La farine de blé a mangé son pain blanc

vendredi 30 mai 2008 par Dr Hervé Couteaux1834 visites

Accueil du site > Allergènes > Alimentaires > La farine de blé a mangé son pain blanc

La farine de blé a mangé son pain blanc

La farine de blé a mangé son pain blanc

vendredi 30 mai 2008, par Dr Hervé Couteaux

Connu des praticiens, le C1-inhibiteur est un inhibiteur des sérine-protéases de la voie classique du complément. Ces inhibiteurs sont impliqués dans de nombreuses fonctions des cellules eucaryotes, animales et végétale. Farine, tu peux trembler : tes secrets vont être bientôt révélés…

Caractérisation moléculaire et immunologique d’un inhibiteur de la serine protéinase du blé : un nouvel allergène dans l’asthme du boulanger. : Constantin C, Quirce S, Grote M, Touraev A, Swoboda I, Stoecklinger A, Mari A, Thalhamer J, Heberle-Bors E, Valenta R.

Division of Immunopathology, Department of Pathophysiology, Center of Physiology, Pathophysiology, and Immunology, Medical University of Vienna, Vienna

dans J Immunol. 2008 Jun 1 ;180(11):7451-60

 Contexte :

  • La sensibilisation IgE médiée à la farine de blé est une des causes les plus fréquentes d’asthme professionnel.

 Méthode :

  • Une librairie d’ADNc a été élaborée à partir de grains de blé et screenée avec les IgE sériques de patients présentant un asthme du boulanger.
  • Un clone de phage IgE réactif contenait un segment entier d’ADNc codant pour un allergène de masse moléculaire de 9.8 kDa et un point isoélectrique de 6.
  • Selon les analyses de séquence, cela correspond à un membre de la famille des inhibiteurs de pomme de terre de type I, un groupe d’inhibiteurs de sérine protéinase, et se trouve être ainsi le premier allergène appartenant au groupe des protéines PR-6.
  • Un recombinant de l’inhibiteur de protéinase du grain de blé a été exprimé par Escherichia coli et purifié jusqu’à homogénéité.

 Résultats :

  • Selon l’analyse en dichroïsme circulaire, il s’agit d’une protéine soluble et spatialement conformée avec une forte stabilité thermique, contenant principalement des feuillets bêta, des enroulements aléatoires, et un élément d’hélice alpha.
  • L’allergène recombinant a montré une activité allergénique au test d’histamine release par les basophiles et a réagi spécifiquement avec les IgE de 3 des patients avec asthme du boulanger sur un total de 22, mais n’a pas réagi avec les IgE des patients polliniques aux Graminées ni avec celles des patients présentant une allergie alimentaire au blé.
  • On a produit des anticorps spécifiques de l’allergène ce qui a permis de localiser l’allergène en microscopie électronique « immunogold »dans les réserves de l’endosperme et dans la couche à aleurone du grain de blé.
  • L’allergène est principalement exprimé dans les grains de blé mûrs et, malgré une identité de séquence d’approximativement 50%, a montré une absence de réactivité croisée avec des allergènes (homologues) issus d’aliments végétaux tels que le maïs, le riz, les haricots ou les pommes de terre.

 Conclusion :

  • Le recombinant de l’inhibiteur de la sérine protéinase du blé, utilisé en combinaison avec d’autres allergènes spécifiques, peut être utile pour le diagnostic et le traitement de l’asthme du boulanger médié par les IgE.

L’inhibiteur de la sérine protéase du blé est un allergène impliqué dans l’asthme du boulanger, qui paraît de plus caractéristique de cette céréale, ne croisant que peu avec les allergènes homologues du maïs, du riz, des haricots ou de la pomme de terre.

Une étude espagnole, rapportée par Geneviève Demonet dans ces colonnes s’était intéressée aux relations entre la réactivité cutanée et la réactivité bronchique dans l’asthme du boulanger chez 24 patients espagnols avec la conclusion suivante :

« Le degré de sensibilisation aux allergènes professionnels, déterminé par la réactivité cutanée, est le déterminant principal de la réponse bronchique à l’allergène, modulée à un moindre degré par l’hyperréactivité bronchique non spécifique, chez les patients ayant un asthme du boulanger.  »

Même si de louables efforts en matière de prévention ont été accomplis (http://www.inrs.fr/htm/l_institutio...) la connaissance des allergènes en cause n’avait que peu progressé ces dernières années…

Tout récemment, Stéphane Guez se faisait l’écho d’une étude concernant la farine de seigle, mais les allergènes « respiratoires » de la farine de blé restent peu étudiés.

La farine est la première cause d’asthme professionnel en France : parmi les professionnels qui déclarent leur maladie, 1 sur 4 est un boulanger !...

Le recombinant de cet inhibiteur de la sérine protéase du blé nous permettra, dès qu’il sera disponible, d’améliorer donc notre compréhension de l’allergie à la farine de blé ; des avancées similaires concernant d’autres allergènes de la farine nous permettront d’améliorer non seulement notre compréhension, mais aussi notre diagnostic et notre prise en charge.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel