Prévention de l’asthme chez les enfants à naitre : poissons gras chez les futures mamans ?

mardi 7 octobre 2008 par Dr Alain Thillay1857 visites

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Prévention de l’asthme chez les enfants à naitre : poissons gras chez les futures mamans ?

Prévention de l’asthme chez les enfants à naitre : poissons gras chez les futures mamans ?

mardi 7 octobre 2008, par Dr Alain Thillay

Nombres d’études ont montré l’intérêt d’une supplémentation nutritionnelle en acides gras polyinsaturés de type oméga 3 dans la prophylaxie de maladies aussi différentes que les maladies cardio-vasculaires, les maladies cancéreuses ou la dépression nerveuse…Qu’en est-il de l’effet de cette supplémentation en fin de grossesse sur la prophylaxie de l’asthme dans la progéniture ? C’est tout le sujet de cette étude danoise.

Apport en huile de poisson comparé à un apport en huile d’olive en fin de grossesse et asthme dans la descendance : étude de suivi sur 16 ans randomisée contrôlée basée sur le registre de déclaration des maladies. : Olsen SF, Østerdal ML, Salvig JD, Mortensen LM, Rytter D, Secher NJ, Henriksen TB.

Maternal Nutrition Group, Department of Epidemiology Research, Statens Serum Institut, Copenhagen

dans Am J Clin Nutr. 2008 Jul ;88(1):167-75

 Historique :

  • Des données suggèrent que l’asthme s’enracine dès le stade in-utéro et que l’apport durant la grossesse en acides gras polyinsaturés d’origine marine dits oméga 3 a des effets immunomodulateurs sur l’enfant.

 Objectif :

  • Notre objectif était de rechercher si l’augmentation des apports maternels en oméga 3 durant la grossesse peut affecter la descendance pour le risque d’asthme.

 Méthode :

  • En 1990, un échantillon de population de 533 femmes ayant des grossesses normales a été réparti au hasard pour recevoir quatre capsules de gélatine contenant de l’huile de poisson fournissant 2,7g d’oméga 3 (n = 266) , quatre gélules d’aspect similaire contenant de l’huile d’olive (n = 136) ou sans huile (n = 131).
  • Les femmes ont été recrutées et réparties au hasard autour de 30 semaines de grossesse. Il leur a été demandé de prendre les capsules jusqu’à l’accouchement.
  • Parmi les 531 enfants nés vivants, 528 ont été identifiés dans les registres et 523 étaient encore en vie en août 2006.
  • Les diagnostics selon la codification internationale des maladies version 10 ont été extraits d’un registre obligatoire dans lequel étaient notés les diagnostics signalés par les hôpitaux.

 Résultats :

  • Pendant les 16 années qui se sont écoulées depuis l’accouchement, 19 enfants des groupes huile de poisson et l’huile d’olive ont été diagnostiqués comme ayant eu une maladie liée à l’asthme, 10 ont eu le diagnostic d’asthme allergique.
  • Le taux de risque de l’asthme a été réduit de 63% (IC 95% : 8%, 85% ; p = 0,03), tandis que le taux de risque de l’asthme allergique a été réduit de 87% (IC 95% : 40%, 97% ; p = 0,01) pour l’huile de poisson par rapport à l’huile d’olive.

 Conclusion :

  • Dans l’hypothèse où l’apport en huile d’olive à la dose prescrite ici est sans effet, nos résultats suggèrent qu’une augmentation des apports en oméga 3 en fin de grossesse peut apporter un important potentiel prophylactique de l’asthme dans la descendance.

Ce n’est pas nouveau, nous le savons tous, les acides gras polyinsaturés sont bons pour la santé !

Les huiles végétales issues du colza ou du tournesol apportent des oméga 6, l’huile d’olive apporte surtout des acides gras monoinsaturés, comme l’acide oléique, et peu d’acides gras polyinsaturés.

Les oméga 6 font baisser le cholestérol total alors que les acides gras monoinsaturés tendent à abaisser la fraction LDL du cholestérol. D’où l’intérêt de préparer vos vinaigrettes avec deux cuillères à soupe d’huile de nouveau colza et une cuillère à soupe d’huile d’olive.

Les huiles de poissons gras (surtout saumon, maquereau, sardine et thon) sont riches en oméga 3. Pour ces oméga 3, de nombreux travaux prouvent leur effet bénéfique dans la protection cardio-vasculaire, le développement du système nerveux central du nouveau-né, la diminution du risque du cancer de la prostate et même la dépression nerveuse.

Cette étude danoise cherchait à montrer que les oméga 3 administrés en fin de grossesse avaient un effet prophylactique de l’asthme chez la progéniture comparativement aux acides monoinsaturés et au placébo.

L’étude comportait trois bras de type 2 :1 :1, un bras oméga 3, un bras huile d’olive et un bras placébo.

Les auteurs ont inspecté sur 16 ans le registre de déclaration obligatoire des pathologies des jeunes patients sélectionnés à la naissance.

Dans le groupe Oméga 3 comparativement au groupe huile d’olive, le risque de toute pathologie liée à l’asthme est diminué de façon significative de 63% alors que celui de l’asthme allergique diminue de 87%.

Les résultats de ce travail vont dans le même sens que l’étude de Dunstan et al. Des femmes enceintes à risque atopique recevaient soit des oméga 3, soit de l’huile d’olive, la progéniture était examinée à l’âge d’un an. Les enfants du groupe oméga 3 avaient significativement moins de maladies de la série atopique que le groupe huile d’olive.

Ici, l’étude considère une population générale sans tenir compte du terrain atopique des femmes recrutées avec tous les biais de recrutement possibles. De plus, le taux des acides gras polyinsaturés n’est pas mesuré chez ces femmes. Nous sommes au Danemark, celles-ci n’ont-elles pas une alimentation déjà relativement riche en oméga 3 ?

On sait que l’alimentation dans les pays développés s’est appauvrie en acides gras polyinsaturés et particulièrement en oméga 3, il serait logique que cette carence relative soit responsable de l’augmentation de la prévalence de nombres de maladies.

Il restera à expliquer comment ces acides gras jouent un rôle dans la prévention de la maladie asthmatique et plus particulièrement de l’asthme allergique.

A mon sens, ces études sont un plaidoyer pour une alimentation équilibrée de la femme gestante d’autant plus si elles ont un risque atopique augmenté.

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