Allergie alimentaire : l’éviction jusqu’auboutiste !

lundi 4 décembre 2006 par Dr Alain Thillay2461 visites

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Allergie alimentaire : l’éviction jusqu’auboutiste !

Allergie alimentaire : l’éviction jusqu’auboutiste !

lundi 4 décembre 2006, par Dr Alain Thillay

L’enfant allergique alimentaire doit suivre un régime d’éviction plus ou moins prolongé. La réintroduction de l’aliment impliqué se fait classiquement après un test de provocation alimentaire négatif. Pourtant, il semble qu’un nombre important de patient ne réintroduise pas pour autant l’aliment en question. Quelle est la proportion de ces patients ? Quelles sont les raisons ? C’est tout le propos de cette étude.

Prolongation de l’éviction alimentaire après test de provocation alimentaire négatif. : Philippe A. Eigenmann, Jean-Christoph Caubet and Samuel A. Zamora

University Hospital of Geneva, Department of Paediatrics, Geneva, Switzerland

dans Pediatric Allergy and Immunology 17 (8), 601-605

 Contexte :

  • Un test de provocation alimentaire négatif dans le suivi de patients précédemment diagnostiqués en tant qu’allergiques alimentaires devrait logiquement entraîner le retour à un régime normal. Cependant, tous les patients ne réintroduisent pas ensuite le ou les aliments en question.

 Objectifs :

  • Les objectifs de l’étude étaient de définir la proportion de tests de provocation alimentaire négatifs non suivie d’un régime normal, et d’identifier les raisons possibles à cette absence de réintroduction.

 Méthodes :

  • Des patients présentant un test de provocation alimentaire négatif ont reçu un questionnaire par la poste.
  • Les items du questionnaire incluaient les symptômes au moment du diagnostic, la durée du régime, la crainte d’une réaction accidentelle durant le régime d’éviction et comment celui-ci a influencé la vie sociale.
  • Les patients ont été également interrogés pour savoir si l’aliment avait été réintroduit après le test de provocation alimentaire négatif, et sinon, pour quelle(s) raison(s).

 Résultats :

  • Parmi les questionnaires remplis, 25,4% (18/71) des patients ont rapporté que l’aliment n’a pas été réintroduit.
  • Les patients ayant eu antérieurement un diagnostic d’allergie à l’arachide ont eu tendance à réintroduire moins fréquemment que les patients allergiques à d’autres aliments.
  • Nous avons constaté que les filles réintroduisaient de façon significative moins souvent que les garçons.
  • Cependant, ni la sévérité de la réaction initiale, ni la crainte d’une réaction accidentelle pendant le régime d’éviction, ni la prolongation de celui-ci n’ont influencé la décision de réintroduction de l’aliment.
  • Parmi les autres raisons listées, la crainte de la persistance de l’allergie, le prurit récurrent ou des éruptions cutanées non spécifiques apparues après avoir mangé de la nourriture, ont été rapportées dans 12,7% de l’ensemble des questionnaires.
  • Les patients qui ont réintroduit l’aliment ont rapporté que leur vie sociale s’est généralement améliorée.
  • Un quart des patients précédemment allergiques continuent un régime d’éviction alimentaire en dépit d’un test de provocation négatif.

 Conclusions :

  • Nous suggérons de réévaluer la consommation alimentaire chez tous les patients ayant eu un test de provocation négatif, et chez ceux qui évitent toujours l’aliment spécifique pour considérer la répétition du test de provocation.

Cette étude de questionnaire a été réalisée par l’équipe pédiatrique de l’Hôpital Universitaire de Genève (Suisse).

L’origine de cette étude est importante à connaître car les auteurs n’indiquent jamais dans le résumé de quelle population il s’agit. Enfin, à signaler que les mots clés comprenaient entre autres : lait de vache, arachide et œuf. Ayant pris connaissance de cela, la traduction du résumé vous apparaîtra déjà moins hermétique.

Les auteurs ont adressé un questionnaire aux parents d’enfants souffrant d’une allergie alimentaire et ayant subi un test de provocation revenu négatif après une période d’éviction. Ils ont reçu en tout 71 questionnaires remplis. Parmi eux, 25% n’avaient toujours pas réintroduit l’aliment incriminé. Les allergiques à l’arachide sont ceux qui réintroduisaient le moins.

Les raisons qui poussent les patients à accepter la réintroduction n’apparaissent pas clairement. De même, celles qui poussent les patients à ne pas réintroduire n’entrent pas dans une grande logique : la crainte de la persistante de l’allergie, un prurit récurrent ou des réactions cutanées non spécifiques attribués à l’allergie.

Pourtant ceux qui ont arrêté l’éviction s’accordent pour signaler une amélioration de la vie sociale.

Les Allergologues connaissent bien ce phénomène. Une fois que les indicateurs de la disparition de l’allergie alimentaire sont présents (valeurs des tests cutanés et/ou des CAP RAST et les VPN qui en découlent ou bien la négativité du TPO), les parents des enfants allergiques sont souvent réticents à la réintroduction.

Effectivement, on s’accordera avec les auteurs à réévaluer la consommation alimentaire après un TPO négatif, de là à le refaire, c’est une autre paire de manches.

Dans ces cas, il faut laisser le temps au temps, l’enfant va grandir et fera de lui-même progressivement ses expériences de réintroduction en « milieu naturel ». Pourtant parfois on verra des enfants poursuivre l’éviction du fait d’un dégoût alimentaire prononcé.

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