire...

Pour les passionnés, la même équipe a publié sur le même sujet : « Design of tomato fruits with reduced allergenicity by dsRNAi-mediated inhibition of ns-LTP (Lyc e 3) expression. » Plant Biotechnology Journal 4 (2), 231-242.

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