Les fœtus aiment la nouveauté : les antileucotriènes ne leur font même pas peur !!

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Les fœtus aiment la nouveauté : les antileucotriènes ne leur font même pas peur !!

Les fœtus aiment la nouveauté : les antileucotriènes ne leur font même pas peur !!

jeudi 5 avril 2007, par Dr Stéphane Guez

La prise en charge d’un asthme ne peut pas s’interrompre durant la grossesse en raison des risques majeurs encourus alors aussi bien par la mère que par l’enfant. Mais le risque tératogène pour le fœtus pose un problème majeur freinant l’application des nouveaux traitements. Qu’en est-il des antileucotriènes ?

Innocuité des antagonistes des récepteurs aux leucotriènes pendant la grossesse. : Ludmila N. Bakhireva, MD, MPHa, Kenneth Lyons Jones, MDa, Michael Schatz, MD, MSc, Hillary S. Klonoff-Cohen, PhDb, Diana Johnson, MSa, Donald J. Slymen, PhDd, Christina D. Chambers, PhD, MPHab

a From the Department of Pediatrics
b Department of Family and Preventive Medicine, University of California, San Diego, La Jolla
c Department of Allergy-Immunology, Kaiser-Permanente Medical Center ; San Diego
d Graduate School of Public Health, San Diego State University

dans JACI Volume 119, Issue 3, Pages 618-625 (March 2007)

 Introduction :

  • L’asthme est une affection chronique qui affecte environ 8% des femmes enceintes et peut venir compliquer une grossesse.
  • Un traitement adéquat de l’asthme durant la grossesse est crucial mais avec la nécessité d’un traitement sans risque pour le foetus.

 Objectif de l’étude :

  • Évaluation de la sécurité d’un traitement de l’asthme par des antagonistes des leucotriènes (LTRAs) pendant la grossesse pour la mère et pour le fœtus.

 Matériel et méthode :

  • Les patients ont participé à une étude spécifique sur les risques tératogènes liés aux traitements médicamenteux de l’asthme durant la grossesse
  • Le devenir périnatal de 96 femmes ayant pris des LTRAs (montelukast ou zafirlukast) a été comparé à celui de femmes ayant pris uniquement des béta² à courte durée d’action (n=122) et à celui de femmes non asthmatiques (n=346).

 Résultats :

  • L’utilisation de LTRAs n’est pas associée à un risque augmenté :
    • de fausse couche
    • de diabète gestationnel
    • de pré éclampsie
    • de prise de poids gestationnel de la mère
    • de prématurité
    • d’un score d’Apgar diminué
    • d’une réduction, du poids de naissance ou de la circonférence crânienne de l’enfant
    • avec : p> 0.05.
  • La légère diminution de poids des enfants lors de l’utilisation de LTRAs peut être attribuée à la sévérité de l’asthme de la mère.
  • La prévalence à la naissance d’anomalies structurales importantes dans le groupe avec LTRAs (5.95%) est significativement plus importante que dans le groupe témoin sain sans asthme (p=0.007) mais n’est pas différent du groupe ayant de l’asthme sans prise de LTRAs pendant la grossesse (p=0.524).
  • De plus les anomalies significatives observées dans le groupe ayant reçu des LTRAs n’ont pas de signification sur le plan clinique.

 Conclusion :

  • L’utilisation de LTRAs durant la grossesse n’est pas associée à un risque d’anomalies structurales cliniquement significatives chez les nouveaux nés, ni à un risque d’autres effets indésirables périnataux.

 Application clinique :

  • Cette étude indique que les LTRAs ne présentent pas un risque tératogène majeur chez l’homme. Cependant, les résultats doivent être interprétés en tenant compte du faible effectif de ce travail.

Les auteurs ont étudié les effets de la prise d’antileucotriènes chez des femmes enceintes asthmatiques par rapport à des femmes enceintes asthmatiques se traitant seulement par des broncho-dilatateurs ou des femmes sans asthme.

Il n’y a aucune différence significative chez les femmes asthmatiques prenant ou non des antileucotriènes.

Ce travail est très intéressant car c’est le premier qui a étudié de façon prospective les risques éventuels de cette nouvelle classe thérapeutique dans l’asthme que sont les antileucotriènes.

La méthodologie est rigoureuse avec comparaison à deux groupes égaux de femmes enceintes : un groupe d’asthmatiques et un groupe de non asthmatiques.
L’enquête a porté aussi bien sur les risques tératogènes du fœtus que sur les affections durant la grossesse chez la mère.

Il n’y a aucune différence significative entre les femmes asthmatiques ayant pris des antileucotriènes et celles qui n’ont pris que des broncho-dilatateurs de courte durée d’action. Par contre il existe des différences avec les femmes non asthmatiques mais, si des anomalies mesurables sont observées, elles n’ont pas de signification clinique particulière.

Ainsi les auteurs concluent à l’absence de risque tératogène significatif chez l’enfant lors de la prise d’antileucotriènes par la mère durant la grossesse.

Il faut bien entendu souligner le faible effectif de l’étude (90 femmes). Il est donc indispensable de poursuivre cette enquête. Mais ce résultat est bien rassurant lorsqu’on connaît la difficulté de traiter les femmes asthmatiques enceintes. La possibilité de prescrire plus de traitements ne pourra qu’améliorer les conditions de la grossesse et éviter des crises d’asthme grave mettant immédiatement en danger et la mère et l’enfant.

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