EAACI 2007 : Göteborg Suède. Le congrès du Dr Hervé Masson.

jeudi 21 juin 2007 par Dr Hervé Masson1949 visites

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EAACI 2007 : Göteborg Suède. Le congrès du Dr Hervé Masson.

EAACI 2007 : Göteborg Suède. Le congrès du Dr Hervé Masson.

jeudi 21 juin 2007, par Dr Hervé Masson

Vous aviez sûrement remarqué que nous étions moins présents sur le site. C’est que l’équipe s’est rendue au congrès de l’European Academy of Allergy and Clinical Immunology qui se tenait cette année en Suède. Sommaire de cet article : Profilines : une protéine se liant aux IgE avec une signification clinique ? ; Épitopes séquentiels : pertinents pour le risque allergique ? ; Challenge alimentaire en double aveugle : un étalon or pour le diagnostic de l’allergie alimentaire ?

Profilines : une protéine se liant aux IgE avec une signification clinique ?

Karin Hoffmann-Sommergruber, Vienne.

Les profilines ont été décrites pour la première fois en 1977.

Il s’agit :
 de protéines d’un petit poids moléculaire de 12 à 15 kDa qui se lient aux filaments d’actine du cytosquelette.
 Valenta a montré qu’il s’agissait d’un des allergènes du bouleau en 1991.
 On retrouve 151 profilines décrites dans la base de données www.allergome.org. Il apparaît donc que les profilines sont des panallergènes.

 Les caractéristiques des profilines :

  • elles comprennent entre 131 et 134 résidus amino acides
  • Il existe entre 70 et 85 % d’identité de séquence entre les profilines des plantes et 25 à 40% avec les profilines fungiques et animales.
  • Les profilines sont détectables dans tous les tissus des plantes, particulièrement abondantes dans les pollens.

 Stabilité des profilines : elle est intermédiaire.

  • Api g 4 (céleri) : pas de modification de la liaison aux IgE après cuisson à 100 °, irradiation, dessiccation, traitement à hautes pressions ; par contre effet d’un traitement par un pH bas et par liquide gastrique
  • Ara h 5 (arachide) : la torréfaction détruit les épitopes conformationnels
  • Mal d 4 (pomme) et Cuc m 2 (melon) sont fortement détruits par la digestion.

Relevance clinique des profilines

Dans l’allergie aux aliments reliés aux pollens, 10 à 20 % des patients ont une IgE réactivité aux profilines :

  • Api g 4 : 23 % des patients sont IgE positifs
  • Dau c 4 : 33 % des patients
  • mais les IgE anti-profilines ont un spectre tellement gigantesque qu’il existe énormément de faux positifs. La pertinence clinique de la présence d’IgE aux profilines dans ces allergies croisées est donc faible.

Les profilines sont des marqueurs cliniques :

  • 71 patients souffrant d’allergie fruits / légumes sans sensibilisation aux LTP et latex,
  • l’hypersensibilité à Bet v 2 était associée avec une allergie clinique à :
    • melon,
    • citron
    • banane
    • tomate,

Pour le melon et le citron, les profilines Cuc m 2 (melon) et Cit s 2 (citron) sont responsables d’IgE réactivité très fréquentes chez les patients allergiques. 100 % des cas pour le melon et 78 % pour le citron.

Dans le cas de la pomme, une étude européenne a montré deux familles de symptômes selon les populations étudiées :
 Dans le nord de l’Europe :

  • patients sensibilisés à Bet v 1 et/ou aux profilines
  • réactivité croisée aux fruits des rosacées
  • symptomatologie limitée à des syndromes oraux

 Dans le sud de l’Europe :

  • réactions peuvent être plus sévères et reliées à une sensibilisation aux LTP.

Conclusions :
 la responsabilité clinique des profilines dans une réaction allergique dépendra de leur origine, de la source allergénique. Pour certaines allergies alimentaires, les profilines sont des allergènes majeurs.
 chez certains patients, les profilines sont aussi des allergènes responsables uniques des symptômes.
 il reste encore à explorer la réactivité croisée des différentes profilines.


Épitopes séquentiels : pertinents pour le risque allergique ?

Stefan Vieths, Allemagne

Les épitopes des cellules T ont un rôle dans la régulation des mécanismes immunologiques et ceux des cellules B servent à la reconnaissance par les IgE.

Les épitopes des allergènes alimentaires pour les cellules B peuvent :
 être séquentiels : linéaires, constitués d’une succession d’acides aminés
 être conformationnels : discontinus, liés à la forme de l’allergène
 déclenchent les symptômes
 sont responsables des réactivités croisées
 avec un cas particulier : les CCD, qui sont des allergènes à part.
 Lorsque l’on examine la structure tridimensionnelle des allergènes, on s’aperçoit que les épitopes des protéines pliées sont généralement conformationnels.

Lorsqu’un allergène dispose d’épitopes séquentiels :
 Il n’y a pas d’effet de la dénaturation de la protéine sur la capacité de liaison des IgE,
 l’allergène est résistant aux procédés industriels de préparation alimentaire,
 l’allergènicité est préservée lors de la digestion partielle,
 il persiste une affinité des immunoglobulines après dénaturation des protéines. Les allergies alimentaires de classe I (gastro-intestinales, digestives) sont souvent dues à des allergènes alimentaires dénaturés par la chaleur.

 Les épitopes séquentiels ont souvent plus de 8 aminoacides et vont jusqu’à 16.
 Certaines équipes ont suggéré qu’ils pourraient constituer des biomarqueurs d’une réactivité clinique :

  • les IgE contre certains peptides de caséine seraient les marqueurs d’une allergie persistante au lait de vache,
  • certains épitopes d’Ara h 1 et Ara h 2 seraient prédictifs d’une réaction clinique à l’arachide et permettrait d’éviter la provocation alimentaire,
  • on a montré une association entre des IgE anti peptides d’omega-5 gliadine et l’anaphylaxie au blé induite par l’effort.

Les techniques d’identification des épitopes séquentiels sont maintenant bien codifiées et relativement faciles à mettre en œuvre. Par contre, la mise en évidence des épitopes conformationnels est plus complexe.

L’auteur a conclu sur les épitopes séquentiels :
 les épitopes séquentiels trouvés sur un allergène ont une capacité de liaison aux IgE et une activité biologique très faible en comparaison à l’allergène complet,
 les épitopes séquentiels sont seulement une partie de l’épitope complet de l’allergène


Challenge alimentaire en double aveugle : un étalon or pour le diagnostic de l’allergie alimentaire ?

Jonathan Hourihane, Irelande

Lorsque le diagnostic d’allergie alimentaire est basé sur les données cliniques, on constate une surestimation de la prévalence de l’allergie et du nombre d’aliments incriminés.

De la même manière, le diagnostic uniquement clinique peut conduire à une sous-estimation de la sévérité. Beaucoup de décès par allergie alimentaire surviennent chez des patients qui jusqu’ici n’avaient présenté que des réactions modérées.

Les tests cutanés ont une sensibilité faible et une faible valeur prédictive positive :
 chez des enfants sans aucun antécédent d’allergie à l’arachide, seulement 49 % des patients ayant un prick test positif asymptomatique ont eu un challenge positif.

Les IgE spécifiques sont aussi de valeur variable selon les populations et les aliments. De plus, il a été montré que leur valeur prédictive s’élève au fur et à mesure que l’enfant grandit.

Plusieurs études ont porté sur la définition d’un seuil de prédiction aussi bien sur les tests cutanés que sur les IgE. Mais il semble qu’il existe une telle variabilité en fonction de la région, de l’âge et de l’aliment, que ce type d’outil n’est pas utilisable en pratique courante.

Le challenge alimentaire n’est pas non plus le système parfait :
 le patient a parfois du mal à donner sa confiance totalement,
 c’est un examen très long
 son interprétation est parfois délicate en présence de signes subjectifs ou de patients réagissant au placebo
 il ne permet de ne tester qu’un allergène par séance
 il persiste toujours sous-jacent un risque de réaction anaphylactique.

En fait, la place du challenge a évolué. Désormais, il sert surtout à savoir ce que le patient peut consommer et moins à diagnostiquer ce qui a été responsable de l’accident allergique.

50 % des allergiques à l’arachide réagissent avant la dose de 3 mg de cacahuète. Les doses employées maintenant deviennent de plus en plus faibles et donc de plus en plus sûres.

L’orateur a donc conclu que le challenge en double aveugle contre placebo n’était peut-être pas l’étalon or, mais sûrement l’étalon argent…


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