Allergiques au chien, n’hésitez pas à mettre la dose !

mardi 9 janvier 2007 par Dr Alain Thillay2260 visites

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Allergiques au chien, n’hésitez pas à mettre la dose !

Allergiques au chien, n’hésitez pas à mettre la dose !

mardi 9 janvier 2007, par Dr Alain Thillay

Les études ne semblent pas démontrer que l’immunothérapie spécifique au chien est efficace. Pourtant, il apparaît licite de se demander pourquoi elle ne le serait pas alors que l’ITS aux acariens l’est. C’est tout l’objet de ce travail qui cherche à déterminer la dose d’allergène majeur du chien Can f 1 à injecter pour obtenir une réponse immunitaire significative.

Réponse immunologique à l’administration d’un extrait standardisé d’allergène du chien à doses différentes. : Anne M. Lent, MDa, Ronald Harbeck, PhDa, Matthew Strand, PhD, Michael Sills, BS, Kimberly Schmidt, RN, BSN, Benjamin Efaw, MS, Terri Lebo, BS, Harold S. Nelson, MDa

From National Jewish Medical and Research Center

dans JACI Volume 118, Issue 6, Pages 1249-1256 (December 2006)

 Contexte :

  • La réponse immunologique à l’immunothérapie avec un extrait allergénique de chien n’est pas bien caractérisée.

 Objectif :

  • Le but de cette étude était d’examiner la réponse immunologique à 3 doses différentes d’extrait allergénique de chien exprimées en fonction du taux de Can f 1.

 Méthodes :

  • L’immunothérapie a été administrée à 28 patients présentant une allergie au chien, ils ont été aléatoirement affectés à 1 des 4 bras thérapeutiques : placebo ou extrait précipité sur acétone contenant 0,6 μg, 3,0 µg, ou 15,0 μg de Can f 1 par dose d’entretien de 0,5 ml.
  • Les études ont inclus les tests cutanés, la réponse cutanée retardée, le test de provocation nasal avec l’extrait allergénique de chien, et le taux des IgE et des IgG4 spécifiques de l’allergène.
  • La prolifération des lymphocytes stimulés par l’allergène du chien a été effectuée avec la mesure des cytokines sécrétées par la méthode ELISA et des cytokines intracellulaires par la cytométrie en flux.

 Résultats :

  • Il y avait une réponse dose dépendante significative de la suppression des tests cutanés et la suppression de la réponse cutanée retardée.
  • Il y avait une augmentation significative du taux basal des IgG4 spécifiques de l’allergène du chien à la fois dans le groupe dose basse et le groupe forte dose et une suppression dose dépendante du TNF-α sécrété et une augmentation de TGF-β sécrété.
  • Il y avait une tendance dose dépendante de la suppression de l’IL-4 sécrétée avec une diminution significative du taux basal dans le groupe haute dose.
  • Il n’y avait aucun changement significatif du score symptomatique, de la prolifération des lymphocytes ; de l’IFN-γ, de l’IL-10 ou de IL-5 sécrétées, ou de la production intracellulaire de cytokines.

 Conclusion :

  • La réponse dose dépendante dans les paramètres immunologiques après immunothérapie avec l’extrait allergénique de chien est semblable à celle précédemment démontrée avec l’extrait allergénique de chat.

 Implications cliniques :

  • La réponse la plus importante et la plus pertinente est observée avec une dose de Can f 1 de 15 μg.

Cette étude avait fait l’objet d’un poster lors du dernier congrès de l’AAAAI à Miami Beach, j’en avais fait le rapport et vous en aviez eu ainsi la primeur.

En 2003, la même équipe du « National Jewish Medical and Research Center » de Denver avait publié une étude comparable à propos du chat pour parvenir aux mêmes résultats (1).

La méthodologie est comparable, étude contrôlée en double aveugle contre placebo.
Vingt-huit patients allergiques au chien ont été randomisés en fonction de 4 bras (7 par bras), placebo, 0,3 µg, 0,6 µg et 15 µg de Can f1 par injection de 0,5 ml. La dose d’entretien est atteinte après une période de 4 semaines comprenant 8 injections ; ensuite, une dose de rappel chaque semaine. Avec un tel protocole, il faut sans doute penser qu’il s’agit d’un extrait d’action immédiate et non pas retard.

Pour les résultats, il faut retenir une inhibition des tests cutanés en lecture immédiate et retardée dose dépendante, un augmentation des IgG4 spécifique de l’allergène du chien, une diminution dose dépendante du TNF-α, une augmentation du TNF-β et une suppression dose dépendante de l’IL-4.

Par contre, pas de modification significative du score symptomatique, de la prolifération lymphocytaire, de la sécrétion de l’IFN-γ, de l’IL-10 ou de IL-5 et de la production intracellulaire des cytokines.

En tout état de cause, c’est la dose de rappel de 15 µg de Can f 1 qui est la plus évidente.

En clair, si l’on veut avoir un résultat il faut injecter des fortes doses.

Pour nous, dans la pratique courante, cela correspondrait à l’injection de rappel de 0,3 ou 0,4 ml de l’extrait thérapeutique de chien standardisé Allerbio-ALK à 100 IR/ml.

D’après ce que j’ai pu comprendre l’évaluation de la réponse immunologique s’effectue après la phase d’attaque (les 8 injections en un mois) ; cela m’apparaît un peu court pour obtenir une réponse vraiment probante. Il serait intéressant, par exemple, de refaire cette même évaluation après un an d’immunothérapie spécifique. Mais en fait, le propos ici est essentiellement de connaître la dose efficace d’allergène majeur Can f 1.

Tout récemment, Nicolie Brigitte du service d’Allergologie du CHU d’Angers, dans une mise au point (2), a pratiqué une revue de la littérature concernant l’indication, l’efficacité et la sécurité de l’immunothérapie spécifique aux phanères d’animaux.

L’auteur a été très sélectif quant aux travaux retenus, pourtant, comme il en fait la remarque, le nombre de patients est faible, bien souvent les études concernent des patients allergiques au chat et au chien sans préciser le nombre des patients spécifiquement allergiques au chien, et, plus notable, ces études ne font pas état de la quantité d’allergène majeur injecté.

Ainsi, la présente étude américaine montre tout son intérêt. Si on veut faire la démonstration de l’efficacité de l’immunothérapie injectable au chien, il faut utiliser des injections de rappel contenant 15 µg de Can f 1.

(1)Ewbank PA, Murray J, Sanders K, Curran-Everett D, Dreskin S, Nelson HS. A double-blind, placebo-controlled immunotherapy dose-response study with standardized cat extract. J Allergy Clin Immunol. 2003 Jan ; 111(1):155-61.

(2)Nicolie B. Indication de l’immunothérapie spécifique aux phanères d’animaux, efficacité et sécurité : revue de la littérature. Rev Fr Allergol ; 46 ; 2006 :648-655.

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