Les kangourous sauvés par l’allergie ?

lundi 30 avril 2007 par Dr Clément FOURNIER2190 visites

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Les kangourous sauvés par l’allergie ?

Les kangourous sauvés par l’allergie ?

lundi 30 avril 2007, par Dr Clément FOURNIER

L’allergie aux viandes reste peu fréquente, mais fait partie des allergies alimentaires que les allergologues connaissent bien. L’apparition de nouvelles viandes (kangourou, autruche, bison…) sur le marché amène à penser que de nouvelles allergies vont apparaître, celles-ci croisant éventuellement avec des viandes plus classiques. Les auteurs rapportent ici le premier cas d’anaphylaxie spécifique au kangourou.

Anaphylaxie à la viande de kangourou. Identification d’un nouvel allergène des marsupiaux. : R. J. Boyle, V. C. Russo, E. Andaloro, S. M. Mehr, M. L.-K. Tang

dans Allergy
Vol. 62 Issue 2 Page 209 February 2007

 L’allergie alimentaire à la viande reste rare, et concerne surtout des eczémas atopiques de l’enfant.
 La consommation de viande de kangourou augmente à la fois en Australie mais aussi dans le monde.
 Cette viande est réputée maigre, et est considérée comme une alternative saine à la viande de mammifère.
 Aucune allergie alimentaire en rapport avec une protéine spécifique de la viande de marsupial n’a été décrite.

 Les auteurs rapportent un cas d’anaphylaxie à la viande de kangourou, et ont identifié l’allergène causal par immunoblot.

 Un jeune homme de 23 ans, sans antécédent allergique, a présenté 30 minutes après avoir ingéré de la viande de kangourou, une détresse respiratoire et une urticaire généralisée.

  • Les symptômes évoluaient favorablement en quelques heures sans traitement.
  • Il avait déjà présenté auparavant un picotement lingual et un gonflement labial 30 minutes après consommation de viande de kangourou.
  • La consommation d’autres allergènes alimentaires classiques ne posaient aucun problème (lait, œufs, arachide, blé, fruits de mer…), y compris les viandes de bœuf, d’agneau, et de porc.

 Les tests cutanés étaient négatifs aux allergènes alimentaires courants et aux viandes de bœuf et d’agneau.
 Le test cutané à la viande de kangourou crue était positif avec papule de 20 mm à 15 minutes et urticaire linéaire s’étendant jusqu’à la partie supérieure du bras à 30 minutes, et persistant 24 heures.
 Les tests cutanés à la viande de kangourou crue étaient négatifs chez 2 sujets contrôles sans allergie alimentaire.

 Les auteurs ont ensuite mis en évidence (immunoblotting) dans le sérum du patient la présence d’IgE dirigés contre une protéine de 66 kDa présente dans la viande de kangourou et de wallaby. Aucune réactivité sérique n’était retrouvée avec le bœuf, le requin, et la viande de kangourou cuite.
 Le sérum d’un autre patient ayant présenté une urticaire au kangourou et aux viandes de mammifères ne réagissait pas avec cette protéine de 66 kDa, mais réagissait avec une protéine de plus gros poids moléculaire (81 kDa) présente à la fois dans les viandes de kangourou et de bœuf, comme cela avait déjà été décrit dans la littérature.

 Les auteurs ont donc démontré qu’il s’agissait d’un cas d’anaphylaxie à la viande de kangourou et ont mis en évidence une protéine allergénique spécifique des marsupiaux de 66 kDa.
 Comme l’albumine bovine est la cause la plus fréquente d’allergie aux viandes, que son poids moléculaire est de 66 kDa, et qu’elle est thermolabile, les auteurs suggèrent qu’ils ont identifié une forme d’albumine spécifique des marsupiaux qui ne croisent pas avec l’albumine bovine.


Il s’agit du rapport du premier cas clinique d’anaphylaxie à une protéine spécifique de la viande de marsupial (kangourou, wallaby…).

Il avait déjà été signalé un cas d’allergie à cette viande, mais celle-ci était à priori en rapport avec une protéine différente commune à la viande de bœuf et de kangourou. Ici les auteurs ont bien montré qu’il s’agissait d’une protéine spécifique des marsupiaux, vraisemblablement une albumine marsupiale ne croisant pas avec l’albumine bovine.

L’allergie aux viandes reste assez rare mais est bien connue des allergologues, en particulier chez l’enfant.

La possibilité d’une allergie aux nouvelles viandes (de plus en plus facile à trouver dans les supermarchés car ayant des qualités gustatives et diététiques intéressantes) doit être connue.

Elle implique de modifier l’interrogatoire alimentaire, car il est peu probable qu’un patient identifie clairement l’ingestion d’une viande exotique comme agent causal de sa réaction allergique (surtout si elle est consommée au restaurant où elle ressemble fort à un steak « standard »).

En cas de suspicion diagnostique, il faudra alors réaliser des tests cutanés réalistes avec la viande suspectée crue et cuite.

Il est vraisemblable que l’augmentation de la consommation de ces viandes nouvelles s’accompagne de l’apparition d’allergies.

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